Handicap: "Si au lieu de voir la chaise roulante, on voyait d’abord la personne"
Unia soutient l’autodétermination et estime que l’avis des personnes handicapées est trop peu pris en compte.
Publié le 09-11-2021 à 11h23
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En décembre, Unia (ex-Centre pour l'égalité des chances) remettra son rapport en vue de la 2e évaluation de la Belgique au regard de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. Unia est l'organisme indépendant chargé de veiller à l'application du texte, ratifié par la Belgique. "Le terme d'autodétermination n'est pas inscrit tel quel dans la Convention mais le premier principe est le respect de l'autonomie individuelle, y compris la liberté de faire ses propres choix", note Unia.
La première évaluation de la Belgique en 2014 ne fut pas bonne. Le Comité ONU a pointé le non-respect du principe d'inclusion dans plusieurs domaines. Un exemple: la capacité juridique. "La loi 2013 part du principe que la personne handicapée est capable. Bien. Mais elle prévoit encore la possibilité de se faire représenter. Il faudrait plutôt prévoir une assistance."
Les choses ont-elles évolué depuis? "Dire qu'il n'y a pas eu d'évolution serait injuste mais dire que tous les droits sont respectés serait injuste aussi", résume Unia pour qui "l'avis des personnes en situation de handicap n'est toujours pas suffisamment pris en compte".
Pour Unia, l'autodétermination se heurte à la vision du handicap: "une vision médicale et non sociale comme le prône la Convention. La personne handicapée est un sujet de droits. Or, on estime d'emblée qu'elle n'est pas capable…"
C'est un changement de paradigme "qui prendra du temps, dit Unia. Si au lieu de voir la chaise roulante, on voyait d'abord la personne. Si on parlait de la capacité avant l'incapacité."
Sensibiliser aux droits
Selon Unia, le premier levier est la sensibilisation aux droits. "Les personnes elles-mêmes ne connaissent pas toujours leurs droits et s'épuisent à les faire valoir." Unia relève en outre la problématique de la "réorientation systématique vers les institutions": "Ces personnes sont dépossédées de leurs droits par la culture institutionnelle. Même dans les lieux de vie individuels, on organise les levers, les couchers,… C'est paradoxal!"
Néanmoins, il y a des avancées, dit Unia: l'inscription récente dans la Constitution du droit à l'inclusion, le plan fédéral handicap ou encore l'ouverture vers une reconnaissance de l'assistance sexuelle,… "Il y a des ministres, des lois volontaristes mais la mise en œuvre laisse à désirer, en raison du manque de moyens, de l'image, estime Unia. Arrêtons d'investir dans ce qui ségrègue pour favoriser l'inclusion et l'autodétermination". Le bulletin final de l'ONU sur la Belgique est attendu pour 2023.