Retard scolaire: "Nécessaire d’accélérer la lutte contre le décrochage scolaire"
Facteur important du retard scolaire en Belgique francophone, le décrochage concerne, année après année, de plus en plus d’élèves.
Publié le 28-02-2022 à 15h00
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Ces élèves, qui se mettent délibérément en marge de l’enseignement qu’ils sont supposés suivre, le font pour certains par choix (par exemple lorsqu’ils prennent une année sabbatique afin d’effectuer un grand voyage en famille), pour d’autres par nécessité (c’est le cas notamment des enfants souffrant de phobie scolaire, ou refus scolaires anxieux en langage pédopsychiatrique).
S’il apparaît impossible de quantifier le nombre de jeunes Belges francophones en âge de fréquenter l’enseignement obligatoire et qui ne sont pas inscrits dans une école au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il existe certains indicateurs pouvant lever un coin du voile sur l’ampleur d’un phénomène particulièrement complexe à cerner.
Absentéisme
Selon des chiffres arrêtés en décembre 2021, 17 402 élèves étaient signalés en absence injustifiée, un nombre élevé qui trouve une partie de son origine dans les effets de la crise sanitaire.
" Mais c'est une problématique qui préexistait déjà à la crise", souligne Stéphanie Cortisse. La députée francophone (MR), très attachée à cette question, rappelle ainsi que la Fédération Wallonie-Bruxelles possède " l'un des taux de décrochage les plus élevés de tous les pays européens." Et si la réforme du Pacte vise à réduire celui-ci de 50%, "on constate au contraire une augmentation depuis le début de la crise de 36% à Bruxelles et de 45% en Wallonie".
Un constat qui, de plus, est probablement sous-évalué. "Car il ne tient pas compte des élèves ayant décroché pendant les sessions de cours à distance avec l'hybridation. Si la crise s'arrête demain, il faudra rattraper tout ça. Le décrochage qu'elle a créé risque de durer des années", craint ainsi Stéphanie Cortisse.
Abandon précoce
Autre indicateur à prendre en considération, le nombre d’élèves sortis prématurément de l’enseignement secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles au moment d’entamer l’année scolaire 2020-2021 était de 5 742 (dont 1 822 âgés entre 15 et 17 ans), soit 3,5%. Cela signifie donc qu’un élève sur 28 a quitté l’école avant l’obtention de son diplôme.
Attention toutefois: ce taux de sortie prématurée n’est pas systématiquement un signe ou le résultat d’un décrochage scolaire; un déménagement à l’étranger ou une inscription dans un établissement d’une autre communauté peuvent, par exemple, expliquer ceci. Mais cet indicateur permet d’approcher le phénomène d’abandon scolaire précoce.
Chantier numéro 13
Tel que la ministre Caroline Désir et son entourage l'ont déjà répété à de multiples reprises, le chantier numéro 13 du Pacte prévoit à ce titre d'intégrer "un plan de lutte contre le décrochage à l'échelle de la Fédération, en lien avec les Régions", reposant autour de trois axes: prévenir, intervenir, compenser.
L'idée poursuivie par ce plan est, notamment, structurée "par une dizaine de projets parmi lesquels la mise en place de cadres de coordination locale et zonale renforcés des multiples acteurs impliqués dans la lutte contre le décrochage", a récemment rappelé la ministre en réponse à la question parlementaire formulée justement par Stéphanie Cortisse, en commission de l'Éducation. "Cela suppose l'articulation complexe de nombreux intervenants et de plusieurs secteurs, particulièrement celui de l'Aide à la Jeunesse avec lequel la collaboration a d'ailleurs été entamée dans un groupe de travail centré sur les Services d'Accrochage Scolaire qui combinent leurs deux expertises".
La prévention et le reste
À cette occasion, Caroline Désir avait en outre rappelé les "nombreuses mesures en termes de renforcement des équipes éducatives et des CPMS prises à mon initiative pour soutenir et accompagner au mieux les élèves en difficulté".
Pour la députée à l'origine de la question parlementaire, " il est nécessaire d'accélérer ce chantier numéro 13 du Pacte ". Stéphanie Cortisse estime en effet qu'il apparaît nécessaire de rechercher " une meilleure coordination entre les acteurs" chargés de lutter contre le décrochage, ainsi qu'une "répartition bien répartie des tâches" que cela entraîne. Et si "des mesures de fonds ont été prises, celles-ci ne concernent au final que la dimension préventive au sein des écoles."