Ce jeudi, les profs ne seront pas les seuls dans la rue
L’ensemble des acteurs de l’institution scolaire observeront un mouvement de grève ce jeudi sur tout le territoire de la Fédération. Parmi eux, les secrétaires de direction, véritables gestionnaires administratifs des écoles.
Publié le 09-02-2022 à 09h00
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Ce 10 février, les femmes et les hommes qui manifesteront leur mécontentement sous les fenêtres de la ministre de l'Éducation et plus généralement de l'exécutif de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne seront pas tous des enseignants. Secrétaires de direction, économes, membres du personnel ouvrier ou des centres PMS et PSE, "tous les personnels de l'enseignement, toutes fonctions confondues" observeront une journée de grève ce jeudi. Car, plus que les profs, c'est l'école, dans son ensemble, qui souffre aujourd'hui.
Tous " ont fait jusqu'à présent beaucoup d'efforts", rappellent ainsi les syndicats, réunis en front commun pour l'occasion. "Malgré cela, ils n'ont obtenu aucune véritable reconnaissance ni aucune revalorisation de leur métier. D'autant plus durant ces deux dernières années, en pleine crise Covid, où chacun a fait preuve d'une adaptabilité exemplaire face aux difficultés du terrain."
«Déconsidérés»
Si les enseignants composent la part la plus fournie – la plus visible aussi – des acteurs de l’école, d’autres veulent profiter de l’occasion de cette grève pour faire entendre leurs revendications.
Parmi ceux-ci, l'on retrouve les secrétaires de direction, personnes essentielles au bon fonctionnement de l'école mais qui se sentent aujourd'hui "déconsidérées ". Dans une lettre ouverte adressée à la ministre, la FeSeDi (NDLR: qui regroupe les secrétaires de direction dans l'enseignement libre subventionné) souhaite "principalement de la reconnaissance de la part de tous ceux qui décident pour nous, Fédérations de PO, syndicats et Cabinet. Nous vous demandons une amélioration de notre statut ainsi qu'une revalorisation pécuniaire proportionnelle aux augmentations incessantes de notre charge de travail, de responsabilités et de professionnalisation de notre fonction."
Représentant la FeSeDi, Didier Wrincq explicite le propos: "Cela fait plusieurs années que notre barème est vraiment en deçà de ce que l'on effectue sur le terrain. Notre charge de travail a beaucoup augmenté, au point que nous sommes devenus de véritables gestionnaires administratifs au sein des écoles."
«Barème correct»
Il est vrai que leurs tâches, souvent variées mais rigoureuses, et pour lesquelles ils sont la plupart du temps les seuls formés, habilités, voire compétents, ont fortement augmenté avec l’introduction de certaines réformes du Pacte pour un enseignement d’excellence.
Cas le plus emblématique, celle du calendrier scolaire: "On nous impose désormais le même nombre de jours de travail que les directions durant l'été, pointe Didier Wrincq. De quoi augmenter d'une semaine la charge de travail durant cette période. Bon, on le faisait déjà pour certains, mais cela relevait d'un choix personnel et nous compensions avec des congés pendant le reste de l'année."
Dénonçant un manque de concertation en amont de cette décision, la FeSeDi avait dès lors demandé en fin d'année scolaire dernière à rencontrer la ministre. "Nous avons grâce à cela pu obtenir une revalorisation pour cette semaine supplémentaire. Mais ce que nous revendiquons, c'est une meilleure reconnaissance générale de notre travail", à travers "un barème correct".
Un autre métier
Souvent considérés dans leurs établissements comme des "cadres", au même titre que les directeurs et directeurs adjoints, les secrétaires de direction ne retrouvent cependant pas le caractère essentiel de leur rôle sur leur fiche de paye.
"Notre fonction relève au départ de la fonction d'éducateur, assortie d'un barème de sélection. En gros, avec une ancienneté de dix ans, un secrétaire de direction touche mensuellement 80 euros net supplémentaires." Pour une tâche administrative à cent lieues de la formation pédagogique reçue initialement. Un autre métier, donc. "Qui nécessite une formation obligatoire et qui relève de certaines conditions, précise Didier Wrincq. Un peu comme pour une fonction de direction adjointe, qui est occupée par un enseignant ayant suivi une formation spécifique. Sauf que, dans ce cas, si l'on compare le traitement d'un directeur adjoint avec celui d'un enseignant (NDLR: du degré inférieur du secondaire), il y a une différence de 450 à 500 euros mensuels."
Dès lors, ce que la FeSeDi réclamera jeudi, c'est une revalorisation barémique qui, "vu le nombre de personnes concernées, ne va quand même pas grever le budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles", souffle Didier Wrincq.
Mais "nous avons une nouvelle fois le désagréable sentiment que nous sommes indispensables à nos écoles et que notre fonction est essentielle mais que personne n'est prêt à le reconnaître", regrette encore la FeSeDi, évoquant les termes de " quantité négligeable" et "variable d'ajustement". Une réalité partagée par d'autres acteurs, comme eux, souvent plus effacés. Mais non moins essentiels au fonctionnement des écoles.