Un premier contrat de gestion pour WBE qui sort de l’ombre
Deux ans après être sortie de terre, la structure publique appelée à piloter le réseau d’enseignement organisé par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) vient de franchir une étape importante dans son développement.
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Publié le 28-10-2021 à 13h45
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L’exécutif francophone a signé ce jeudi le tout premier contrat de gestion de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), définissant ainsi les grands axes que va poursuivre, d’ici la mi-2023, cet acteur majeur de l’enseignement en Wallonie et à Bruxelles.
Isabelle Mazzarra, fraîchement nommée à la tête du Conseil d'administration de la structure créée lors de l'été 2019, présente: «Ce contrat de gestion fixe en quelque sorte le cadre de l'institution. C'est le résultat d'interactions qui ont pu se réaliser tant au sein du conseil d'administration qu'avec les différents acteurs concernés: le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, WBE, le Gouvernement et le ministre de tutelle Frédéric Daerden. Nous avons très vite obtenu un accord sur les grands axes à donner à ce contrat.»
Répondre à une nécessité

«Un élément important de ce contrat de gestion est que le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et WBE reconnaissent, ensemble, la nécessité d'organiser un enseignement public, de qualité, diversifié et qui s'adresse à tous, pointe Julien Nicaise, l'administrateur général de la structure. Nous avons la particularité d'être le plus grand pouvoir organisateur (PO) sur le territoire et nous organisons l'ensemble de tous les services de l'enseignement, depuis le maternel jusqu'au supérieur en passant par la promotion sociale, par nos internats, ou encore par nos centres PMS. Toute l'offre est présente chez nous et se fonde sur le principe de neutralité. »
Toute l’offre est présente chez nous et se fonde sur le principe de neutralité.
Parmi les priorités données aux grands axes à poursuivre, la complétude de la mise en place de WBE est évidemment essentielle.
Gratuité et numérique
«Nous avons par exemple pointé ce qui a trait à la gratuité de l'enseignement, poursuit Julien Nicaise. L'idée est de maintenir au maximum un enseignement gratuit, de n'avoir des frais supplémentaires à demander aux parents que dans les cas où ça se justifie (NDLR: des plafonds de montants sont à cet égard édictés dans certains textes de loi), mais aussi d'amplifier notre politique sociale et d'accessibilité, c'est-à-dire de tenir compte des différents publics que l'on accueille avec, notamment, la mise en place de mécanismes de solidarité.»
L’idée est d’amplifier notre politique sociale et d’accessibilité.
L'administrateur général cite également le numérique: «L'objectif est de poursuivre la numérisation de nos écoles qui vont passer en "one-to-one", cela veut dire "un ado, un device" (NDLR: un ordinateur, une tablette numérique, etc.). Une dizaine de nos écoles sont entrées dans la dynamique l'année dernière et on compte bien sûr ne pas s'arrêter là.»

Visibilité et transparence
À travers ce contrat de gestion, l'objectif est également de renforcer la visibilité de WBE comme acteur à part entière de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles: «Ce n'est pas du marketing, on a travaillé sur un vrai contenu», appuie Isabelle Mazzarra. Et la volonté affichée avec ce contrat, «c'est aussi de montrer la nouvelle gouvernance qui a été mise en place au sein de la structure. En ce sens, WBE et son Conseil d'administration ont pu véritablement avoir voix au chapitre dans le processus d'élaboration de ce contrat».
Si ce contrat va nécessairement apporter plus de visibilité, il a en outre pour objectif d'accroître la transparence qui entoure le pilotage du réseau d'enseignement organisé par la Fédération. «En tant qu'organisme public, on doit pouvoir rendre des comptes, notamment au Gouvernement, rappelle ainsi Julien Nicaise. C'est le principe même du contrat: on se met d'accord sur un certain nombre de choses que l'organisme va faire pour compte du Gouvernement. Mais on est soumis à toute une série de contrôles.»
En tant qu’organisme public, on doit pouvoir rendre des comptes.
Un acteur de la société
Isabelle Mazzarra reprend: «Au-delà des missions légales et plus spécifiques de WBE, ce contrat de gestion l'entraîne dans une véritable participation à notre société, au travers de problématiques plus transversales. Il peut ainsi réaffirmer ses missions à travers des objectifs qui concernent d'autres organisations que WBE, comme les inégalités sociales, les inégalités de genre, les enjeux de la transition écologique, etc.»

