Un chien d’assistance à la maison
En janvier 2019, Axelle Polet a accueilli Kiss. Aujourd’hui, le golden retriever aide Magali dans sa vie de tous les jours. Témoignage.
Publié le 28-11-2020 à 17h00
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Connaissez-vous l’ASBL Os’mose? Lancée en 2010 par sa directrice passionnée, Vanessa Wey, l’association forme des chiens d’assistance pour les personnes à mobilité réduite, épileptiques, diabétiques ou encore les enfants souffrant de maladies orphelines. Les chiens leur permettent de retrouver une part d’autonomie, en les aidant dans la vie de tous les jours.
Pour réussir ce fameux défi, Os’mose compte sur des familles d’accueil, prêtes à former les chiens à leur nouvelle vie d’assistance. Axelle Polet a accueilli pendant 20 mois un golden retriever nommé Kiss. En octobre dernier, celui-ci est parti vivre chez Magali, qui souffre d’une paralysie évolutive. Aide précieuse pour cette jeune maman, Kiss l’aide aujourd’hui dans son quotidien.
Par le renforcement positif
«J'ai toujours adoré les chiens», explique d'emblée Axelle Polet. En juin 2018, elle participe à un Wouf day organisé par Os'mose et est témoin de la rencontre entre Anouck, figure emblématique de l'ASBL, décédée cette année, et son chien Hitch. «J'ai été bouleversée», explique l'infirmière sociale à mi-temps dans une crèche. Elle décide de se lancer. «Le but était d'éduquer Kiss comme un chien de famille, plus des spécificités. Chez Os'mose, on privilégie le renforcement positif, tout en douceur, par la voix, la caresse, la friandise. Et puis, mon berger hollandais, Zak, est super équilibré. Il recadrait Kiss quand il fallait, il m'a beaucoup aidée. (sourire)»
Joie et fierté
Pour Magali, Axelle a enseigné à Kiss à tirer la manne à linge à travers la maison, à enlever un pantalon, à apporter une bouteille ou encore à porter un sac et à soulever sa gamelle en hauteur. Des ordres spécifiques, pas toujours évidents à apprendre pour le toutou. Mais avec deux cours par semaine, des heures de formation à la maison, et un coup de pouce bienvenu des éducateurs canins pour gérer le port du sac, Kiss y est arrivé. «Je l'ai vraiment amené partout, même à des endroits où je n'aime pas d'habitude aller comme le zoo ou la foire à Liège. On prend un peu sur soi. Kiss a même été aux Francos et au Lætare de Stavelot et ça s'est super bien passé.»

Le plus dur? Le moment de transition. «Le moment où Kiss passait une nuit, deux nuits, trois nuits chez Magali puis revenait chez moi. Il était un peu perdu.» C'est que Kiss a rencontré Magali à la sortie du premier confinement. Le relais a été donné, comme toujours, tout en douceur. Aujourd'hui, Axelle continue à prendre des nouvelles de Magali et de Kiss régulièrement. La séparation? «C'est une émotion très forte, mais ce n'est pas de la tristesse, c'est de la joie et de la fierté.» D'ailleurs, dès janvier, elle est prête à accueillir le suivant.
4 choses à savoir
1.Formation de A à Z
Chez Os'mose, les familles d'accueil ont un rôle essentiel. «Ce sont les familles qui gardent les chiens pendant les deux ans de formation, explique Vanessa Wey, directrice du centre Os'mose. On demande beaucoup d'investissement de leur part, elles font tout de A à Z.» La famille d'accueil doit éduquer le chien et le former à sa mission d'assistance. Pour se faire, elle participe à deux cours minimum par semaine: un collectif et un individuel. Sans compter le travail journalier. Travailler la marche en laisse, la patience du chien, sa socialisation… Et puis des ordres spécifiques: rapporter un objet, allumer et éteindre les lumières, ouvrir la porte, porter un sac, déshabiller la personne… L'objectif est clair: former un super toutou.

2.Le bon profil
Pas question de confier un chien d'aide à n'importe qui. Le bon profil? Quelqu'un qui aime les chiens, les gens, et a du temps à consacrer à cette sacrée aventure. «On ne prend pas des personnes qui ont un emploi à temps plein, c'est la base. Car il faut du temps pour socialiser le chien à fond.» Le but est d'habituer le chien à toutes les situations possibles, en ville et à la campagne, en voiture, en bus et en train, dans les magasins… «On ne sait jamais dès le début chez qui le chien va aller. Généraliser l'apprentissage est le plus compliqué. Plus on le fait dans des contextes différents, plus le chien s'adapter facilement à son nouveau maître.»

3.Un sacré budget
«On évalue à entre 15 000 et 20 000€ le coût d'une formation d'un chien d'assistance sur les deux ans.» Pas question évidemment pour les familles d'accueil ni pour les personnes handicapées de prendre en charge les frais. «Les familles d'accueil ne payent rien, c'est l'association qui prend en charge l'achat du chiot, la nourriture, les soins vétérinaires, les formations canines… Et on rembourse les tickets de transport en commun. On prend tout en charge, sauf les frais d'essence pour venir au cours et socialiser le chien.» D'ailleurs, Os'mose est en pleine construction de son nouveau centre canin. Et chaque don compte.

4.Une aventure humaine
Plus que former des chiens, l'ASBL Os'mose se donne pour mission d'aider les personnes fragilisées, non seulement en leur rendant une part d'autonomie grâce à l'aide d'un toutou, mais aussi en sensibilisant la population au handicap. «Les familles d'accueil créent des relations très fortes avec les personnes qui reçoivent les chiens. C'est essentiel pour nous.» D'ailleurs, l'association tient à rappeler toute l'importance de l'accessibilité des personnes en chaise roulante et des chiens d'assistance dans les lieux publics. Festivals, cinéma, commerces, restaurants… le chien d'assistance est formé pour accompagner son maître dans tous les lieux publics. Même si parfois, les infrastructures, elles, sont loin d'avoir été pensées pour les PMR, note Vanessa Wey.
