Ces petits trésors religieux qui partent en poussière
Recenser tous les trésors religieux de nos églises, textiles compris. Pour qu’ils ne partent pas en poussières.
Publié le 19-10-2017 à 07h12
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Recenser les petits et grands trésors des 2 500 églises de Wallonie: c’est l’objectif de la toute fraîche ASBL CIPAR, Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux (lire ci-contre). Parmi ces pièces qui auront la priorité, les textiles.
Un calice ne risque pas de disparaître en poussière, une chasuble, si. Déborah Lo Mauro, Conservatrice au CHASHa, Centre d'histoire et d'art sacré en Hainaut: «Le grand danger de ces pièces, c'est que beaucoup d'entre elles ne sont plus utilisées. Elles sont rangées dans des tiroirs. Mais, là, les moisissures ou l'humidité peuvent faire leur œuvre de destruction.»
L'autre difficulté: ce patrimoine n'a jamais été inventorié et c'est très compliqué à réaliser. «C'est ouvrir tous les tiroirs et répertorier les nombreuses pièces pour chacune des églises.» Mais beau côté de la chasuble, c'est dans ce domaine que l'on peut encore faire de très belles découvertes.
De fil d’or et d’argent
Parce que ces pièces textiles sont un réel patrimoine. «Où l'on définit la valeur par ses fils d'or ou d'argent utilisés, par l'iconographie plus rare ou plus innovante. Comme, par exemple, lorsque celle-ci a trait à l'histoire locale de l'église.»
Mais d'autres critères entrent en ligne de compte «comme l'état de conservation ou si l'ensemble des pièces est complet. Où l'on doit retrouver la chasuble, chape, voile de calice, étole, manipule, dalmatique…» Ensuite, il y a la datation de ces pièces: «On peut avoir des broderies du XVe siècle sur un fond du XIXe.»
Comment les dater? «C'est tout un travail de recherche dans les archives de la paroisse et d'analyse, par exemple, des pièces… comptables. Savoir ce qui a été dépensé et pourquoi. Il y a également l'analyse des techniques utilisées par les ateliers qui fabriquaient ces textiles. Là, nous sommes en pleine recherche.» C'est qu'une expo est programmée pour l'année 2018.
Un marché sur internet
Si cette matière pour le moins surprenante vous laisse de marbre, ce n'est pas le cas de tout le monde: «J'ai effectué des recherches sur internet, j'y ai vu des chasubles ou des dalmatiques du début du siècle, des pièces pas très rares, affichées à 500 ou 600€. Mais ce n'est pas encore (?) dans le domaine des collectionneurs.»
Alors, ce patrimoine, il faut le conserver. Comme l'explique le chanoine Huet: «L'idéal serait de laisser ces biens visibles, pas nécessairement dans des musées, mais dans les églises dans des armoires adaptées.» Mais il faut d'abord les inventorier.