Un élève sur deux accuse un retard scolaire d’au moins un an en rhéto (infographie)
En Fédération Wallonie-Bruxelles, plus d’un élève sur deux sort de l’enseignement obligatoire ordinaire de plein exercice avec, au moins, un an de retard. Un constat interpellant favorisé, notamment, par l’un des plus hauts taux de redoublement parmi les pays membres de l’OCDE. Décryptage.
Publié le 28-02-2022 à 09h00
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En Fédération Wallonie-Bruxelles, un enfant entre en première année primaire l’année civile durant laquelle il atteint l’âge de 6 ans. Il devrait donc, après un parcours de douze ans, sortir logiquement de l’enseignement secondaire l’année de ses 18 ans. Mais c’est loin d’être le cas.
Le "retard scolaire" est l’un des indicateurs les plus symptomatiques de la santé fragile de notre enseignement.
Lors de l’année 2020-2021, ils étaient ainsi 28 257 élèves sur 51 511 inscrits en sixième année secondaire de l’enseignement ordinaire de plein exercice – c’est-à-dire en dernière année de l’enseignement obligatoire – à avoir "perdu" au moins une année durant leur parcours scolaire; plus d’un sur deux (54.9%)!
27,5% des élèves de rhéto (soit 14 145 d’entre eux) avaient même accumulé un retard égal ou supérieur à deux années scolaires.
Boule de neige
Outre ce constat, ce qui interpelle également est l’accélération du phénomène au cours des années d’étude, et plus particulièrement durant les deuxième et troisième degrés du secondaire: s’ils sont encore 84,5% à être "à l’heure" au moment de quitter l’enseignement primaire, ils sont toujours 74,7% à l’être en deuxième année du secondaire, mais ne sont plus que 47,2% en cinquième année.
D’ailleurs, si le nombre d’élèves en retard d’une année ne cesse de croître de façon relativement stable tout au long du parcours scolaire, un retard de deux années ou plus s’accélère nettement à partir de la troisième année secondaire: de 5,8% d’élèves concernés en fin de premier cycle du secondaire ordinaire de plein exercice, ils sont 13,1% dans le cas dès l’année suivante, 18,2% en fin de deuxième cycle et 25%, soit 1 élève sur 4, en début de troisième cycle.

École en chantier
Deux facteurs essentiels participent à l’ampleur du phénomène au sein de l’enseignement francophone en Belgique: le redoublement et le décrochage scolaire.
Face à cet état de fait, nombreux sont les chantiers visant à réformer notre enseignement, entamés depuis plus de vingt ans – et notamment le décret "Missions" du 24 juillet 1997 – dans le but précisément de réduire, le plus possible, ce retard scolaire.
Cette volonté du politique s’est encore accentuée ces dernières années avec la mise en place progressive des nombreuses réformes héritées du Pacte, visant à faire de l’école francophone en Belgique un "enseignement d’excellence".
Et il y a urgence! Car l’écart qui continue d’exister entre la réalité d’aujourd’hui et les ambitions pour demain, à la lueur des chiffres précités, apparaît considérable.