Un an de guerre en Ukraine: Pékin appelle au dialogue, rejette tout recours à l'arme nucléaire

Le gouvernement chinois a appelé la Russie et l'Ukraine à reprendre le dialogue et rejeté tout recours à l'arme nucléaire, dans un document en 12 points publié vendredi, un an après le début du conflit.

FILE - Chinese President Xi Jinping, left, and Russian President Vladimir Putin pose for a photo on the sidelines of the Shanghai Cooperation Organization (SCO) summit in Samarkand, Uzbekistan, Thursday, Sept. 15, 2022. (Alexandr Demyanchuk, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP, File)
Xi Jinping et Vladimir Poutine ©Copyright 2022 Sputnik

"Toutes les parties doivent soutenir la Russie et l'Ukraine pour travailler dans la même direction et reprendre le dialogue direct aussi vite que possible", estime le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le ministère affirme aussi que "l'arme nucléaire ne doit pas être utilisée", alors que le président russe Vladimir Poutine a brandi cette menace.

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"L'arme nucléaire ne doit pas être utilisée et il ne faut pas se livrer à une guerre nucléaire. Il faut s'opposer à la menace ou au recours à l'arme nucléaire", stipule le document intitulé "Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne".

La Chine demande par ailleurs aux deux pays d'éviter toute attaque contre des civils.

"Les parties (impliquées) dans le conflit doivent se conformer strictement au droit humanitaire international, éviter d'attaquer des civils ou des bâtiments civils", souligne le ministère.

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Cette guerre constitue un dossier délicat pour Pékin, en raison de ses forts liens diplomatiques et économiques depuis plusieurs années avec Moscou, consolidés par l'intérêt commun de faire contrepoids à Washington.

La Chine s'était dite mardi "très inquiète" du conflit qui "s'intensifie et devient même hors de contrôle".

Officiellement neutre, la Chine appelle à respecter la souveraineté des Etats, y compris de l'Ukraine, tout en exhortant la communauté internationale à prendre en compte les préoccupations de Moscou en matière de sécurité.

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La Chine réaffirme sa position neutre vis-à-vis du conflit en Ukraine

Respect de la souveraineté, appel au dialogue, refus du recours à l'arme nucléaire: la Chine a dévoilé vendredi un document réaffirmant sa position sur l'invasion de l'Ukraine, déclenchée il y a un an exactement.

Organisé en 12 points, le document présente Pékin comme un acteur neutre appelant les deux parties à entamer des pourparlers de paix. Mais cette neutralité a été questionnée par les États-Unis et d'autres alliés de l'Ukraine. Ces derniers jours, Washington a déclaré que Pékin envisageait de fournir des armes à la Russie, ce que la Chine a vivement démenti.

Voici les principaux points du document publié vendredi.

La Chine indique d'abord que "la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement défendues". Pékin a toujours refusé d'affirmer clairement que la Russie était en tort dans le cas spécifique du conflit en Ukraine, déclenché par l'invasion des forces russes sur le territoire ukrainien.

Ensuite, la Chine appelle la Russie et l'Ukraine à tenir des pourparlers de paix, soulignant que "le dialogue et la négociation sont la seule solution viable".

Le document s'oppose également à tout recours à l'arme nucléaire: "il faut empêcher la prolifération nucléaire et une crise nucléaire." Cette prise de position survient après les déclarations, mardi, du président russe Vladimir Poutine qui a annoncé la suspension du traité New Start, dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et visant à limiter leurs arsenaux nucléaires.

La Chine "s'oppose à la recherche, au développement et à l'usage d'armes chimiques et biologiques par tout pays et en toutes circonstances", rappelle-t-elle vendredi.

Les deux camps "doivent se conformer strictement au droit humanitaire international, éviter d'attaquer des civils ou des bâtiments civils", ajoute-t-elle.

Dans une critique voilée à l'adresse de l'Otan, on peut également lire dans le document que "la sécurité d'une région ne devrait pas être obtenue en renforçant ou en élargissant des blocs militaires", et que "les intérêts et inquiétudes légitimes de tous les pays en termes de sécurité doivent être pris au sérieux".

Le ministère chinois des Affaires étrangères a souvent blâmé, ces derniers mois, Washington et ses alliés pour leur fourniture d'armes et d'équipements à l'Ukraine.

