Climat: Les inondations changent de saison
Moins de crues en hiver, mais plus nombreuses, localisées et violentes en été: une étude de l’ULiège le prédit.
Publié le 05-09-2020 à 07h00
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C'est une étude liégeoise dont la pertinence a été validée en mai dernier par une publication dans le prestigieux International Journal of Climatology. Elle démontre que les conditions climatiques hivernales sont de moins en moins propices à provoquer des inondations mais que, par contre, un glissement s'opère vers la saison d'été.
Auparavant, les inondations en Wallonie étaient provoquée par une forte dépression pluvieuse qui faisait fondre rapidement le manteau neigeux du massif ardennais. Toute cette eau faisait déborder les rivières du bassin versant avec parfois des répercussions au-delà. «Mais de ces inondations hivernales à caractère régional qui concernaient tout un bassin versant, on a évolué vers des inondations très localisées, parfois sur un microbassin, provoquées par de gros orages d'été », explique Sébastien Doutreloup, chercheur au laboratoire de climatologie de l'ULiège et qui a assisté l'auteur principal de l'étude, Coraline Wyard (voir ci-contre).
Ces inondations soudaines et localisées, aussi baptisées flash flood, sont souvent très violentes: de grosses précipitations en très peu de temps. «Cet été par exemple, j'ai enregistré 80 mm en moins d'une heure à Sprimont», dit Sébastien Doutreloup. Soit l'équivalent d'un mois de précipitations estivales…
L’étude liégeoise menée sur les 30 dernières années et qui a fait de la prospective jusqu’en 2100, montre que ce type d’inondations n’a cessé de prendre le pas sur les inondations hivernales qui se sont éteintes en même temps que le manteau neigeux ardennais se réduisait à peau de chagrin. Et le phénomène ne fera que s’accentuer à l’avenir.
«Auparavant, on avait régulièrement 50 jours par an, parfois même jusqu'à 100 jours, de neige au sol dans les Ardennes. Mais, comme cela a encore été le cas cette année, c'est plus souvent moins de 10 jours.»
En été par contre, les chaleurs de plus en plus fortes sont propices à charger les orages en humidité et énergie. Avec des effets souvent délétères pour les endroits où ils s'abattent. «Car ils sont moins prévisibles et frappent des bassins versants peu habitués à recevoir un gros afflux d'eau», dit Sébastien Doutreloup.
Au-delà du constat scientifique, l'étude devrait donc appeler à réfléchir à des mesures pour atténuer les impacts de ces inondations qui prennent une autre forme et s'invite en d'autres saisons. «C'est pourquoi en matière d'aménagement du territoire, il faut aménager et augmenter localement les dispositifs de retenue d'eau, comme les bassins d'orage, les citernes d'eau de pluie, des sols perméables et, en agriculture, prévoir plus de haies et de bande enherbées en bordure de champs.»