Les rebouteux: mystérieux guérisseurs
Les rebouteux ont la capacité de soulager les maux. Ces thérapeutes alternatifs vivent discrètement. Ils viennent en aide, sans rien demander en retour.
- Publié le 01-07-2020 à 17h09
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Brûlures, entorses, verrues, maux de dents… Ils n’ont pas fait d’études médicales, et pourtant, ils soulagent le mal. Les rebouteux ont un don. Certains disent l’avoir reçu, d’autres l’avoir toujours eu en eux. Ce sont Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Ils utilisent leurs secrets, leurs formules, leurs prières pour aider celui qui en fait la demande.
L'écrivain et journaliste belge Philippe Carrozza s'y est intéressé de plus près. Et a écrit deux livres sur le phénomène. «Ce n'est ni un plaidoyer, ni un réquisitoire. J'expose les faits», explique-t-il. En plus des rebouteux, les personnes soulagées qu'il a rencontrées sont nombreuses. «C'est bluffant. Elles sont tellement contentes qu'elles le disent à d'autres, et c'est comme ça que, sans publicité, certains rebouteux sont débordés», poursuit Philippe Carrozza. Ils seraient 4 000 en Belgique. Mais leur discrétion rend leur recensement impossible.
Télépathie et médecine
Les rebouteux travaillent majoritairement à distance, par téléphone. «Je pense qu'il y a, dans l'intention de vouloir faire du bien, une sorte de connexion, comme de la télépathie», explique le journaliste. La part de mystère reste grande. Pour éviter les charlatans, Philippe Carrozza insiste sur trois règles dans son enquête parue sous la forme d'un livre, Rebouteux et médecine alternative. Allègent-ils notre pharmacie?: le rebouteux ne doit pas demander de rémunération, ni interférer avec l'avis des médecins, ni encore donner de traitement. Auparavant, cette pratique était appelée «la médecine du pauvre». Aujourd'hui, faire appel à un rebouteux est une façon de se soigner complémentaire à la médecine traditionnelle.
Un médecin traitant nous a confié contacter régulièrement, pour ses patients, une rebouteuse qui soulage les brûlures. En complément d'un traitement classique. «Les douleurs des brûlures sont particulièrement dures à supporter. Je me sentirais coupable de ne pas le faire si je sais que ça peut soulager», explique ce médecin généraliste.
En Belgique, le secteur de la santé n'approuve pas ouvertement ces pratiques. «La médecine n'apporte pas la réponse à tous les problèmes. Je pense qu'il faut garder l'esprit ouvert et que des gens peuvent réellement aider. Mais c'est mal vu de parler de rebouteux dans la profession», explique un cardiologue de la province de Luxembourg qui souhaite aussi rester anonyme. Pourtant, juste à côté, chez nos voisins français et suisses, le numéro de ces dits «barreurs de feu» est affiché dans les services des grands brûlés des hôpitaux.

Entorse
Les rebouteux peuvent soulager les entorses. Pieds, genoux, coudes. Ils ne les soignent pas, mais font disparaître la douleur. Certains ont besoin de voir l’entorse, d’autres peuvent agir à distance. Le gonflement est toujours là, mais la personne aidée retrouve sa mobilité.
Brûlure

Les rebouteux, appelés «barreurs de feu» soulagent les brûlures.
Du premier au quatrième degré. La douleur est atténuée, la propagation ralentie, voire arrêtée, et la cicatrisation est améliorée.
Mais gare à ne rien mettre de gras avant d’appeler un rebouteux. Sinon, ça ne marchera pas.
Colique

Certains rebouteux ont le secret pour soulager les coliques. Ils sont souvent sollicités pour les nourrissons. Un don qui, chez certains, consiste à prendre le mal. «Je dois nécessairement me trouver dans les toilettes. Si je me vide, c'est que cela a fonctionné», explique Stéphan, rebouteux.
Hémorragie
Chez les rebouteux, il existe une technique pour stopper une hémorragie. Une solution temporaire avant de pouvoir voir un médecin. On les appelle suite à une grosse coupure ou avant de se faire opérer. En leur indiquant le jour et l’heure, pour diminuer le risque d’hémorragie au bloc opératoire.
Zona
Certains barreurs de feu peuvent également soulager le zona. Une maladie particulièrement douloureuse. «Je demande à l'appelant de décrire sa douleur et de bien la situer. Je le préviens que s'il souffre encore une demi-heure après, il peut me rappeler pour que je recommence», explique Marie-Hélène, rebouteuse.
Verrue
La verrue est, dans l’imaginaire collectif, le mal le plus communément soigné par les rebouteux. Différentes techniques existent. Certains affirment que pour faire disparaître ses verrues, il faut les oublier. Après avoir vu le rebouteux, elle devrait disparaître dans les quinze jours.
Maux de dents
Nombreux sont les rebouteux qui soulagent les maux de dents. Jeanne, qui en fait partie, pense que pour bénéficier de son don, il faut y croire et ne pas se moquer. La douleur pourrait disparaître très rapidement. Mais le problème n’est pas résolu pour autant. Il faut bien sûr consulter un dentiste.
Hémorroïdes
Comme pour les verrues, des rebouteux ont la capacité de faire disparaître les hémorroïdes. Dans Rebouteux et médecine alternative de Philippe Carrozza, Rita explique avoir fait disparaître des hémorroïdes grosses comme des oranges. Juste avant l'opération de la personne atteinte.
Sylvain Perriollat magnétiseur énergéticien

