Sarah Ashton-Cirillo, l’Américaine transgenre qui terrorise les Russes sur le front ukrainien
Au cœur des tranchées ukrainiennes, une journaliste américaine n’a pas tardé à se faire un nom : Sarah Ashton-Cirillo, 45 ans, très active sur les réseaux sociaux, a même fini par rejoindre un bataillon de volontaires au sein duquel elle combat en tant que « medic ». Jusqu’ici, les médias ont vu en elle une personnalité intrépide, et accessoirement, « la première transgenre à couvrir la guerre en Ukraine ». Son passé révèle pourtant un parcours hors-norme, entre Las Vegas et l’Europe, où l’écrivaine en devenir s’est muée en véritable caméléon politique.
Publié le 03-05-2023 à 20h30
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Sur le front
Fin février dernier, quelque part sur le front est ukrainien, au fond d’une tranchée boueuse, un commandant filme sa subordonnée en plein milieu d’un combat intense face aux Russes. Celle-ci vient de se faire arracher une partie de la main par du shrapnel suite à un tir d’artillerie, mais ne semble pas sentir grand-chose. « Sarah, est-ce que ça va ? », demande le commandant en anglais. « Ouais, ça va », répond la soldate pendant qu’on lui bande la main. « Vous savez quoi, ils ne peuvent ni nous tuer, ni nous blesser. La victoire est à nous. Pourquoi ? Parce que Poutine va crever, et Prigojine (patron de Wagner, NDLR) aussi. Et ça », dit-elle en montrant son membre déchiqueté, « c’est un petit prix à payer. »
À l’époque, cela fait quelques semaines à peine que Sarah Ashton-Cirillo, journaliste américaine âgée de quarante-cinq ans, a débarqué sur le front, bien que son entrée formelle dans l’armée remonte à octobre 2022. « Quand nous sommes blessés nous devons tout documenter », explique-t-elle peu après son retour au front, en mars. « Et parce que je suis la « médic », normalement c’est moi qui m’en occupe, c’est pourquoi c’est mon supérieur qui filme. Quand il m’a demandé comment ça allait, je n’avais même pas conscience qu’il me filmait : j’étais tellement en colère que les Russes m’aient touchée, la guerre est soudainement devenue si personnelle dans la minute qui a suivi, que je crois avoir voulu lui montrer que je n’avais pas de commotion cérébrale, mais j’étais plus focalisée sur la guerre que jamais. »
Si la vidéo n’était pas destinée à être partagée sur les réseaux sociaux, on comprend instantanément le message qu’a voulu faire passer l’armée ukrainienne en l’autorisant finalement à la diffuser : « C’était une bonne façon de dire aux Russes d’aller se faire foutre », lance Sarah, dont les souvenirs demeurent intacts. « Je n’ai pas pu être évacuée pendant 7 heures », se remémore-t-elle. « J’étais assise dans la boue, je ne pouvais pas prendre d’antidouleur car si vous êtes dans la tranchée vous êtes encore censés pouvoir vous battre, et donc il faut avoir l’esprit clair. En l’occurrence, on était en plein milieu des combats. »
S’ensuivent 16 jours d’hospitalisation et une vilaine infection. Entretemps, la vidéo a cumulé plus de 6 millions de vues et elle, Sarah, est de retour au front. « Mes nerfs sont endommagés, une partie de ma main ne sent plus rien, et à cause des dégâts aux nerfs je ressens des douleurs autour de la blessure, mais j’ai récupéré toute ma dextérité et c’est l’essentiel », dit-elle.
Depuis lors, la notoriété de l’Américaine a grimpé en flèche, si bien qu’on a pu la voir sur de grandes chaînes américaines raconter son quotidien sur le front.