«Thérapies de conversion» : quand des sectes belges veulent changer l'orientation sexuelle
La pratique, connue aux Etats-Unis, était cachée en Belgique. Le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) affirme pourtant que ces "thérapies" se produisent aussi chez nous.
Publié le 14-01-2020 à 11h00
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Àl'heure où la France, l'Allemagne, ou encore l'Espagne se mobilisent pour interdire légalement ces pratiques, le flou existe toujours en Belgique. Ces "thérapies", qui consistent à tenter dechanger l'orientation sexuelled'une personne de l'homosexualité à l'hétérosexualité par unensemble de traitementspseudo-scientifiques, se produisent pourtant bien ici.
Le choix des sectes qui font l'objet de recherchesau CIAOSN se base sur différentes sources : les témoignages spontanés de personnes inquiètes de constater des changements radicaux de comportement chez un de leur proche, ou des initiatives internes du centre. Dans ce cas précis, ce sont les changements législatifs engagés en France ou en Allemagne qui ont récemment poussé le centre belge d'information sur les sectes à questionner la pratique sur le territoire national.
Et il apparaît que les victimes belges existent.En 2014, une jeune femme a été brûlée vive lors d'un exorcisme à Anvers. L'enquête a démontré que la victime était lesbienne et que c'était cette raison qui avait motivé les parents à contacter un exorciste.Pour Kirstine Vanderput, la directrice du service analyse du CIOASN, les faits sont univoques : "les témoignages récoltés confirment que ces pratiques existent au sein d'organisation sectaires nuisibles, et pire, qu'elles ne suffisent parfois pas aux victimes pour s'en détourner".
En 2020, l’homosexualité est encore considérée par certains comme un mal qu’il faudrait soigner, même si elle n’est plus traitée en psychiatrie depuis des dizaines d’années. Certains groupes religieux et leur obsession de «guérir» les homosexuels datent d’une autre époque, tout comme les méthodes utilisées telles que l’hypnose, lesgroupes de parole, la chirurgie ou encore la thérapie par aversionvisant à engendrer du dégoût ou de la paralysie à la vue de rapports homosexuels.
Les associations LGBT belges se mobilisent pourtant pour placer un cadre légal concret autour de ces pratiques, comme l'explique Philippe Artois, coordinateur de l'association LGBT Tels Quels : "L'Allemagne vient de pénaliser ces "thérapies", la France va bientôt le faire. En Belgique, à part porter plainte pour discrimination, on ne peut pas encore faire grand chose."
Le travail fourni par le CIAOSN sur base des témoignages récoltés devrait permettre prochainement à la justice belge de se pencher davantage sur le sujet.