Formation initiale des enseignants: ils ne veulent pas d’une réforme «bradée»
Les acteurs du monde de l’enseignement sont nombreux à rejeter l’actuelle mouture d’une réforme pourtant essentielle à la mise en œuvre du Pacte d’excellence: celle de la formation initiale des enseignants. Ce mercredi, ils ont rencontré la ministre de l’Enseignement supérieur chargé de mettre en application cette réforme, Valérie Glatigny, afin de faire étal de leurs griefs.
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- Publié le 20-10-2021 à 07h00
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D'abord envisagée sur 5 ans, soit deux de plus qu'à l'heure actuelle, la formation initiale des enseignants devrait, selon le texte approuvé début septembre par le gouvernement, finalement passer de 3 à 4 ans lors de la rentrée prochaine, à condition que la réforme passe l'écueil du vote parlementaire.
Or, cette réforme qui concerne l’ensemble des futurs étudiants se prédestinant à une carrière dans l’enseignement fondamental ou secondaire inférieur est, en l’état, imbuvable pour bon nombre d’acteurs du secteur.
Réforme «bradée»
«Vidée de sa substance», «désespérante»: les avis sur la question sont en effet tranchés.
«Nous demandons qu'une véritable rupture soit opérée dans la manière d'aborder les apprentissages, a ainsi rappelé le Setca-Sel. Comment peut-on envisager la diversité des approches pédagogiques si l'on ne donne pas l'occasion de les mettre en œuvre via une véritable formation par la pratique et pas une formation sur le tas?»
Évoquant une réforme en tout point «bradée», l'organisation syndicale estime notamment qu'il est impossible de «faire en 3 ans et demi ce qui ailleurs se fait en 5 ans» et dénonce «le mépris» ressenti suite à l'annonce, faite fin septembre, de Pierre-Yves Jeholet, lequel avait exclu une relavorisation salariale malgré l'augmentation de la durée d'études.
«Nous rappelons que l'accord sectoriel 2019-2020 prévoyait la mise en place d'un groupe de travail qui devait étudier la faisabilité et les modalités de mise en œuvre d'un nouveau barème, poursuit le Setca-Sel. Ce groupe ne s'est jamais réuni! Nous demandons que les discussions soient entamées dès cette législature.»
«Peu de réponses»
Trois semaines après s’être fendus d’une lettre ouverte au vitriol à destination des présidents de partis politiques et membres du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, acteurs de l’enseignement supérieur, organisations syndicales et défenseurs des Droits de l’Enfant se sont donc réunis, hier soir, avec la ministre Glatigny.
«Nous avons pu déposer nos doléances, mais nous avons reçu peu de réponses à nos questions», grimaçait-on du côté du Setca-Sel, à la sortie de la réunion.
Le stage de fin d’études révisé?
Le projet de réforme prévoit notamment un stage de longue durée placé en fin de cursus. Une idée rejetée par les différentes organisations syndicales, lesquelles lui préfèrent un mélange de théorie et de pratique tout au long du cursus afin de pouvoir mieux accompagner les futurs enseignants.
«À la question de savoir s'il était possible d'aménager le texte sur ce point, la ministre n'a pas dit non, admet le Setca-Sel. Mais on attend de voir à présent ce qui va se passer. Nous n'avons pas reçu beaucoup plus de réponses en ce qui concerne la revalorisation des barèmes. La ministre nous a dit qu'elle n'était pas en charge de ce volet et qu'elle devait donc chercher mandat auprès du gouvernement» avant de pouvoir éventuellement ouvrir la discussion.
Nécessaire adhésion
Du côté du Cabinet de la ministre Glatigny, on explique que celle-ci «a écouté attentivement les revendications de différents acteurs» et qu'elle «relaiera celles qui ne sont pas de ses compétences au Gouvernement et aux autres ministres compétents.»
Le Setca-Sel rappelle pourtant: «Cette réforme est une condition de réussite du Pacte d'excellence. Mais si elle ne recueille pas l'adhésion du terrain, elle ne permettra ni de valoriser le métier, ni d'accrocher les jeunes, pas plus que de lutter contre les inégalités ou le décrochage.»
Cette réforme est une condition de réussite du Pacte, mais elle ne recueille pas l’adhésion du terrain.
Or, jusqu’ici, peu sont les acteurs du secteur ayant affiché leurs réjouissances devant l’actuel projet de réforme. Et dans le chef des autres, c’est un rejet catégorique que semble inspirer le texte.
Au moins, si les acteurs de l’enseignement n’ont pas reçu les réponses espérées, l’exécutif, lui, a pu mesurer l’ampleur de la tâche qui consiste à convaincre ces derniers avec le texte qu’il a récemment approuvé.