Réforme de la formation initiale des enseignants: satisfaisante à défaut d’être convaincante
Adoptée par une majorité de députés francophones réunis ce mercredi en séance plénière du Parlement, la réforme de la formation initiale des enseignants n’a pas (encore) répondu à toutes les questions. Elle entrera pourtant en vigueur dans moins d’un an.
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Publié le 02-12-2021 à 07h00
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Décriée depuis des mois par toute une série d'acteurs du secteur, lesquels l'estiment vidée de son sens et de sa substance, la réforme de la formation initiale des enseignants entrera pourtant bel et bien en vigueur lors de la prochaine rentrée académique, en septembre 2022 donc, suite à l'adoption du décret par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce mercredi.
Concrètement, le texte poursuit trois axes. D’abord, il prévoit l’allongement de 3 à 4 années d’études pour la formation de tous les enseignants du maternel et du tronc commun. Ensuite, il précise les domaines de compétences génériques à devoir développer par ces futurs enseignants en vue de répondre aux besoins de la mise en œuvre du Pacte pour un enseignement d’excellence. Enfin, il introduit au cours de la dernière année de formation un stage de longue durée à devoir réaliser au sein d’un établissement scolaire.
Une réforme attendue
"Cela fait 30 ans qu'on parle de cette réforme et que celle-ci était attendue, s'est réjouie Valérie Glatigny mercredi soir, à l'issue du vote. Elle est une composante nécessaire du Pacte pour un enseignement d'excellence et propose quelques ajustements à la réforme de 2019, laquelle avait déjà mis en évidence l'intérêt du passage de 3 à 4 années d'étude."
Parmi les ajustements opérés par la réforme votée ce mercredi, la ministre de l'Enseignement supérieur pointe "le stage de longue durée destiné à mieux préparer les étudiants au monde professionnel", ainsi que "la codiplomation, une première, qui va unir les différents établissements universitaires, d'enseignement supérieur et des arts."
Cette réforme, fruit de "milliers d'heures de concertation", est donc présentée comme un "point d'équilibre" devant tendre vers une amélioration de la formation initiale des enseignants, laquelle appellera nécessairement des mesures complémentaires.
«Un moindre mal», «pas la réforme de nos rêves»: ce qu’en pensent les syndicats
Si elle a du mal à convaincre, la réforme proposée apporte tout de même une certaine satisfaction aux yeux des acteurs du secteur.
"Nous sommes contents que cette réforme atterrisse, glisse Joseph Thonon (CGSP). Celle-ci a été modifiée, pas toujours dans le sens que l'on aurait souhaité, mais c'est un moindre mal vis-à-vis de ce qui se trouvait au départ sur la table."
"C'est vrai que ce n'est pas la réforme de nos rêves", admet pour sa part Pierre-Jean Delvoye (SLFP), lequel préfère y voir une sorte d'étape transitoire.
De nombreuses questions en suspens
Ce timide aval syndical s'explique, notamment, par les nombreuses interrogations qui subsistent. Au-delà des "doutes" qu'il affiche sur la capacité de mise en place de la réforme dès la rentrée 2022, Joseph Thonon relève ainsi "les nombreuses questions dont nous n'avons pas encore la réponse".
"Il reste un certain nombre de choses à devoir concerter et clarifier dans les organes ad hoc, nous serons d'un point de vue syndical particulièrement attentifs à cela", poursuit Pierre-Jean Delvoye, évoquant notamment la délicate question des barèmes et la nécessité de faire bénéficier tout enseignant détenteur d'un master du barème 501.
"Nous souhaitons évidemment que tous les enseignants soient formés de la même manière et puissent dès lors bénéficier du barème 501, corrobore Joseph Thonon. On sait que c'est impossible pour l'instant. On procède donc petits pas par petits pas et on va négocier à présent un barème intermédiaire."
"Mais attention toutefois au risque d'embouteillage au sein du groupe de pilotage de la réforme", prévient encore Pierre-Jean Delvoye.