Appliquer la loi, agir collectivement
Pour Jean-Marc Van Gyseghem, directeur de recherche au Crid, Centre de recherches informatiques et droit, à l’université de Namur, le plus gros danger pour les internautes, «c’est l’absence de contrôle sur leurs données. Un réseau social, c’est une grosse base de données habillée de belles pages html. Derrière cette base de données, il y a un administrateur que l’on connaît peu ou prou. C’est lui qui fixe ce qu’on va faire avec ces données à caractère personnel. Il peut très bien de son propre chef changer les règles d’accès : prenons Facebook, vous y avez un compte que vous réservez à quelques amis et tout à coup les règles d’accès changent. Désormais, votre compte est accessible aux amis de vos amis. L’utilisateur de ce compte peut même ne pas être prévenu que le réseau social a changé.»
Publié le 29-01-2013 à 07h00
Pour cet avocat spécialiste de la vie privée, la législation actuelle n'est pas si mauvaise. «On peut légiférer pour permettre une meilleure application de la loi mais plus on légifère, plus on noie le poisson. Il faudrait plutôt donner les moyens à l'internaute de pouvoir exercer efficacement ses droits, que les tribunaux appliquent la loi et que le gendarme – la Commission vie privée – soit mieux outillé pour combattre les dérives. Il doit pouvoir sanctionner comme la CNIL en France (commission nationale de l'informatique et des libertés). Encore faut-il qu'il y ait le personnel suffisant pour traquer ce genre de comportement…».
Comment protéger sa vie privée? La balle est aussi dans le camp des internautes. «On ne met sur la toile que des données qui ne révèlent pas une intimité particulière, pas de photos que l'on pourrait regretter par la suite. Les internautes ont intérêt à se montrer plus réactifs. Aux États-Unis, il y a ce qu'on appelle la " class action ", un recours collectif contre une société qui a enfreint la loi. Ensemble, on est plus fort et on partage les frais. Mettre en place ce type d'actions collectives est un bon moyen pour inciter les réseaux sociaux à mieux protéger les données à caractère personnel».
Ca.D.