Couronnement de Charles III ce samedi: "Un spectacle extraordinaire"
Charles III est enfin couronné roi d’Angleterre ce samedi 6 mai 2023. Des millions de personnes suivront en direct la cérémonie qui a lieu à Londres. L’engouement pour la monarchie britannique s’expliquerait principalement par sa résonance mondiale et son exceptionnelle longévité, selon Vincent Dujardin, professeur d’histoire contemporaine à l’UCLouvain.
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Publié le 05-05-2023 à 13h13 - Mis à jour le 06-05-2023 à 09h14
Le couronnement de Charles III, ce samedi à l’abbaye de Westminster, pulvérisera-t-il les records d’audiences réalisés par d’autres membres de la famille royale anglaise ? 4 milliards de téléspectateurs ont suivi les funérailles de la reine Elizabeth II, 1 milliard le mariage du prince William, 2 milliards celui de Harry.
Comment expliquer cette fascination quasi planétaire ? "L a monarchie britannique a une résonance mondiale: si vous montrez la photo du roi Charles partout dans le monde, on le reconnaîtra, pas celle de n’importe quel autre monarque ni celle du Premier ministre britannique ", avance Vincent Dujardin, professeur d’histoire contemporaine à l’UCLouvain. Depuis le couronnement d’Elizabeth II en 1953 – elle avait demandé à Winston Churchill que la cérémonie soit retransmise à la télévision, une première -, l’intérêt pour la famille royale ne s’est jamais émoussé ".
Résonance mondiale
Si l’intérêt pour cette monarchie n’a jamais faibli, c’est en raison de son exceptionnelle longévité. "Le caractère multiséculaire de cette monarchie, millénaire même, et la dimension impériale qu’elle a acquise un temps, ont contribué à façonner cette résonance mondiale ", explique le professeur néolouvaniste.
Cette popularité, inégalée dans le monde des têtes couronnées, a pourtant connu des hauts et des bas.
Si vous montrez la photo du roi Charles partout dans le monde, on le reconnaîtra, pas celle d’un autre roi
"La famille royale britannique a bénéficié de moments de très grande popularité, notamment grâce à la résistance de George VI durant la Seconde Guerre mondiale. En 70 ans de règne, Elizabeth II a connu des moments plus difficiles, notamment après la mort de Lady Diana. Sa popularité a chuté considérablement avant qu’elle ne redresse la barre après quelques erreurs majeures de communication. Elle a terminé son règne avec une popularité très confortable, de l’ordre de 70% d’opinions favorables selon un sondage de l’Institut Yougov alors que Charles récoltait environ un bon tiers d’avis positifs quand on demandait aux Britanniques s’il serait un bon roi. Il entame son règne avec un déficit de popularité contrairement à sa mère qui a bénéficié du climat très positif de l’après-guerre".
Les querelles intrafamiliales et autres scandales – le dernier en date étant une plainte pour agression sexuelle contre le prince Andrew qui lui a valu d’être démis de ses titres militaires – ont fait le bonheur des revues spécialisées et de Netflix via sa série The Crown, sans jamais réellement mettre en danger la dynastie des Windsor.
Evénement rare
Le couronnement de Charles III et de Camilla Parker Bowles en tant que roi et reine consorts du Royaume-Uni et des quatorze autres royaumes du Commonwealth marque également les esprits par sa rareté. "Parmi ceux qui vont regarder le couronnement, il y a les monarchistes convaincus, de cœur pas seulement de raison, et les gens qui ne veulent pas rater ce moment historique sur le plan du spectacle. Un couronnement reste un événement rare et cette rareté peut expliquer une telle mobilisation".
Procession du couple royal en carrosse d’or, parade militaire, présence de têtes couronnées,... La cérémonie, même si elle a été quelque peu allégée, sera avant tout un grand spectacle s’articulant autour de traditions millénaires (chaise du roi Édouard Ier, couronne de saint Édouard, robe impériale, orbe du roi, sceptre,…). "Aucune autre monarchie d’Europe n’utilise tous ces régalias-là. La monarchie anglaise est la dernière monarchie à couronner son monarque en Europe", souligne Vincent Dujardin.