SONDAGE | Seule une moitié de Belges francophones compte se faire vacciner
Parmi les Belges francophones, seuls 52% comptent se faire vacciner, selon le sondage Dedicated. Les jeunes sont les plus frileux. Réaction de l’épidémiologiste Yves Coppieters et témoignage d’un «vaccino-sceptique».
Publié le 21-12-2020 à 06h00
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La campagne de vaccination contre le Covid-19 débutera tout prochainement. L’institut de sondage Dedicated a interrogé les Belges francophones sur leurs intentions en la matière.
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Comptez-vous vous faire vacciner?
Dans l’ensemble de l’échantillon, un peu plus de la moitié (52%) des sondés compte probablement ou certainement se faire vacciner. À noter également que 12% ne savent pas ou ne souhaitent pas fournir de réponse.
Un autre sondage, réalisé par l'institut Ipsos, a été publié dernièrement. Selon cette étude-là, 66% des Wallons et 69% des Bruxellois (et 80% des Flamands) comptent à terme se faire vacciner. Ce fossé entre les deux sondages s'explique, selon Sacha Dumoulin de Dedicated, par des échelles d'évaluation différentes. Le sondage Ipsos proposait trois réponses (refus du vaccin, vaccination dès que possible, vaccination dans quelques mois). Le sondage Dedicated «laisse plus de marge de liberté» en proposant aux répondants de se positionner de «certainement pas» à «certainement», sans approche chronologique.
Différences générationnelles
Les intentions varient fortement en fonction de la tranche d'âge, les plus jeunes (18-34 ans) étant en moyenne moins enclins à se faire vacciner que les répondants plus âgés. Pour Sacha Dumoulin, cette tendance peut être analysée à l'aune d'autres résultats du sondage (lire en pages 2-3) sur le ressenti et les comportements des Belges francophones face au Covid-19. Les plus jeunes sondés «reconnaissent d'une part que pour prendre soin de leurs proches, il est indispensable de respecter les gestes barrières et les mesures gouvernementales prises afin d'endiguer la propagation du virus. A contrario ils reconnaissent ne pas les respecter à la lettre et reconnaissent même avoir une part de responsabilité dans la propagation du virus et la survenance de la seconde vague d'infections. Ces comportements pour le moins paradoxaux s'accompagnent même d'une ferme intention de ne pas se faire vacciner», commente-t-il.
Femmes et hommes
Parmi les sondés, les femmes sont moins nombreuses (44%) à avoir probablement ou certainement l’intention de se faire vacciner que les hommes (61%).
Il n’y a par contre qu’une légère différence entre les Wallons (53%) et les Bruxellois (50%).
Pourquoi ce refus?
Parmi les raisons qui poussent les répondants à refuser de se faire vacciner, trois freins sortent nettement du lot: la crainte d’effets secondaires, la rapidité avec laquelle les vaccins ont été produits et le manque de recul.
L’efficacité du vaccin
Enfin, les sondés ont été amenés à s’exprimer sur l’efficacité subjective - selon leur perception, donc - du vaccin. Sur une échelle de 1 à 10, ils sont 41% à attribuer une note d’efficacité de 7, 8, 9 ou 10 (mais 22% n’attribuent aucune note).
Une fois de plus, les 18-34 ans (33%) se montrent plus sceptiques que les 35-54 ans (37%) et surtout que les 55 ans et plus (51%).
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Yves Coppieters est épidémiologiste à l’ULB. Il analyse les chiffres.
Seul un sondé sur deux envisage de se faire vacciner, la faiblesse de ce chiffre vous surprend-elle?
Oui. D’autres sondages donnaient plutôt deux tiers. Il y a de quoi s’inquiéter et de s’interroger sur la communication actuelle. Il est impératif d’expliquer ce qui va se passer, sur le suivi des gens vaccinés.
Les griefs principaux concernent le manque de recul, la rapidité avec laquelle ils ont été conçus et donc le risque d’effets secondaires.
Il faut démonter l’argument de la rapidité. Ce vaccin a suivi le même protocole que les autres vaccins. Les effets secondaires à 6 mois ont été testés sur 47 000 personnes. Il n’y a pas eu d’effet secondaire. Après, il y a le suivi des effets secondaires qui pourraient intervenir. C’est la pharmacovigilance. Il doit être mené sur la population. Tous les mois. Le gouvernement doit y veiller, il faut mettre en place des protocoles de surveillance pour faire remonter les informations. La transparence s’impose.
