Guerre en Ukraine: le Kremlin accuse Kiev d'avoir voulu assassiner Poutine avec des drones (vidéo)

La Russie a affirmé ce mercredi 3 mai avoir abattu deux drones ukrainiens qui tentaient d'attaquer le Kremlin, dénonçant une tentative d'assassinat de Vladimir Poutine à quelques jours des célébrations militaires à Moscou.

AFP

La Russie a affirmé mercredi avoir abattu deux drones ukrainiens qui visaient le Kremlin à Moscou, dénonçant une tentative d'assassinat de Vladimir Poutine à quelques jours de grandes célébrations militaires.

L'Ukraine a affirmé qu'elle n'avait "rien à voir" avec cette attaque présumée, la plus spectaculaire attribuée à Kiev par la Russie sur son propre sol depuis le début du conflit en février 2022 et la première incursion signalée dans le coeur de la capitale russe.

Ces accusations surviennent sur fond de multiplication des attaques de drones et des sabotages ces derniers jours sur le territoire russe, au moment où Kiev dit achever ses préparatifs en vue d'une vaste offensive de printemps.

"La nuit dernière, le régime de Kiev a tenté de frapper le Kremlin" - l'un des lieux les plus sécurisés du monde -, a affirmé la présidence russe dans un communiqué.

Selon elle, deux engins qui tentaient d'atteindre le siège du pouvoir russe ont été mis "hors service" par des systèmes de guerre électronique. M. Poutine n'a pas été blessé et aucune victime, ni dégât n'était à déplorer.

"Nous considérons ces actions comme une tentative d'acte terroriste et un attentat contre la vie du président", a dénoncé le Kremlin. "La Russie se réserve le droit de prendre des mesures de représailles où et quand elle le jugera approprié", a-t-il ajouté.

Dans une vidéo diffusée par certains médias russes sur les réseaux sociaux, on voit un petit drone s'approcher des toits du Kremlin avant d'exploser. Une autre montre un panache de fumée s'élevant au-dessus de ce lieu pendant la nuit.

Il n'était pas possible de vérifier ces images de source indépendante dans l'immédiat.

Défilé du 9 mai

Si des drones se sont déjà écrasés dans la région de Moscou ces derniers mois, c'est la première fois qu'une incursion attribuée à l'Ukraine se produit dans une partie aussi centrale de la capitale russe, située à quelque 500 kilomètres de la frontière ukrainienne.

La tentative d'attaque rendue publique par le Kremlin s'est déroulée à quelques jours des célébrations du "Jour de la Victoire" - le 9 mai -, où la Russie marque en grande pompe la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945.

Plusieurs défilés militaires ont été annulés à travers la Russie en raison des préoccupations sécuritaires. La région de Briansk, frontalière de l'Ukraine, a ainsi annoncé mercredi renoncer aux grandes festivités, après deux sabotages spectaculaires qui ont fait dérailler deux trains ces derniers jours.

Le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a toutefois affirmé mercredi que le grand défilé militaire de la place Rouge à Moscou, le clou du spectacle, aurait bien lieu comme prévu, malgré l'attaque contre le Kremlin.

Le maire de la capitale, Sergueï Sobianine, a annoncé de son côté que les vols de drones au-dessus de sa ville seraient désormais interdits, sauf autorisation spéciale.

Les incidents impliquant des drones se sont multipliés ces derniers mois en Russie, ces engins ayant pris pour cible des bases militaires ou des infrastructures énergétiques.

Un dépôt de carburant a ainsi pris feu dans la nuit de mardi à mercredi en Russie à proximité de la Crimée annexée. Selon l'agence de presse officielle TASS, le sinistre a été provoqué par la "chute d'un drone".

Couvre-feu à Kherson

La multiplication de ces actions arrive à un moment où Kiev affirme avoir terminé ses préparatifs en vue d'une grande offensive de printemps contre les positions russes en Ukraine.

C'est dans ce contexte que les autorités ukrainiennes ont annoncé mercredi un couvre-feu de 58 heures à Kherson, près de la ligne de front dans le sud, à partir de vendredi soir pour permettre aux "forces de l'ordre de pouvoir faire leur travail".

La région de Kherson est souvent citée par les analystes comme l'un des théâtres possibles d'une offensive ukrainienne. La capitale régionale, Kherson, a été reprise en novembre par les troupes de Kiev mais est depuis régulièrement bombardée par les Russes.

Mercredi, deux frappes sur un supermarché et la gare de cette cité ont fait au moins quatre morts et plusieurs blessés, selon Kiev.

Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu mercredi en Finlande, un nouveau membre de l'Otan que Kiev cherche à rejoindre, pour un déplacement surprise.

Dans le même temps, à Bruxelles, la Commission européenne a présenté un instrument financier doté de 500 millions d'euros pour renforcer la capacité de production de munitions de l'Union européenne afin d'aider l'Ukraine face à l'offensive russe.

L'Ukraine nie tout implication dans l'attaque de drones

L'Ukraine "n'a rien à voir" avec l'attaque de drones sur le Kremlin, imputée par Moscou à Kiev, s'est défendue mercredi la présidence ukrainienne.

"Bien sûr, l'Ukraine n'a rien à voir avec les attaques de drones contre le Kremlin", a déclaré Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de Volodymyr Zelensky, dans un message transmis à des journalistes.

Plus tôt mercredi, la Russie avait affirmé avoir abattu deux drones ukrainiens qui tentaient d'attaquer le Kremlin à Moscou, dénonçant une tentative d'assassinat de Vladimir Poutine à quelques jours du grand défilé militaire du 9 mai.

"De tels propos mis en scène par la Russie doivent uniquement être considérés comme une tentative de préparer un contexte" pouvant servir de prétexte "dans l'optique d'une attaque terroriste d'ampleur en Ukraine", a encore dit Mykhaïlo Podoliak.

Pour lui, une telle attaque, si elle était effectuée par Kiev - ce qui constituerait une première depuis le début de l'invasion russe en février 2022 -, "ne résoudrait aucun problème militaire", quand Moscou contrôle toujours près de 20% du territoire ukrainien.

"Au contraire, cela inciterait la Russie à des actions encore plus radicales contre notre population civile", a-t-il fait valoir mercredi.

Selon ce conseiller de Volydymyr Zelensky, Moscou "a extrêmement peur du début des offensives de l'Ukraine le long de la ligne de front et essaie de quelque manière que ce soit de prendre l'initiative, de détourner l'attention".

Depuis plusieurs mois, l'Ukraine affirme vouloir mener une offensive d'ampleur pour reprendre les zones occupées par la Russie dans le sud et l'est de son territoire.

Ces derniers jours, Kiev a dit que les préparatifs en vue d'un tel assaut, attendu au printemps par les analystes, "touchaient à leur fin".

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