Rien que du porc immuno-castré dans l’assiette
La castration chirurgicale des porcelets interdite en 2018? Un pas a été franchi et certains s’inquiètent de l’alternative : la castration par vaccin.
Publié le 02-05-2013 à 06h00
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Les défenseurs de la cause du bien-être animal présentent la chose comme une victoire, tandis que les adeptes du principe de précaution s’inquiètent des risques pour la santé humaine. Le consommateur, lui, risque de ne guère avoir le choix: en 2018 il ne trouvera peut-être plus à mettre dans son assiette que du porc castré par vaccination.
C’est en tout cas ce que craint une série d’associations agricoles – singulièrement celles engagées dans l’élevage de porcs. C’est-à-dire l’association wallonne des éleveurs de porcs (AWEP), la coopérative Coprosain, Porcs Qualité Ardenne et Filière porc du Pays de Herve mais aussi la fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA) qui dénoncent un protocole d’accord qui organise de fait pour 2018 l’interdiction de la castration chirurgicale des porcelets. Ouvrant ainsi une voie royale à l’immuno-castration (voir cadrée).
Ce protocole d'accord «qui vise à bannir complètement la castration chirurgicale des verrats en 2018» vient d'être signé par plusieurs associations qui détiennent dans les faits la quasi-totalité des circuits de commercialisation de la viande porcine. Il s'agit de l'APFACA (aliments pour animaux), FEVIA (industrie alimentaire), FEBEV (abattoirs et ateliers de découpe), FENAVIAN (transformation de viande) et COMEOS (grande distribution) qui « considèrent que l'élevage des verrats castrés d'une façon non-chirurgicale est économiquement acceptable», s'engagent à encourager «activement l'élevage des verrats castrés d'une façon non-chirurgicale» et «banniront la castration chirurgicale en 2018».
Pour les cinq associations qui protestent contre cette décision (qui pourrait ouvrir la voie à une loi interdisant la castration chirurgicale) outre le risque potentiel pour la santé humaine, une telle mesure ne profitera qu’à l’industrie pharmaceutique et coûtera cher aux éleveurs (donc aux consommateurs).
« Les deux injections du vaccin, c'est entre 3 et 4€ par tête, dit Patrick Siraux, président de l'AWEP. Si on nous l'impose il faudra bien le faire. Mais on préférerait l'anesthésie ou les analgésiques, méthodes qui ne coûtent que quelques cents.»
À la FUGEA on préconise une méthode plus naturelle encore. Celle du mâle entier. Non castré donc. «De récentes études montrent d'ailleurs que seulement 5% de ces porcs ont une étude à la cuisson», note Gwenaëlle Martin, conseillère en politiques agricoles. Précisant que ces viandes sont facilement détectables dès l'abattoir et peuvent alors être orientées vers les salaisons (l'odeur disparaît avec ces produits) et que des techniques d'élevage (alimentation, espace de vie,…) peuvent aussi réduire les risques d'odeur de verrat. Et sont, elles, sans équivoque sur de potentielles conséquences pour la santé humaine.