Vendredi, la Chine critique aussi les sanctions unilatérales imposées à Moscou: elles "ne peuvent pas résoudre le problème, seulement créer de nouveaux problèmes".

Par ailleurs, Pékin appelle aussi à protéger l'économie mondiale de l'impact du conflit en Ukraine, notamment en préservant l'Initiative céréalière de la mer Noire, un accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes malgré la situation.

Enfin, et autre priorité selon la Chine: "maintenir la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement", et pour cela toutes les parties impliquées doivent "s'opposer à l'utilisation de l'économie mondiale comme outil ou arme à des fins politiques."


La Chine envisage de produire des "drones kamikazes" pour la Russie en Ukraine

La Chine envisage de démarrer une production à grande échelle de drones d'attaque "kamikazes" pour le compte de l'armée russe en vue d'une possible utilisation en Ukraine, affirme l'hebdomadaire allemand Der Spiegel publié vendredi.

Des négociations en ce sens ont été entamées entre les responsables militaires russes et le fabricant chinois de drones Xi'an Bingo Intelligent Aviation Technology, indique le journal, sans citer de source.

Bingo se serait dit prêt à produire dans un premier temps 100 drones du type ZT-180, de les tester et de les livrer d'ici le mois d'avril prochain au ministère russe de la Défense.

Ce modèle de drone est similaire aux drones Shahed 136 fabriqués en Iran, selon des experts militaires interrogés par le journal, et peut transporter une charge explosive de 35 à 50 kilogrammes.

Dans un deuxième temps, le fabricant chinois, contrôlé par l'armée chinoise, envisage de transférer à la Russie des composants et son savoir-faire afin qu'une production de drones puisse commencer localement, affirme Der Spiegel. Cela pourrait alors permettre à Moscou de produire lui-même 100 drones de ce type par mois, ajoute-t-il.

Interrogé par l'hebdomadaire allemand, le ministère chinois des Affaires étrangères n'a pas directement réagi aux informations du journal mais a estimé que "les États-Unis sont la principale source d'armement pour le champ de bataille en Ukraine. "Mais ils affirment à intervalles réguliers que la Chine pourrait livrer des armes à la Russie. C'est une manœuvre bien connue", a indiqué un porte-parole du ministère via un communiqué transmis par l'ambassade de Chine en Allemagne.


UE et Otan circonspects par rapport au "plan" de la Chine

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l'Otan, en visite à Tallinn en Estonie vendredi, ont réagi avec circonspection au "plan de paix" de la Chine.

"Ce n'est pas un plan de paix, mais des principes, qu'il faut regarder dans un certain contexte, qui est que la Chine a choisi son camp en signant par exemple une amitié illimitée (avec la Russie) juste avant l'invasion", a réagi en conférence de presse la présidente de la Commission européenne. À ses côtés, Jens Stoltenberg a souligné que "la Chine n'a pas beaucoup de crédibilité, car elle n'a pas été capable de condamner l'invasion illégale de l'Ukraine".

Pour le secrétaire général de l'Otan, apporter un soutien militaire à l'Ukraine comme le font les Européens et les Alliés contribue à créer un terrain propice à une solution de paix négociée, vu que le président russe Vladimir Poutine "ne se prépare pas à la paix mais à davantage de guerre". "Le plus probable est que cette guerre, à un moment, finisse à une table de négociation. Mais si nous voulons une solution de paix, nous devons nous rendre compte que ce qui se passe autour de cette table dépend totalement des forces et de la situation sur le champ de bataille. Si nous voulons une solution de paix négociée, avec l'Ukraine en tant que nation souveraine et indépendante, nous devons soutenir l'Ukraine militairement maintenant. C'est le seul moyen de créer les conditions dans lesquelles le président Poutine réalisera qu'il ne gagnera pas sur le champ de bataille et doit venir s'asseoir (à la table des discussions). Le soutien militaire d'aujourd'hui est la voie pour arriver à un accord de paix demain".

Une porte-parole de la Commission européenne a encore souligné vendredi midi qu'aux yeux de l'UE, le document avancé par Pékin "ne tient pas compte de qui est l'agresseur et qui est agressé".

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