Retraites: "Prêt à endosser l'impopularité", Macron réaffirme devant les Français la "nécessité de cette réforme"
Réforme des retraites: le président Emmanuel Macron s'est adressé aux Français aux JT de 13h de TF1 et France 2 ce mercredi 22 mars 2023. Une réforme "nécessaire", un chef de l'État qui veut "réengager le discours social" et un Macron qui réaffirme "sa confiance" en sa Première ministre: voici ce qu'il faut retenir.
Publié le 22-03-2023 à 12h46 - Mis à jour le 22-03-2023 à 18h38
Le chef de l'Etat français a répondu aux questions de Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier en direct aux JT de 13h de TF1 et de France 2 ce mercredi, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation syndicale.
En vigueur d'ici la fin de l'année
Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi que sa réforme très contestée des retraites devait "entrer en vigueur d'ici la fin de l'année" car elle est "nécessaire", lors d'un entretien télévisé sur TF1 et France2 en pleine colère sociale.
Il faut que ce texte entre en vigueur d'ici la fin de l'année
"Cette réforme, elle est nécessaire ça ne me fait pas plaisir, j'aurais voulu ne pas la faire, mais c'est pour ça aussi que j'ai pris l'engagement de la faire", a déclaré le chef de l'Etat souhaitant une entrée en vigueur d'ici la fin de l'année "pour que les choses rentrent en place", et notamment que 1.8 million de retraités "commencent à être augmentés d'environ 600 euros par an en moyenne" et qu'"on commence à décaler l'âge légal de trois mois supplémentaires".
Macron revient sur l' "extrême violence" de "groupes"
Le président français est également revenu sur sa phrase polémique de mardi: "La foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus."
"Nous sommes une grande nation et un vieux peuple qui se dote de responsables qui ont une légitimité politique. Il y a des légitimités qui existent, (...) les syndicats, je les respecte", a déclaré Emmanuel Macron, assurant que l'exécutif a "essayé de tenir compte" des manifestations qu'ils ont orchestrées.
On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions
En revanche, "quand des groupes utilisent l'extrême violence pour agresser des élus de la République, (...) sans règles absolues, alors là ça n'est plus la République", a-t-il ajouté. "On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", mais face aux manifestations déclarées en revanche, "il faut écouter leur colère et y répondre".
"J'aurais aimé ne pas faire cette réforme"
"Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non. J'aurais pu mettre la poussière sous le tapis ? Oui", a convenu le président. Avant de regretter : "Nous n'avons pas réussi à partager la nécessité de faire cette réforme". "Il y a aujourd'hui 17 millions de retraites, en 2030 20 millions, peut-on continuer avec les mêmes règles ?", s'est-il interrogé.
Plus on va attendre, plus le régime se dégradera
"Plus on va attendre, plus le régime se dégradera. Cette réforme est nécessaire, ça ne me fait pas plaisir, j'aurais aimé ne pas la faire", a-t-il assuré. Il a passé en revue les alternatives qu'il a écartées : augmenter les impôts, puiser dans le budget d'autres domaines... "Cette réforme n'est pas un luxe ni un plaisir, c'est une nécessité pour le pays", a-t-il insisté.
Âge de la retraite : la France vise 64 ans dès 2030, qu’en est-il en Europe et dans le monde ?Regret qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis
"On peut prendre ses responsabilités (...) sur les fondamentaux d'une réforme", a maintenu le chef de l'État. "Notre système, nous devons le réformer, je le fais en responsabilité", a-t-il insisté, saluant des soutiens parmi les oppositions, dont "la majorité au Sénat" et "plusieurs élus de l'opposition venant de la droite républicaine" qui ont refusé de voter la motion de censure. "Je regrette qu'aucune organisation syndicale n'ait proposé de compromis", a-t-il ajouté.
Nous devons avancer, c'est l'intérêt supérieur de la nation
La seule erreur qu'il ait commise, c'est de "ne pas avoir réussi à convaincre", mais "il y a une tendance dans nos démocraties à vouloir s'abstraire d'un principe de réalité", a poursuivi Emmanuel Macron. "Nous devons avancer, c'est l'intérêt supérieur de la nation.
Prêt "à endosser l'impopularité"
En pleine crise politique et sociale, le chef de l'État se dit prêt "à endosser l'impopularité"
Je ne cherche pas à être réélu, s'il faut endosser l'impopularité, je le ferai
Face à la grogne sociale et en grande difficulté politique, le président se dit "prêt à endosser l'impopularité". "Entre les sondages, le court terme et l’intérêt général du pays je choisis l’intérêt général", argumente le président de la République.
"Une contribution exceptionnelle" sur "des profits exceptionnels"
Le président annonce "une contribution exceptionnelle" sur "des profits exceptionnelles" qui "ne sera pas" une taxe sur les super profits.
Emmanuel Macron a cité les grandes groupes qui parviennent à "racheter leurs propres actions" grâce à leurs profits. Ces entreprises doivent "distribuer davantage à leurs salariés", estime le chef de l'État.
Réengager le dialogue social
Face à la colère des syndicats, le président appelle à "réengager" le dialogue sur les conditions de travail
Le président veut "réengager" un dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail.
Cet objectif s'annonce très ambitieux alors que le dialogue est rompu depuis des semaines entre l'Élysée et les syndicats.
Macron réaffirme sa confiance en Elisabeth Borne
La Premère ministre "a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale", a lancé le président de la République.
Elisabeth Borne a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale
Élisabeth Borne a échappé à seulement 9 voix près à une motion de censure pour renverser son gouvernement.
"Élargir" la majorité" pour lancer de nouvelles réformes
La Première ministre a décidé d'avoir recours au 49.3, "c'est un geste très solennel, elle a pris ses responsabilités avec le gouvernement", a estimé Emmanuel Macron. Suite à l'échec des motions de censure, "il a été montré qu'il n'y avait pas de majorité alternative", a-t-il assuré. En revanche, "il y a des individualités politiques prêtes à travailler avec la majorité", a-t-il salué.
Quant à Elisabeth Borne, elle a pour mandat de "continuer à élargir cette majorité autant qu'elle le pourra", a-t-il assuré. La Première ministre a toujours la confiance d'Emmanuel Macron : "elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale, et je lui ai demandé de bâtir un programme législatif et de gouvernement (...) pour avoir moins de textes de loi et avoir des textes plus courts et plus clairs, et changer les choses pour nos compatriotes de manière tangible, car tout ne passe pas par la loi". Elle