Nicolas Sarkozy condamné dans l’affaire des écoutes : quelles sont les autres affaires judiciaires dans lesquelles il est cité ?
Le nom de Nicolas Sarkozy, l’ancien président français entre 2007 et 2012, est cité dans plusieurs affaires, dont celles des écoutes (Azibert-Bismuth), le financement libyen de sa campagne présidentielle ou encore Bygmalion. On fait le point sur ses démêlés avec la justice, qui n’ont pas toujours mis en cause Sarkozy directement.
Thomas Bernard (infographie)Publié le 17-05-2023 à 14h00
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Écoutes, Bygmalion, Bettencourt, vols en jet… Outre le supposé financement libyen de la campagne de 2007, pour lequel le parquet national financier a requis jeudi un procès à l’encontre de Nicolas Sarkozy, l’ancien président est cité dans plusieurs affaires. Certaines sont toujours en cours, tandis que d’autres se sont parfois clôturées par un non-lieu.
Alors que Nicolas Sarkozy vient d’être condamné en appel à trois ans d’emprisonnement dont un an ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes, une sanction inédite pour un ancien président, on fait le point sur les autres dossiers dans lesquels le nom de l’ancien chef d’État est cité. (cliquez sur un logo pour voir le détail)
Première condamnation dans l’affaire des “écoutes”
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance, le 1er mars 2021, par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence.
Sarko écouté : « micro » affaire, maxi dossierIl a été reconnu coupable d’avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d’obtenir d’un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret, voire d’une influence, sur un pourvoi en cassation qu’il avait formé dans l’affaire Bettencourt. En échange : la promesse d’un soutien pour un poste à Monaco.
À l’issue du procès en appel, en décembre 2022, trois ans de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de l’ancien président. Le jugement est tombé ce 17 mai 2023, confirmant la condamnation. Nicolas Sarkozy a directement annoncé qu’il irait en cassation.
Bis repetita dans Bygmalion
Nicolas Sarkozy est à nouveau condamné, le 30 septembre 2021, à un an de prison ferme dans le dossier Bygmalion pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.
Contrairement à ses 13 coprévenus (anciens cadres de la campagne et de l’UMP ainsi que de la société Bygmalion), l’ex-président n’était pas mis en cause pour le système de fausses factures imaginé pour masquer l’explosion des dépenses de campagne autorisées, mais pour avoir dépassé le seuil légal de ces dépenses de plus de 20 millions d’euros.
Il fait appel. Son procès s’ouvrira le 8 novembre 2023.
Affaire Bygmalion: treize des quatorze condamnés, dont Nicolas Sarkozy, font appelLes enquêtes en cours
Ses lucratives activités de conseil en Russie font par ailleurs l’objet d’une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) qui soupçonne cette fois l’ancien président d’un possible “trafic d’influence”.
Selon Mediapart, qui a révélé l’information, cette enquête a été ouverte à l’été 2020. Elle vise à déterminer s’il “se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles” pour le compte d’oligarques russes.

La justice enquête aussi depuis 2019 pour “corruption active et passive” sur un déjeuner tenu en 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux hauts dirigeants qataris et Michel Platini, à l’époque patron de l’UEFA.
Objectif : déterminer si le vote de M. Platini en faveur du Qatar pour le Mondial-2022 de football a été obtenu en échange de contreparties.
Des investigations sont enfin en cours sur la retentissante rétractation en novembre 2020 du principal accusateur de Nicolas Sarkozy, Ziad Takieddine. Au cœur de ce dossier, des soupçons de paiements à l’intermédiaire, avec l’éventuel aval de l’ancien chef de l’État, afin qu’il retire ses accusations.
Si la justice s’interroge sur son rôle dans ces trois dossiers, il n’est formellement mis en cause dans aucun d’entre eux.
Sarkozy mis hors de cause
L’ex-président a bénéficié d’un non-lieu dans plusieurs dossiers : celui sur des voyages en jet privé, qui avaient fait naître des soupçons d’abus de biens sociaux parce qu’ils étaient payés par la société de l’un de ses proches, ou encore dans l’enquête sur les pénalités dues aux irrégularités financières de sa campagne de 2012 réglées par l’UMP.
La justice a également abandonné ses poursuites dans l’affaire des dons octroyés à l’UMP par la richissime héritière du groupe L’Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017), où il a été brièvement mis en examen pour abus de faiblesse.
Immunité présidentielle
Par ailleurs, quatre ex-membres du premier cercle de Nicolas Sarkozy ont été condamnés en janvier dans l’affaire dite des sondages de l’Élysée, facturés sans appel d’offres entre 2007 et 2012. L’ancien secrétaire général de la présidence et ex-ministre Claude Guéant, condamné à un an d’emprisonnement dont huit mois ferme, a fait appel.
L’ancien chef de l’État, couvert par l’immunité présidentielle, qui prévaut pour les actes accomplis en cette qualité, n’a jamais été mis en cause dans ce dossier.