Guerre en Ukraine: le chef de la CIA "convaincu" que Pékin envisage d'envoyer des armes à la Russie
Le directeur de la CIA William Burns s'est dit "convaincu" dimanche que la Chine envisageait de fournir des armes à la Russie dans sa guerre en Ukraine, mais les États-Unis ne disposent d'aucune indication qu'une décision ait été prise ou que du matériel ait été livré.
Publié le 26-02-2023 à 16h53 - Mis à jour le 26-02-2023 à 18h47
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"Nous sommes convaincus du fait que les dirigeants chinois envisagent de fournir du matériel létal" à la Russie, a déclaré M. Burns dans une interview à la chaîne CBS diffusée dimanche.
Mais, a-t-il ajouté, "nous n'avons pas constaté qu'une décision définitive ait été prise" et "nous n'avons pas constaté de preuves qu'ils aient livré" des armes à la Russie.
Un an de guerre en Ukraine: Pékin appelle au dialogue, rejette tout recours à l'arme nucléaireLes États-Unis accusent depuis une semaine la Chine d'envisager de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, ce que dément Pékin. Selon des informations de presse, dont celles du Wall Street Journal, il s'agirait de drones et de munitions notamment.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken en a directement fait part au plus haut diplomate chinois Wang Yi lors d'une rencontre tendue samedi dernier à Munich en marge d'une conférence sur la sécurité. Washington estime que la Chine fournit déjà du matériel non létal à la Russie via des entreprises chinoises.
De son côté, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a assuré dimanche sur CNN que les États-Unis restaient "vigilants" à cet égard et réaffirmé la mise en garde de Washington à Pékin contre les "conséquences" d'une telle fourniture d'armes.
"Nous allons continuer à envoyer un message de fermeté selon lequel envoyer de l'aide militaire à la Russie en ce moment (...) serait une grave erreur et la Chine devrait ne pas y prendre part", a-t-il dit.
Selon lui, la guerre en Ukraine pose de "sérieuses complications" pour les Chinois mais si Pékin décidait de franchir le pas et de fournir des armes à Moscou, cela engendrerait de "vrais coûts" pour elle.
Le patron de la CIA s'inquiète des liens de plus en plus étroits entre Téhéran et Moscou
La Russie envisagerait d'aider l'Iran avec son programme de missiles et de lui fournir des avions de combat, a souligné dimanche le chef de la CIA, William Burns, s'inquiétant d'une "dangereuse" escalade dans la coopération militaire entre Téhéran et Moscou.
"Ce que nous constatons également, ce sont des signes selon lesquels la Russie propose d'aider les Iraniens avec leur programme de missiles et envisage aussi la possibilité de procurer à l'Iran des avions de combat", a déclaré Bill Burns dans une rare interview diffusée sur la chaîne CBS.
Cette coopération militaire s'accélère "dans une direction qui est très dangereuse dans la mesure où l'on sait que les Iraniens ont déjà fourni des centaines de drones armés aux Russes, qu'ils utilisent pour faire souffrir les civils ukrainiens" et toucher les infrastructures, a-t-il affirmé.
"Nous savons aussi qu'ils (les Iraniens) ont fourni des munitions pour l'artillerie et les chars", a ajouté le patron du renseignement américain.
"Cela pose des risques évidents pas seulement pour le peuple d'Ukraine (...) mais aussi pour nos amis et partenaires à travers le Moyen-Orient", a-t-il dit en parlant d'une coopération militaire qui se renforce à "un rythme inquiétant".
"Nous pensons que la Russie pourrait fournir des avions de combat" à Téhéran, avait déjà déclaré vendredi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
Interrogé par ailleurs sur l'avancement du programme nucléaire iranien, William Burns a assuré que les États-Unis "ne pensaient pas que le leader suprême en Iran ait encore pris la décision de reprendre la militarisation du programme (nucléaire), qui selon nos estimations a été suspendu ou terminé fin 2003".
Toutefois, a-t-il dit, le programme d'enrichissement d'uranium "progresse vite à tel point qu'il leur suffirait de quelques semaines pour atteindre les 90%, s'ils décidaient de franchir cette ligne".
L'Agence internationale pour l'énergie atomique a récemment indiqué être en discussions avec l'Iran après la publication d'une dépêche de l'agence de presse Bloomberg indiquant, sur la base de deux sources diplomatiques, que des inspecteurs de l'AIEA avaient décelé des niveaux d'enrichissement à 84%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique.
M. Burns s'est également inquiété de l'accélération du programme de missiles iraniens.
Les négociations afin de ranimer l'accord conclu en 2015 pour limiter les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales sont au point mort. L'accord, connu sous l'acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.