Préavis de grève dans les écoles: "Vous dites qu’on est essentiel? Prouvez-le nous!"
Se sentant méprisés par une partie du pouvoir politique, les enseignants, ouvriers et membres du personnel administratif des écoles en ont assez, ils veulent être revalorisés. Les syndicats ont dès lors déposé en front commun un préavis et appellent à la grève le 10 février.
Publié le 20-01-2022 à 15h46
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Les derniers chiffres sont éloquents. Avec 14% d'absents, tant chez les élèves qu'au sein du personnel enseignant, l'institution scolaire subit de plein fouet la vague Omicron de l'épidémie de Covid. De quoi mettre les écoles à genou. Quelques jours (pour le secondaire), quelques semaines (pour le fondamental) après que les directions d'établissements scolaires aient manifesté leur désarroi sous les fenêtres de la ministre Désir, c'est donc au tour du personnel enseignant, ouvrier et administratif des écoles d'annoncer un vaste mouvement de grogne: "Cette crise qui perdure a mis le personnel des écoles sur les rotules", dénoncent ainsi, de concert, les différents syndicats du secteur.
Mais ce n'est pas face à la crise, ni même véritablement face aux mesures prises par les gouvernements pour gérer celle-ci que s'agacent aujourd'hui les syndicats. "En réalité, la crise a révélé toute une série de problèmes et de difficultés qui détériorent les conditions de travail du personnel dans les écoles", précise Adrien Rosman (Setca-SEL).
Marre du «mépris»
Considérés comme du personnel de première ligne dans cette crise, les enseignants, ouvriers et membres administratifs des écoles se sentent aujourd’hui démunis, pour ne pas dire méprisés.
"On nous répète sans cesse que maintenir les écoles ouvertes est essentiel, mais on ne nous a jamais donné les moyens de faire face à cela, dénonce Roland Lahaye (CSC-Enseignement). Nous n'avons jamais reçu de masques, alors que celui-ci est obligatoire. Les enseignants doivent se procurer eux-mêmes le matériel de protection pour pouvoir travailler. "
Plus qu’une casserole qui bout, la patience des syndicats s’apparente désormais à une marmite qui explose.
"Nous en avons assez du mépris de certains, expose encore Adrien Rosman. On nous parle de revaloriser le métier d'enseignant, mais on ne fait que se prendre gifle sur gifle."
Contexte général
Car tandis que la crise sanitaire rend particulièrement difficile le travail des enseignants dans les classes, des ouvriers dans les bâtiments et du personnel administratif dans les bureaux, ce sont les négociations sectorielles qui tardent à aboutir et l’embouteillage des réformes liées au Pacte pour un enseignement d’excellence qui ont fini par avoir raison de la patience des syndicats des secteurs concernés.
Invisibilisés
"Ce que l'on attend, c'est désormais que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles envoie un message fort, reprend Roland Lahaye. Ils nous disent que l'école est essentielle? Eh bien qu'ils nous le prouvent! Il y a une série de mesures temporaires qui avaient été prises l'année dernière pour aider les écoles et les enseignants face à la crise. Certaines de ces mesures viennent d'être prolongées dans le primaire. Il faut poursuivre dans cette voie."
"On nous dit essentiels, mais on n'est pas prioritaires, renchérit Adrien Rosman. Le politique prête ainsi l'oreille aux directions, mais pas aux enseignants. Les équipes pédagogiques sont rendues invisibles. Or, celles-ci sont, elles aussi, en première ligne, tout comme le personnel ouvrier et administratif. " Et donc, à leur tour, ils veulent être écoutés.
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