Si ce pourcentage n’évolue pas, est-ce que cela pourrait mettre à mal la stratégie de sortie de crise?
Il n’y a pas d’autres solutions. La vaccination est là pour désengorger la situation. Soit on cible les personnes âgées pour éviter les complications et la mortalité. Soit on vaccine une population moins à risque pour avoir un impact sur les activités sociales, économiques. C’est un choix politique au niveau éthique. Il s’impose par le nombre limité de vaccins. Mais où a eu lieu le débat? Dans des commissions? Je l’espère mais il ne fut pas public.
Le point positif, s’il en fallait un, c’est qu’il y a 22% d’indécis par rapport à l’efficacité (selon eux) du vaccin. Comment les convaincre?
Les indécis ne sont pas les plus inquiétants. Je parlerais plus d’attentistes. Une fois que les 1res vaccinations vont commencer ils vont suivre. Ils ne sont pas contre la vaccination en général mais frileux par rapport à cette vaccination spécifique.
Si des personnalités se font vacciner, ça peut être positif. De plus, il ne faut pas infantiliser les gens. Pour convaincre il faut passer par les médecins généralistes qui seront les relais de l’information scientifique. Le généraliste inspire confiance. On n’est pas des foules, on est des individus, il ne faut pas vacciner dans des grands centres.
Les Flamands sont moins frileux par rapport au vaccin. Une explication?
Les francophones sont plus influencés par la France et les médias français où l’adhésion est moins bonne, cela joue en faveur du scepticisme.
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À la question «vous ferez-vous vacciner contre le Covid?», Paul Lannoye répond crânement. «Bien sûr que non. Je n'ai pas vocation à être un cobaye de l'industrie pharmaceutique.» À 81 ans, l'ancien député européen a pourtant un profil «à risque», même si, dit-il, «je suis en bonne santé et je me protège». Et il n'est pas du genre à voir des complots partout. «C'est une façon simpliste de voir la situation. Moi, je m'appuie sur des faits. Ils sont connus, incontestés et incontestables.»
Lesquels l'inquiètent? Le timing. «On ne fait pas un vaccin dans une telle précipitation. C'est ce qui fait qu'il n'y a toujours pas de vaccin opérationnel contre un tas de virus récents: sida, Ébola, la dengue ou le chikungunya. Pas non plus de vaccins contre deux précédents coronavirus mortels, le MERS et le SRAS de 2003. Ici, miraculeusement, on a un vaccin en 1 an. Ce n'est pas sérieux.»
Et puis, ce vaccin à ARNm est d'un type nouveau «dont on ne connaît pas l'innocuité». Il craint des risques écologiques, liés à la génétique. «On joue avec le feu. Et pour cela on a court-circuité une directive européenne de 2001 pour accorder une dérogation à la législation OGM. Ça viole totalement le principe de précaution.» Paul Lannoye est physicien de formation, pas virologue, mais dit-il «je lis. Et il y a le risque évident, minimisé par les producteurs, d'une recombinaison virale».
«Les politiques ne sont pas à la hauteur. Ils se laissent obnubiler par le miracle vaccinal. Ce sont des croyants, endoctrinés par un certain nombre d'experts. On est dans la croyance. On ne peut pas accepter cela.» Mais si les gens veulent un vaccin? «La demande des gens, c'est de retrouver une vie normale. On vend l'idée d'un vaccin qui va sauver tout le monde, mais ce n'est pas vrai. Il y a déjà des bémols d'ailleurs. On parle d'efficacité mais on ne sait pas ce que cela veut dire. Protège-t-on les autres ou soi?» La responsabilité en cas d'effets secondaires graves sera à charge des États, pas des firmes. Il rappelle les plaintes multiples qui ont frappé Pfizer ces 15 dernières années, les 500 enfants morts en 2015 suite au vaccin de la dengue de Sanofi, les effets délétères du Mosquirix de GSK expérimenté en Afrique ou du vaccin développé en urgence lors de l'épidémie de H1N1 en 2009 (narcolepsies).
Que faire alors? «Il vaudrait mieux travailler sur l'intelligence du public. Une bonne immunité empêche d'être malade. Il faut vivre sainement. Nous sommes presque tous carencés en VitamineD, un puissant antiviral. Mais est-ce que vous avez entendu les experts officiels et le gouvernement expliquer cela?»
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