Procès des attentats | De la Syrie à Bruxelles : Le parcours du combattant
De la Syrie vers Bruxelles: un enquêteur belge a retracé le parcours d’un trio de djihadistes dont Osama Krayem et Sofien Ayari.
Publié le 01-12-2021 à 18h08
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Les retours des combattants depuis la Syrie vers la Belgique relèvent d'un enchaînement de stratégies afin de passer de frontière en frontière. Ce mercredi, un enquêteur de la police fédérale belge a retracé le retour commun de Osama Krayem, Sofien Ayari et Omar Darif. Dans ce dossier des attentats de Paris, Omar Darif figure parmi les absents du procès. Vraisemblablement, il aurait été tué en zone irako-syrienne en juillet 2017. Darif est considéré comme l'artificier des attentats de Paris. La veille des attaques dans la capitale française, il avait pris le chemin du retour vers la zone de combat. Au cours d'une audition, Osama Krayem avait dit de lui qu'il "devait expliquer la fabrication des explosifs et retourner. C'était sa mission."
Krayem, Ayrai et Darif étaient donc en "zone" au même moment. Ils prennent un chemin commun jusqu'à Bruxelles. Si Daech battait campagne pour attirer des combattants, la sortie officielle de l'État islamique n'est pas envisageable sans l'accord des dirigeants et des émirs. Se connaissaient-ils avant leur départ, ils ont affirmé que ce n'était pas le cas. Osama Krayem dit avoir fait connaissance de Ayari sur " l'île militaire grecque. J'ignorais qu'il était membre de l'État islamique. " C'est en septembre 2015 que les trois djihadistes quittent la Syrie pour la Turquie. Première étape: Gaziantep. Ayari déclare "c'est moi qui ai pris la décision de partir. Pour le reste, je ne réponds pas." Mais il ne veut pas retourner en Tunisie, son pays, par peur de s'y faire arrêter. "Il a quitté la Syrie avec un autre objectif," assure l'enquêteur. Sur ce point, l'enquêteur est repris par l'avocat de Ayari, Me Maalaaoui: sur quoi se base l'enquêteur pour tirer ce type de conclusion? Pas de réponse.
Pour Krayem, c’est sa famille qui lui manquait. Du moins dans sa déclaration aux enquêteurs. Il affirme aussi avoir des divergences, à ce moment, avec certains dirigeants de l’État islamique. Les trois accusés passent par Izmir. Ils sont ensuite tous les trois photographiés le 20 septembre 2015 sur l’île de Leros, lieu de passage de milliers de migrants. Le 21 septembre, un profil Facebook est localisé en Grèce. Des recherches sur leurs téléphones portables ciblent des informations sur des sites suédois à propos des peines encourues pour les terroristes; Osama Krayem étant suédois. C’est à partir de Lesbos que le parcours sera commun jusqu’à Bruxelles. Trois tickets de ferry seront réservés le 23 septembre par Darif pour aller de l’île vers le Pirée, le port d’entrée à Athènes.
Salah Abdeslam vient les récupérer à 650 km de Bruxelles
Le 27 septembre, le compte Facebook de Darif est activé en Autriche. Le lendemain, à Vienne, Krayem réceptionne des mandats de Western Union. Le trio poursuit sa route vers Munich où des recherches internet sont effectuées sur des restaurants, des trains ou même une blanchisserie. Deux chambres d’hôtel sont ensuite réservées à l’Ibis d’Ulm. Et c’est à ce moment que Salah Abdeslam entre dans la stratégie de retour. Le Molenbeekois prendra la route pour effectuer les 650 km qui séparent Bruxelles d’Ulm afin de récupérer le trio désormais titulaire de fausses cartes d’identité belges.
Krayem avait déclaré vouloir retrouver sa famille. Pourquoi aller jusqu'à Bruxelles plutôt que de remonter directement de l'Allemagne vers sa ville de Malmö? Le Suédois aurait répondu aux enquêteurs: "C'est une question très intelligente. Je ne sais pas répondre. À l'époque, je fais ce choix parce que je pensais que c'était le mieux…"
Par la suite Ayari sera arrêté avec Salah Abdeslam le 18 mars 2016. Quant à Krayem, il était candidat à un attentat suicide dans le métro bruxellois le 22 mars. Mais ce jour-là, il avait rebroussé chemin en dernière minute.
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