Pesticides: "L’information du ministre Clarinval est fausse", selon Nature et Progrès
Alors que le ministre Clarinval se félicite de la réduction des pesticides en Belgique, son analyse est démontée par Nature et Progrès.
Publié le 27-01-2022 à 06h00
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La réjouissance du ministre fédéral de l’Agriculture n’est peut-être pas à la hauteur de la réalité en ce qui concerne l’utilisation de pesticides en Belgique.
Sur base des données Eurostat, David Clarinval (MR) s'est félicité que "la Belgique se positionne de manière très positive dans sa gestion du risque lié à l'utilisation des pesticides."
Eurostat a ainsi publié les chiffres sur l'utilisation de pesticides dans l'Union en 2019 par comparaison à la période 2011-2013. Le ministre estime que "la Belgique n'a jamais sous-estimé le risque. " Ce qui permet de conclure que la Belgique a ainsi réduit de 35% l'utilisation de pesticides entre 2011-2013 et 2019.
À première lecture, on conclura que ces chiffres sont plutôt encourageants. Seulement, ils ne disent pas tout. Et le ministre le confirme peut-être lui-même dans son communiqué. Là où il se félicite d'une harmonisation de l'analyse, les associations environnementales voient le contraire. Voici ce que dit le communiqué du ministre: "Les indicateurs de risque harmonisés comprennent des estimations du risque lié à l'utilisation des pesticides sur la base de la teneur en substances actives et non pas uniquement en fonction de la quantité de ventes." Eurostat n'analyse donc pas – ou plus – le seul volume de pesticides. Les bons élèves de l'Europe en matière de pesticide sont plutôt déterminés en fonction de ceux qui privilégient des pulvérisations plus concentrées avec des produits plus actifs plutôt que des produits moins efficaces mais utilisés en volume plus large.
L'analyse du ministre fait bondir Marc Fichers, le secrétaire général de Nature et Progrès. "Le ministre Clarinval a un sacré culot. Dire que la Belgique diminue l'utilisation de pesticides alors qu'on est dans le trio de tête. C'est facile de diminuer quand on est grand consommateur."
Mais où l’environnementaliste voit rouge, c’est le régime d’exception dans lequel s’engage la Belgique. Alors que l’Europe a décidé d’interdire trois néonicotinoïdes en culture de plein champ, la Belgique a dérogé à cette interdiction en 2019, 2020 et 2021.
Le ministre Clarinval souhaite réitérer l'opération avec, cette fois, le Sulfoxaflor qui a également un impact négatif sur les abeilles. Ils sont d'ailleurs surnommés "les tueurs d'abeille." "C'est facile de diminuer l'utilisation de quantité de pesticides quand on déroge avec des produits en petites quantités." On l'a compris: ces produits sont hautement actifs et, à petites doses, ont un impact autant dévastateur sur la biodiversité. " Avant, on utilisait du soufre pour les maladies fongiques à raison de 4-5 kilos par hectares. Maintenant, il n'en faut plus que quelques centaines de millilitres." Bref, c'est comme boire un litre de bière ou un litre de whisky, le corps humain ne réagira pas de la même façon en fonction du taux d'alcool.
" L'information du ministre est fausse, soutient Marc Fichers. Ce qu'il faut, c'est mettre en avant des alternatives aux pesticides. Elles n'arrêtent pas d'apparaître mais elles ne se développent pas car elles n'ont pas de soutien du Fédéral."