Alimentation et politique : comment le Nutri-Score nourrit la polémique en Italie
Depuis la rentrée 2022, un débat fait rage en Italie : faut-il imposer le Nutri-Score sur les produits de consommation et risquer de voir des produits traditionnels, comme le jambon de Parme, être “rabaissés” ? Tout le monde a son avis, y compris les politiciens.
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Publié le 27-03-2023 à 15h23 - Mis à jour le 27-03-2023 à 15h24
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Instauré en Belgique depuis 2019, le Nutri-Score, ce système d’information nutritionnel créé par Santé Publique France, pourrait devenir obligatoire dans les pays de l’Union européenne dans les prochains mois. Ce qui ne ravit pas tout le monde, à commencer par une partie de la population italienne.
“C’est une situation inacceptable”, résume David Granieri, un des représentants du secteur de l’huile d’olive, pour qui le Nutri-Score représente “une véritable agression contre les produits de qualité qui constituent le symbole du “Made in Italy”. Et ce, au mépris de toute preuve scientifique ainsi que du bon sens. Nous ne pouvons pas accepter qu’un produit, qui est symbole de la diète méditerranéenne, soit dégradé de la sorte. ”
Des gommettes vertes ou rouges sur les aliments, selon leurs qualités nutritivesDénonçant encore “un système” de notations “qui diabolise les traditions”, David Granieri et d’autres porte-parole du secteur alimentaire transalpin craignent que le Nutri-Score dévalue les productions locales aux yeux des consommateurs.
Près de la moitié des boissons pour enfants obtiennent un faible Nutri-ScoreDans une Italie où le fromage, l’huile d’olive et les sauces pour pâtes font partie d’un véritable art de vivre, voir ces aliments être notés par un organisme externe est donc difficilement envisageable. À tel point que le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, au pouvoir depuis octobre 2022 grâce à Giorgia Meloni, a même décidé d’en faire un cheval de bataille… contre l’Europe.
Refusant que l’UE lui impose d’utiliser le Nutri-Score, le gouvernement italien mène la fronde à Bruxelles depuis plusieurs mois à coups d’intox et de fake news. Exemple avec Francesco Lollobrigida, le ministre de l’Agriculture, qui reprochait notamment au système d’information nutritionnel français de favoriser les produits transformés au détriment des bons produits transalpins.
Reste que la révolte italienne a porté ses (premiers) fruits puisqu’elle a fini par convaincre d’autres pays membres de l’Union européenne, comme la Lettonie ou encore la Grèce. Résultat des courses ? La proposition de loi pour un Nutri-Score commun au sein de l’UE, qui devait être votée fin 2022 à l’origine, a été reportée.
“Nous examinons tous les systèmes d’étiquetage qui existent sur le continent européen”, avait alors déclaré la Commission européenne. “Aucun algorithme n’est parfait. ”