En d'autres termes, ce contrat de gestion permet à WBE de «sortir du cadre de l'école seul» pour le placer «au cœur des enjeux de société». «Avec une attention particulière pour le bien-être, pas seulement des personnels de la structure, mais aussi des écoliers et des étudiants. C'est en quelque sorte une nouvelle culture d'entreprise qu'on essaye d'instaurer».
C’est en quelque sorte une nouvelle culture d’entreprise qu’on essaye d’instaurer.
L’exemple de la gestion des inondations
«Cela revient par ailleurs à réaffirmer notre rôle de service public, y compris donc dans des missions qui sortent de notre périmètre de base, ajoute Julien Nicaise. Nous avons par exemple récemment mis à disposition nos internats et nos cantines pour aider les sinistrés lors des inondations de l'été dernier. On est un très gros PO, très étendu, mais si on parvient à transformer cette masse en une véritable opportunité, alors on parviendra à régler des problèmes de société. Et donc de faire de notre taille, souvent perçue comme source de lourdeurs, une réelle force.»
Faire de notre taille une réelle force.

Frédéric Daerden, qu’est-ce qui fait, au fond, la particularité de WBE?
«C'est un pouvoir organisateur (PO) de pluralité, un PO ouvert, qui a cette spécificité de toucher l'ensemble des publics, qui a un autre regard qu'avant, une autre visibilité qu'avant et une autre potentialité qu'avant, parce qu'il est désormais séparé du pouvoir régulateur (NDLR: exercé par la ministre de l'Éducation).»
Et que représente la signature du contrat de gestion pour Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) et l’enseignement qu’il organise?
«Il s'agit avant tout d'une étape importante qui symbolise la mise en place de l'institution. Je crois que c'est une bonne chose, car ça lui donne une responsabilité, mais aussi une visibilité différente de celles dont elle bénéficiait auparavant. Ça ne va pas entraîner le bouleversement de l'offre d'enseignement, mais c'est un bouleversement de visibilité.»
Ce premier contrat de gestion s’est donné une échéance courte: juin 2023. Pourquoi?
«C'est un premier contrat qui est cours, mais qui permet d'exister et de véritablement lancer WBE. Mais on va réfléchir dès à présent déjà au suivant. La mise en œuvre de ce premier contrat est l'occasion de poursuivre l'organisation de la structure, à travers notamment la mise en place et la consolidation de son staff, mais aussi à travers la thématique des bâtiments liés à WBE qui, pour l'instant, sont en partie gérés par la Fédération et les sociétés publiques d'administration des bâtiments scolaires (Spabs) et pour lesquels on doit affiner la façon dont ils seront gérés demain et dont ils seront largement rénovés.»
Le fait de pouvoir mieux identifier le PO que représente aujourd’hui WBE va-t-il encourager les échanges, voire peut-être des rapprochements avec les autres acteurs de l’enseignement?
«Le fait que l'on identifie WBE en tant que tel va peut-être permettre plus facilement qu'hier de créer des synergies avec, pourquoi pas, les autres PO, que ce soit au niveau des bâtiments ou de certains cursus (NDLR: certaines synergies se font déjà, par exemple au niveau des pôles territoriaux, chargés de réorganiser l'enseignement spécialisé, pour lequel WBE est aujourd'hui particulièrement reconnu). On a tous intérêt tous à ce que ce PO dialogue un maximum avec les autres PO.»
Au final, quel est le meilleur atout dont ce premier contrat de gestion dote WBE?
«L'élément essentiel, c'est qu'il existe. Ça traduit la volonté d'autonomie de ce PO, avec des objectifs dont le principal est d'être le PO de service public, que l'on peut ensuite décliner sous différentes facettes. L'autonomie de ce PO se concrétise par ce contrat de gestion qui permet de lancer véritablement l'institution. Ça lui confère, je pense, un potentiel de nouvelles dynamiques. C'est un tremplin pour l'avenir.»