Contraception masculine: le slip chauffant s’invite dans les pantalons
À côté du classique préservatif, de la quasi irréversible vasectomie ou encore de l’onéreuse et chimique injection hormonale… le slip chauffant s’invite dans les pantalons des hommes.
Publié le 24-02-2020 à 12h00
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Si son nom peut prêter à sourire, le slip chauffant est un dispositif de contraception testiculaire (dit «thermique») qui se base sur un principe connu depuis l’Antiquité et scientifiquement prouvé: augmenter la température de 2 °C des testicules pour stopper la spermatogenèse.
C'est à Toulouse que ce surprenant accessoire a été pensé, il y a cinq ans environ. «Ce qu'on surnomme le "remonte-couilles toulousain" est un slip troué qui laisse passer la verge et la peau du scrotum, nous explique le gynécologue et andrologue Daniel Murillo, chef de clinique adjoint de l'unité de PMA du CHU Saint-Pierre à Bruxelles. Cela remonte et maintient les testicules dans les canaux inguinaux.»
Pour devenir efficace, le port d’un slip chauffant ou d’un anneau pénien (lire ci-contre) de 15 h par jour est nécessaire.
Démarche marginale
Convaincu par ce contraceptif mécanique et réversible, le spécialiste de la fertilité masculine présente cette technique à ses patients lors de ses consultations, au même titre que d'autres contraceptifs. «S'ils sont à l'aise avec cela, j'en discute avec mes patients, tout comme on peut le faire avec d'autres méthodes naturelles comme l'Ogino pour les femmes.»
Mais le docteur Daniel Murillo est une exception et reconnaît que cette démarche reste marginale. «Ce principe thermique est connu de tous les médecins. Mais cette matière n'est pas enseignée pour être pratiquée. Le Big Pharma n'y trouve pas d'intérêt pour l'étudier. Et elle manque de visibilité auprès des instances officielles. Ça fonctionne donc "sous le manteau"», regrette-t-il. Qu'à cela ne tienne. Le spécialiste de la fertilité masculine propose un suivi des patients demandeurs.
«Avant de pratiquer cette contraception, je conseille de réaliser un bilan urogénital et un contrôle de fertilité via un spermogramme. Trois à quatre mois après la mise en route du contraceptif, on pratique une seconde analyse de sperme pour s'assurer d'atteindre le seuil contraceptif. Ces bilans sont bien sûr remboursés. Ce qui n'est par exemple pas le cas de l'injection hormonale, bien plus astreignante.»
Le 4 février dernier, un premier colloque dédié à la contraception masculine, réunissant professionnels de la santé et de l'éducation, Focus sur les couilles, tirait un constat prometteur pour ce type de contraception, notamment pour ses qualités économiques, naturelles, de réversibilité, de libre accès et d'équité contraceptive.

Au rayon des contraceptifs thermiques, il y a le slip chauffant, confectionné artisanalement, et… l’anneau pénien. L’invention brevetée pourrait bien révolutionner l’accès à cette pratique.
L’histoire débute en 2016. Comme la plupart des hommes qui suivent une contraception thermique, Maxime Labrit souhaite soulager sa compagne d’une prise hormonale. Le souci du partage des responsabilités trotte aussi dans sa tête. Il songe au slip chauffant.
Mais celui-ci nécessite une contraception sur mesure et l’acquisition de plusieurs modèles pour suivre les lessives. Pour ce faire, certains hommes se lancent dans la couture, suivent des tutoriels sur internet ou rejoignent des groupes locaux de confection.
«À l'époque, le sujet est encore tabou. Peu d'informations pratiques circulent. Et passer chez une couturière me semble compliqué», se souvient cet infirmier français. Dans un magasin de bricolage, l'idée de l'anneau lui saute aux yeux.
Durant deux ans, il se lance dans la recherche et le développement sur la remontée testiculaire pour élaborer l'Andro-switch. «Il s'agit d'un anneau en silicone certifié biocompatible, antidérapant et respirant. Il est discret et léger, il s'adapte à toutes les morphologies», comme le détaille son créateur. «Destiné à des usagers écoresponsables », l'objet se veut universel, réutilisable et accessible à toutes les bourses (37€).
Partager la charge

Loin d'être commerciale, la mission de l'infirmier est avant tout militante. «Est-il normal qu'une femme doive supporter seule la charge mentale et physique d'une contraception, parfois durant 30 à 40 ans? D'un autre côté, nous voulons soutenir les hommes dans leur capacité à s'autodéterminer.
Nous sommes soumis à cette injonction patriarcale qui voudrait que la fertilité de l'homme soit disponible en permanence. Pourquoi? Notre volonté est de prouver que ce contraceptif marche, dans le respect de chacun. D'ouvrir la réflexion auprès des industriels et du Big Pharma. D'amener les hommes à observer leur fonctionnement, de comprendre leur cycle de trois mois (la durée de la spermatogenèse, NDLR), d'aller consulter et questionner leur médecin.»
En France, environ 1 000 hommes bénéficieraient de ce contraceptif naturel. Maxime Labrit en dénombre environ 100 en Belgique. L'anneau est vendu sur le site thoreme.com où des notices d'utilisation et un guide pour les professionnels de la santé sont téléchargeables.