Le premier aspirateur de déchets flottants
L’organisation River Cleanup a installé un premier «aspirateur» sur un canal anversois. Objectifs: nettoyer et sensibiliser.
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- Publié le 20-01-2021 à 17h56
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Bon, on ne va pas se mentir: On pourrait mettre 10, 100 ou même 1 000 River Skimmer sur tous les cours d’eau de la planète, ce n’est pas ce qui annulera la pollution.
On ne va pas pour autant jeter cette innovation technologique présentée pour la première fois en situation réelle hier à Anvers avec l’eau du bain. D’abord parce que ce River Skimmer – sorte d’aspirateur semi-flottant qui fonctionne selon le même principe que les skimmers de piscines – est capable de filtrer 800 m3 d’eau par jour. Ce qui, sur le canal de l’Oostkaai à Merksem (Anvers) où il a été placé, devrait lui permettre de piéger 15 à 20 kg de déchets flottants chaque semaine (surtout du plastique). Quand on sait que 80% des 8 milliards de kilos de plastique qui finissent leur course dans les océans transitent par les cours d’eau, les River Skimmer les plus gourmands n’y suffiront jamais.
Mais là n'est sans doute pas l'intérêt essentiel de cet avaleur de détritus: «Cette technologie, c'est aussi un outil de sensibilisation des populations», indique Kevin De Backer, membre de River Cleanup. Le jeune homme a d'ailleurs rejoint récemment l'organisation créée en 2017 par l'Anversois Thomas de Groote après avoir assisté à une démonstration de ce système de récupération des déchets. «Je savais évidemment que les cours d'eau étaient pollués, dit-il. Mais en voir récupérés en telles quantités m'a ouvert les yeux.»
River Cleanup, qui organise déjà chaque année des journées de nettoyage de cours d’eau à travers le monde, espère donc le même effet sur un maximum de personnes. Raison pour laquelle ce sont les cours d’eau qui charrient le plus de déchets qui sont équipés en priorité de ces appareils. Avec les autorités du port d’Anvers, l’Oostkaai, qui voit débouler dans son étroit goulot les déchets charriés par l’Escaut et le Canal Albert, a été choisi pour cette raison. Mais deux autres endroits sont déjà à l’étude à Anvers.
Et ailleurs en Belgique? Un projet est en cours à Gand et un autre en discussion pour le Canal de Bruxelles. En Wallonie, rien n’est encore prévu, même si une démonstration du système a été réalisée l’an dernier à Namur.
Mais les plus gros chantiers de dépollution, c’est à l’étranger que l’organisation ambitionne de les mener. River Cleanup a ainsi pour projet de nettoyer la rivière Ishem en Albanie et les fleuves Wouri au Cameroun et Citarum en Indonésie. Rien de moins que les trois cours d’eau les plus pollués de la planète et qui, ensemble, charrient chaque année des millions de déchets.
Si des River Skimmer sont déjà installés dans sept pays, ce ne sera pas seulement cette technologie qui sera utilisée dans ces trois cas. Vu l’ampleur du chantier, ce sont des systèmes de barrages et d’aspiration mobiles qui seront utilisés.