Les vélocistes sont débordés: avec le confinement, les gens se ruent sur les vélos
Les magasins de vélos sont en surchauffe. Tout petit ou très grand, c’est la même chose: ils ne suivent plus la demande. Certains travaillent sur rendez-vous, d’autres ferment pour rattraper le retard. Chez les autres, on fait la file.
Publié le 29-05-2020 à 07h00
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«Je me lève à 4 h du matin, je m'arrête à 19 h 30 pour manger et puis je reprends jusqu'à 23 h.» Salvatore Ricci est seul dans son magasin de vélo de Marcinelle, S Concept Bike.
«C’est plus que de la folie. Je ne suis plus. D’habitude, je vends une bonne dizaine de vélos par mois. Ici, je suis à 50 en 3 semaines. Je dois les préparer et entretenir les autres. J’ai 30 vélos qui m’attendent dans l’atelier.»
Le profil de bicyclettes demandées? «Il y a un peu de tout. Mais les gens ont leur budget.» Et même s'il était extensible, assouvir ses besoins devient difficile: «Ce n'est pas compliqué, il n'y a plus de stock pour beaucoup de modèles. Il faudra attendre août ou septembre.»
Contraste avec ce gros acteur du vélo et ces cinq grands magasins répartis en Wallonie.
«On n’a plus de rustines»
Gary Carpiaux travaille chez Bicyclic, à Marche-en-Famenne. Pas, encore, de souci au niveau des stocks: «Vu notre taille, nous commandons pour tous les magasins pour toute la saison. On sélectionne des modèles que l'on décline dans toutes les tailles. Ici, nous avons encore du stock. Mais si on devait commander chez nos fournisseurs…»
Pourtant, a priori, toutes les bicyclettes ne viennent pas d’Asie. Des cadres viennent d’Espagne, d’Allemagne mais les dérailleurs et autres équipements viennent souvent d’Asie.
Pour les pièces, ça suit même si c'est plus lent: «Normalement, on est livré en 24 h. Maintenant, c'est une semaine et pas toujours complet. Par contre, je peux vous dire que je n'ai plus une rustine.»
Quant au volume de vélos vendus, si on atteint des chiffres incomparables avec ceux de Salvatore, la proportion demeure la même: «On a multiplié par trois. On rentre des vélos presque tous les jours, certains ne restent même pas une heure. Ils partent tout de suite.»
Sur rendez-vous ou carrément fermé
Même chose que chez Salvatore, l'atelier ne suit plus: «On ne prend plus de vélos. Il faut compter 3 à 4 semaines de délai.» Ici aussi, on répare on prépare. De 20 à 25 vélos par jour.
Chez certains, le comportement d’achat est un peu comme celui d’un enfant dans un magasin de jouet: je le veux maintenant et je repars avec.»
«On vend de tout, enfant, adulte, électrique ou pas. Vu l’affluence, on consacre moins de temps aux clients mais de leur côté, ils sont indulgents et hésitent moins aussi. Tout en regardant un peu moins au prix. Chez certains, le comportement d’achat est un peu comme celui d’un enfant dans un magasin de jouet: je le veux maintenant et je repars avec.»
Année 2020 exceptionnelle? «L'affluence actuelle est faussée parce que mars a été nul, on était fermé, et qu'avril a été moyen. Pour qu'elle soit exceptionnelle, il faut qu'on vide nos stocks et que nos fournisseurs puissent nous livrer du nouveau matériel. Certains parlent de re-produire la collection 2020, d'autres d'avancer celle de 2021.»
En attendant, les magasins de vélo sont saturés et de plus en plus d'entre eux ont choisi de travailler comme les coiffeurs: sur rendez-vous. «Pour recevoir les clients dans de bonnes conditions.»
Ou carrément de fermer boutique pour tenter de rattraper le retard, tant il y a des vélos neufs en attente de préparation. Reste maintenant à faire de la place aux deux roues sur les voiries. Là, ça ira moins vite.