Nos universités «se décolonisent»: de quoi «renforcer nos politiques d’inclusion»
Le groupe de travail CRef-VLIR chargé d’analyser la question de la décolonisation au sein de nos universités a rendu son rapport final ce mercredi.
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- Publié le 28-10-2021 à 06h00
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Dans la foulée des événements de juin dernier et de l'émergence du mouvement Black Lives Matter, les universités belges avaient mis sur pied ce groupe de travail destiné à analyser «le rôle que les universités peuvent jouer au niveau de la décolonisation», a rappelé mercredi son président, le professeur Idesbald Goddeeries (KULeuven). L'idée, en trois temps, consistait d'abord à réaliser «l'inventaire des initiatives qui existent à l'heure actuelle», d'amener ensuite «une réflexion émanant d'experts extérieurs» aux universités et de rédiger enfin «un rapport final sur le sujet».
C’est précisément ce dernier qui a été remis aux différents représentants des onze universités de Belgique, Annemie Schaus pour le Conseil des recteurs des universités francophones (CRef) et Rik Van de Walle pour le Vlaamse interuniversitaire Raad (VLIR).
Un concept multiple
«La première tâche a été de définir ce qu'est ce concept de décolonisation», dévoile Romain Landmeters, l'un des experts ayant participé à l'élaboration du rapport. «Car le concept peut se définir de différentes manières. Il y a d'une part celle qui renvoie au processus historique qui a conduit à l'indépendance politique des colonies après la Seconde Guerre mondiale. Mais certaines études appellent d'autre part à la décolonisation de l'esprit, c'est-à-dire à mettre un terme à des schémas de pensée et attitudes spécifiques qui remontent ou sont associés au passé colonial.»
En outre, l'expert évoque la dimension d'«héritage culturel », qui questionne le rapprochement que l'on peut opérer entre le passé colonial et la discrimination ou le racisme dont sont victimes, aujourd'hui, certaines personnes issues de l'immigration: « La décolonisation ne peut donc être dissociée de la notion de diversité», estime-t-il. Le processus de décolonisation de nos universités représente en outre «un processus continu, une remise en question de structures profondément ancrées», conclut le chercheur du FNRS.
Un état des lieux
Le groupe de travail piloté par le Professeur Goddeeris s’est donc attelé depuis des mois à recenser toute une série d’initiatives que les universités belges ont menées en ce sens tout au long de ces dernières années.
«Certaines ont par exemple créé des groupes de travail, en fonction des relations historiques qu'elles ont développées sur le sujet ou du patrimoine matériel dont elles disposent. D'autres ont mis sur pied des initiatives à destination du grand public (ex.: l'ULB et son exposition Notre Congo: la propagande dévoilée en 2016) ou fait appel à des contributions extérieures (ex.: l'UMons a fait appel au Mumons afin de contextualiser une statue de Léopold II présente sur le campus).»
En matière d'enseignement aussi, certaines universités ont mis en place «des cursus spécifiquement dédiés à l'apprentissage des langues et civilisations africaines» ou «à l'histoire précoloniale de l'Afrique au travers de différents programmes de cours».
Par ailleurs, et sur invitation de la ministre de l’Enseignement obligatoire Caroline Désir, un groupe d’experts universitaires a pris part à la réalisation du nouveau référentiel en histoire et géographie.
Enfin, d’autres initiatives telles que des bourses d’étude ou des coopérations avec des universités étrangères ont également pu être relevées.