Sylvain Perriollat, ex-rebouteux, est récemment passé professionnel. Animé par une volonté d’aider les autres, cet ancien ingénieur de 50 ans est magnétiseur énergéticien.
Grâce à sa capacité à transmettre de l’énergie, Sylvain Perriollat soulage les problèmes physiques: problèmes de peau, maux de dos, troubles intestinaux, migraines. Et aussi les problèmes émotionnels liés, par exemple, aux relations difficiles et au stress. Il fait aussi de la prévention, grâce à des check-up énergétiques. Membre du Gnoma, le Groupement national pour l’organisation des médecines alternatives, Sylvain Perriollat suit une charte déontologique pour exercer son métier avec un cadre professionnel précis.
Sa spécialité: L’énergie
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Sylvain Perriollat a toujours perçu l'énergie vitale. «Je suis né avec cette sensibilité, puis je me suis beaucoup entraîné. Je me suis formé, perfectionné, comme le ferait un sportif pour devenir professionnel dans sa discipline», explique le magnétiseur. Le magnétisme, c'est l'énergie de vie présente dans tout être vivant. «Tout le monde a de l'énergie, les magnétiseurs en ont juste besoin de plus pour agir avec.» Dans cette approche, le corps est en bonne santé s'il a suffisamment d'énergie, si cette énergie est bien répartie et si elle circule bien. La maladie, elle, est un révélateur d'une perturbation énergétique.
Transmission d’énergie encodée
Pendant la séance, Sylvain Perriollat concentre l'énergie qu'il capte et l'intensifie. Il lui donne une intention, avant de la transmettre vers le corps de la personne. Par l'imposition des mains, sans contact physique. Son travail active un processus énergétique, renforcé par l'envie de guérir. «C'est nécessaire pour que le processus puisse se mettre en place. Le magnétisme permet d'activer des phénomènes d'autoguérison qui sont présents chez tout le monde.» La démarche est donc participative, sans promesse de guérison. «Plus on prend la maladie tôt, plus on peut agir car c'est plus facile de rétablir l'équilibre énergétique au début. Les maladies graves comme le cancer ou les maladies dégénératives sont hors de ma portée», précise-t-il.
Après une séance, chaque personne réagit différemment. «Certaines sont directement soulagées, parfois ça prend deux ou trois jours, parfois une semaine. Chez quelques rares personnes, ça ne marche apparemment pas.» Le magnétiseur ne remplace pas le médecin. Il ne prescrit rien et n'interfère jamais avec aucun traitement en cours. Son approche est complémentaire.

Jules, 76 ans est un rebouteux, barreur de feu, depuis plus de 40 ans. Originaire de la province de Luxembourg, il a reçu le don de sa maman. Cet ancien coiffeur soulage les douleurs liées aux brûlures. Quand il enseignait en centre de formation, il a exercé sa capacité sur ses élèves, souvent à leur insu, lorsqu’ils se brûlaient. Ses apprentis pouvaient alors continuer à travailler parce qu’ils ne ressentaient plus la douleur.
Ce don, qui peut sembler surprenant, a toujours été le quotidien de Jules. Quand il était petit, les gens venaient voir sa maman pour des urgences. Pour Jules, tout ça est donc normal. Il ne peut pas l’expliquer.
Pour exercer, il a besoin de se concentrer, de s’isoler au calme, de réciter la prière et de mentalement signer l’endroit de la brûlure. C’est une prière à la Vierge. Le rebouteux ne peut en dévoiler le contenu. C’est ce qui s’appelle un «secret». Le dire pourrait lui faire perdre son don.
Contrairement à sa maman, ce rebouteux ne reçoit pas chez lui. Tout se fait par téléphone. Il reçoit des appels tous les jours. Il a juste besoin de connaître l’endroit de la douleur. Après son rituel mental, il a un gros coup de chaud. C’est comme ça qu’il sait que ça a fonctionné. Pour soulager les gens, Jules ne demande aucune rétribution financière. Il n’accepte aucun cadeau. Sa récompense? Savoir la personne heureuse de ne plus avoir mal. Jules soulage, il ne guérit pas. Il prend simplement la douleur, comme il dit.

Raymond Nisen soulage les petits comme les grands maux. Il est appelé pour les entorses, les lumbagos, les torticolis, les brûlures et les hémorragies.
Raymond Nisen a toujours eu ce don en lui. Depuis qu’il est petit, il peut soulager les entorses. Il peut aussi arrêter les hémorragies. On lui demande beaucoup de choses, mais il ne peut pas tout faire par manque de temps. Cet indépendant est donc obligé de recevoir sur rendez-vous. Il peut agir par téléphone pour les hémorragies et les brûlures. Mais pour les entorses, les lumbagos ou les torticolis, les gens doivent venir chez lui. Il a besoin de toucher l’endroit pour soulager. Son taux de réussite est de 100%, dit-il. Le rebouteux utilise une prière qui change en fonction de la nature de la douleur. Il dit ne rien ressentir de particulier. Et ne demande rien en retour.