Retraites en France: la présidente de l'Assemblée nationale va bloquer la mesure d'abrogation de la réforme

Au lendemain d'un baroud d'honneur dans la rue, la contestation contre la réforme des retraites se dirige vers son épilogue au Parlement: la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a annoncé qu'elle allait faire barrage à l'examen de la mesure d'abrogation de la retraite à 64 ans, qui était programmé jeudi dans l'hémicycle.

Belga
Réforme des retraites en France - Quatorzième journée de mobilisation en mode "fin du match"
Réforme des retraites en France: la présidente de l'Assemblée nationale va bloquer la mesure d'abrogation de la réforme ©BELGA

"Sur ces amendements de rétablissement de l'article 1, (qui prévoit de repasser à 62 ans, ndlr), je suis très claire: ils seront déclarés irrecevables par moi-même dans la journée", a déclaré mercredi Yaël Braun-Pivet sur BFMTV. "J'applique la règle, rien que la règle", a-t-elle ajouté, une allusion à l'article 40 de la Constitution qui proscrit toute proposition parlementaire créant une charge pour les finances publiques.

Le reste de la proposition de loi, portée par le groupe de députés indépendant Liot et soutenue par la plupart des oppositions, pourra tout de même être examiné jeudi. Mais donc sans vote possible sur sa mesure phare qui visait à abroger le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.

L'annonce de la titulaire du perchoir n'est pas une surprise. "Je prendrai mes responsabilités", avait-elle plusieurs fois assuré ces derniers jours, qualifiant d'"inconstitutionnelle" l'abrogation des 64 ans.

La mesure en question avait déjà été retoquée la semaine dernière en commission, au terme d'un vote serré (38 voix contre 34), mais les oppositions comptaient pouvoir rejouer ce match jeudi dans l'hémicycle, en déposant des "amendements de rétablissement".

- "Huile sur le feu" -

Le texte du groupe Liot aurait un coût de "plus de 15 milliards d'euros au bas mot", a martelé ces derniers jours le camp présidentiel. Où de nombreuses voix ont reproché en coulisses à Mme Braun-Pivet, issue du groupe macroniste Renaissance, de ne pas avoir invoqué plus tôt l'"irrecevabilité financière" pour siffler la fin de la partie.

Même adoptée par l'Assemblée, l'abrogation de la retraite à 64 ans n'aurait eu que de faibles chances d'aboutir au plan législatif, n'ont cessé de faire valoir les macronistes. Tout en s'inquiétant du signal politique d'un éventuel vote perdu.

Élisabeth Borne avait une nouvelle fois fustigé mardi une proposition "inconstitutionnelle" et "démagogique", lors des questions au gouvernement. La Première ministre répondait au patron des députés Liot, Bertrand Pancher, qui a accusé le camp présidentiel de "jeter de l'huile sur le feu" d'un pays fracturé, en tentant d'empêcher un vote jeudi.

Déjà résignés quant à l'impossibilité de voter sur la mesure d'abrogation jeudi, son groupe et la gauche ont échafaudé des plans de repli.

Ils ont déposé une série d'amendements alternatifs avec l'objectif qu'un scrutin symbolique ait tout de même lieu autour des mesures d'âge, sans s'exposer au couperet de l'article 40. Certains proposent par exemple d'établir "un objectif d'abrogation" des 64 ans à l'horizon 2024.

Le dépôt d'une nouvelle motion de censure contre le gouvernement est aussi débattu entre les groupes d'opposition qui élargissent déjà leur combat au-delà des retraites.


La France insoumise va déposer une motion de censure contre le gouvernement

La cheffe de file des députés du parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) Mathilde Panot a annoncé mercredi l'intention de son groupe de déposer une motion de censure contre le gouvernement, après que la présidente de l'Assemblée nationale a annoncé qu'elle ferait barrage à l'examen jeudi d'une proposition d'abroger la retraite à 64 ans.

"Évidemment nous déposerons une motion de censure parce qu'il est inacceptable que l'on puisse faire un tel coup de force sans qu'il y ait une réaction derrière", a déclaré Mme Panot devant des journalistes, sans préciser quand elle serait déposée, ni avec quel autre groupe elle pourrait l'être. "On va en discuter avec eux", a-t-elle ajouté.

"Sur ces amendements de rétablissement de l'article 1, (qui prévoit de repasser à 62 ans, ndlr), je suis très claire: ils seront déclarés irrecevables par moi-même dans la journée", a déclaré mercredi Yaël Braun-Pivet sur BFMTV. "J'applique la règle, rien que la règle", a-t-elle ajouté, une allusion à l'article 40 de la Constitution qui proscrit toute proposition parlementaire créant une charge pour les finances publiques.

Le texte du groupe Liot aurait un coût de "plus de 15 milliards d'euros au bas mot", a martelé ces derniers jours le camp présidentiel.

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