En Wallonie, les canettes tuent 3 000 bovins chaque année
La pollution aux canettes coûte cher aux agriculteurs. Les syndicats sont venus dire aux députés wallons qu’ils veulent une solution. La consigne?
Publié le 21-01-2022 à 06h00
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Chaque année en Wallonie, 3 000 bovins meurent à cause des canettes jetées dans les campagnes. L’estomac déchiré par les morceaux d’aluminium souvent broyé et transformées en lames de rasoirs lors des fauchages de bords de routes. C’est une perte sèche de l’ordre de 6 millions pour les éleveurs.
Ces données ahurissantes, ce sont les syndicats agricoles wallons, la FWA et la Fugea, qui les ont rappelées ce jeudi aux députés wallons dans le cadre de leurs débats sur la proposition de décret du cdH d’instaurer une consigne sur ces canettes métalliques ainsi que sur les petites bouteilles en plastique (voir aussi notre édition de ce jeudi). Cette consigne, les syndicats agricoles pensent que c’est une partie d’une réponse qu’il est urgent d’apporter. Car ces déchets n’occasionnent pas des coûts qu’aux seuls éleveurs. Tous les agriculteurs sont confrontés aux déchets sauvages, canettes et bouteilles plastiques étant le principal problème pour 70% d’entre eux. Ramasser ces déchets leur coûte entre 100 et 500€ par an, selon un sondage de la FWA. S’y ajoutent des pertes de rendement dans les cultures. José Renard, secrétaire général de la FWA, donnait ainsi en exemple les centaines de tonnes de pommes de terre qui sont refusées par les acheteurs (et donc détruites) parce qu’elles contiennent des déchets divers, dont des canettes et bouteilles en plastique.
Ce poids des chiffres et ce choc des photos de vaches mortes étouffées dans leur sang auront en tout cas renforcé le consensus politique sur la nécessité d’en finir avec ces déchets abandonnés dans l’espace public. Mais pour ce qui est de convaincre tous les députés du bien-fondé d’une consigne pour régler le problème, on n’y est pas encore.
D'un côté, le cdH défend évidemment sa proposition. À l'opposé, et même s'il dit ne pas apprécier de passer pour un "anti consigne", c'est le MR Olivier Maroy qui soulève le plus de doutes sur l'efficacité du système. Il n'a pas "fait sa religion", dit-il, et s'en réfère donc à sa "bible" qu'est la déclaration de politique gouvernementale. Celle-ci promet bien une consigne, mais à condition que son efficacité soit démontrée qu'elle ne pénalise pas d'autres secteurs (notamment la filière du recyclage via le sac bleu) et qu'elle soit viable économiquement.
Ces interrogations sont évidemment légitimes. Tout comme les idées qui ont émergé des débats: favoriser la vente en vrac, étendre la responsabilité des producteurs quant au coût des déchets sauvages (en 2023 une directive européenne le permettra) ou même interdire purement et simplement les canettes. Des idées à creuser sans doute. Sauf que, comme le disait Philippe Duvivier, le président de la Fugea, "cela fait 12 ans que le politique tourne en rond" sur cette question de la consigne et des déchets sauvages. Dont une partie du coût – qui ne cesse d'augmenter – est reporté sur le monde agricole.