Le testament de Jean-Pierre Malmendier
«Ce livre, c’est le testament de Jean-Pierre.» L’émotion se lit encore dans les yeux de Jean-Marc Mahy quand il évoque ce projet né dans la tête de deux hommes que tout opposait. La fille de Jean-Pierre Malmendier, Corine, a été sauvagement assassinée en 1992 avec son ami Marc. Un drame qui a donné naissance à l’ASBL Marc et Corine.
Publié le 09-06-2012 à 07h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LIDMLHQUEJDPPN3QKZFFMKUFAE.jpg)
Jean-Marc Mahy, lui, a ôté la vie deux fois. En 1984, il assomme un vieux monsieur qu'il est en train de cambrioler avec deux autres petites frappes. L'homme décédera cinq jours plus tard. Trois ans après, il s'évade de la prison d'Arlon («parce que je ne pouvais pas imaginer de rester 18 ans derrière les barreaux et que je n'avais plus rien à perdre») et ça tourne mal. Il tue un gendarme dans la panique.
En tant que sénateur, puis député, Jean-Pierre Malmendier (décédé l'an dernier) a longtemps lutté pour les peines incompressibles. Avant de croire en une justice restauratrice et de croiser le chemin de Jean-Marc Mahy. «Jean-Pierre m'a fait découvrir le monde des victimes», souligne l'ex-détenu. Ensemble, ils montent des projets, une ASBL (Revivre) et organisent des débats auprès des jeunes.
Dans ce livre-témoignage, tous deux racontent en parallèle leurs souffrances d’auteur et de victime. Avant de ne faire qu’un dans leur combat.
Si Jean-Marc Mahy dénonce à plusieurs reprises des conditions de détention inhumaines, il raconte aussi comment «l'étiquette " ex-détenu " est difficile à décoller». En huit ans de «liberté», il a dû déménager huit fois. Sur neuf contrats de travail, six se sont soldés par un C4, dès que son passé était révélé au sein de l'entreprise. «Je pensais naïvement avoir payé l'essentiel de ma dette à la société, écrit-il. Mais elle n'oublie jamais.»
C. Mar
J-M.Mahy et J-P. Malmendier, « Après le meurtre, revivre », recueilli par A-M Pirard, Couleur Livres, 134p., 14 €.