Inondations: "Nous n’étions pas suffisamment prêts ni outillés"
Le ministre Philippe Henry a été auditionné par la commission d’enquête sur les inondations. La Wallonie n’était pas prête pour affronter une telle catastrophe, a-t-il expliqué.
Publié le 22-01-2022 à 06h00
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Philippe Henry se savait parmi les plus attendus et exposés à la commission d’enquête parlementaire sur les inondations. Le ministre écolo ne mesure pas les débits des cours d’eau, n’analyse pas les prévisions météo, ne lance pas les alertes crues et n’actionne pas les vannes des barrages. Mais c’est bien lui qui est à la tête de toute la chaîne de l’administration wallonne en charge de cela.
Le ministre est donc venu expliquer son rôle pendant la crise de juillet et a assumé sa part de responsabilité. Mais il la situe presque exclusivement en termes de communication, notamment dans les médias. Mais, a rappelé le ministre, au cœur d’une crise, sans le recul et les informations dont on dispose aujourd’hui, cela reste un exercice délicat.
"Il y a eu des informations parcellaires, parfois fausses, par méconnaissance ou à cause d'infos parcellaires. Cela concernait le déroulé de l'après crise, pas pendant la gestion de la crise. Mais j'en prends ma part de responsabilité", a indiqué Philippe Henry. Mais de là à accepter de se faire couper la tête…
Sans surprise, le PTB n'aurait pourtant pas refusé cette perspective. Le député Julien Liradelfo indiquant, qu'en Allemagne, un préfet d'un district touché par les inondations l'avait fait. Mais c'est faire fi du fait qu'un préfet (un peu comme un gouverneur chez nous) assume un rôle opérationnel lors d'une gestion de crise. Or, comme n'a pas manqué de le relever le ministre Henry, en Wallonie "le cadre institutionnel actuel ne prévoit pas de rôle pour la Région Wallonne – ni pour son gouvernement et ses ministres, ni pour son administration – en termes de planification d'urgence et de gestion de crise".
Comme l’a montré le travail de la commission d’enquête c’est sans doute là que le bât a en partie blessé. Sans compétences régionales en termes de planification d’urgence et de gestion de crise, l’administration wallonne a été comme assise entre deux chaises.
Il faut donc revoir les procédures – "qui ont été respectées" – qui ne sont pas adaptées à une situation de cette ampleur et "n'ont pas suffi pour protéger la population de la catastrophe climatique à laquelle nous avons été confrontés". Depuis six mois, avec son administration, il s'est attelé à déjà changer certaines choses et à enclencher d'autres changements, a-t-il détaillé aux députés. Il a notamment plaidé pour que les barrages wallons soient à l'avenir soumis à un système d'audit externe, mais aussi pour que les prévisions météorologiques et hydrologiques soient plus précises. "La crise a révélé des manques et des faiblesses tant au niveau de nos procédures que de nos infrastructures. Nous n'étions pas suffisamment prêts ni outillés pour faire face à l'improbable."
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