Un an de guerre en Ukraine: "2023 sera l'année de notre victoire", déclare Zelensky
L'Ukraine a affirmé vendredi tout faire pour "remporter la victoire cette année" contre la Russie, annonçant une contre-offensive prochaine, le jour du premier anniversaire de l'invasion du pays par l'armée russe.
Publié le 24-02-2023 à 08h43 - Mis à jour le 24-02-2023 à 13h44
A Moscou, l'ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a lui aussi juré la "victoire", y allant de sa menace, disant la Russie prête à aller jusqu'aux "frontières de la Pologne".
"Nous sommes forts. Nous sommes prêts à tout", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky au cours d'une adresse à la nation dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux
"L'Ukraine a surpris le monde. L'Ukraine a inspiré le monde. L'Ukraine a uni le monde", a-t-il ajouté, assis à un bureau dans un clair-obscur, vêtu d'un pull noir frappé des armoiries de l'Ukraine, un trident jaune.
Tout aussi déterminé, le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov a lui promis de frapper la Russie dans "les airs, sur terre, en mer et dans le cyberespace".
"Il y aura notre contre-offensive. Nous travaillons dur pour la préparer", a-t-il dit.
M. Zelensky a encore cité les villes, occupés ou non, qui ont connu les combats voire des massacres: "Kharkiv, Tcherniguiv, Marioupol, Kherson, Mykolaïv, Gostomel, Volnovakha, Boutcha, Irpin, Okhtyrka. Villes Héros. Les capitales de l'invincibilité".
Solidarité
"Nous n'aurons jamais de repos tant que les meurtriers russes ne seront pas punis. Par le tribunal international, par le jugement de Dieu ou par nos soldats", a lancé le président ukrainien.
Ce vendredi, le président Zelensky est encore attendu avec une conférence de presse, tandis que des cérémonies locales sont prévues notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev, théâtre d'un massacre de civils imputé aux troupes russes.
Dans le monde, le ton était à la solidarité avec l'Ukraine.
"Le 24 février, des millions d'entre nous ont fait un choix. Pas de drapeau blanc (symbolisant la reddition, NDLR) mais un drapeau bleu et jaune (aux couleurs de l'Ukraine, NDLR). Faire face au lieu de fuir. Résister et combattre", souligne dans son message Volodymyr Zelensky. "C'était une année de douleur, de tristesse, d'espoir et d'unité. Mais nous sommes restés invaincus. 2023 sera l'année de notre victoire", a-t-il conclu.
Un an de guerre: que deviennent les armes belges une fois en Ukraine ?L'Assemblée générale de l'ONU a exigé jeudi un retrait "immédiat" des troupes russes, votant à une majorité écrasante une résolution appelant à une paix "juste et durable". Mais il y a eu des abstentions notables, à commencer par la Chine, alliée de la Russie.
L'Otan s'est dite "résolue à aider l'Ukraine" face à la Russie, qui "n'est pas parvenue à briser la détermination du peuple ukrainien".
Le président Emmanuel Macron a adressé vendredi un message de "solidarité" aux Ukrainiens: "La France se tient à vos côtés". Vladimir Poutine "n'atteindra pas ses objectifs impérialistes" en Ukraine, a abondé le chancelier allemand Olaf Scholz.
A Paris, la Tour Eiffel a été illuminée dès jeudi soir aux couleurs jaune et bleu du drapeau ukrainien. A Londres, une minute de silence et une prière en présence de députés et diplomates auront lieu avant une marche jusqu'à l'ambassade russe.
L'Ukraine est entrée vendredi dans sa deuxième année de guerre contre les forces russes, marquant le premier anniversaire d'une invasion face à laquelle elle a affiché une résistance acharnée et, aidée des Occidentaux, infligé des revers inattendus à Vladimir Poutine.
Les troupes russes ont pénétré sur le territoire ukrainien au petit matin du 24 février 2022, lançant le pire conflit que l'Europe a connu depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Un an plus tard, des villes ukrainiennes ont été réduites en champs de ruines, une partie du pays est sous occupation russe et les deux camps comptent chacun plus de 150.000 tués ou blessés, selon des estimations occidentales.
Mais l'armée ukrainienne a forcé le Kremlin à renoncer à Kiev au printemps, puis à l'été et à l'automne a repoussé l'envahisseur dans le nord-est et dans le sud. Depuis, le front s'est stabilisé, mais les deux camps préparent de nouvelles offensives.
Outre la Crimée annexée en 2014, la Russie revendique désormais comme sienne quatre autres régions de l'est et du sud ukrainien.
"En finir"
Vladimir Poutine a lui fustigé cette semaine les Occidentaux, qu'il accuse de mener une guerre par procuration pour "en finir" avec la Russie.
Loin de reculer, il a juré mercredi de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine, y revendiquant encore une fois des "terres historiques" russes.
Un an de conflit en Ukraine: la guerre de la communicationMalgré les difficultés sur le front, les pertes et la mobilisation, l'anniversaire de la guerre risque de faire peu de vagues en Russie, où toute critique envers l'armée est sévèrement réprimée et l'opposition est emprisonnée ou en exil.
La Russie espère toujours conquérir les quatre régions partiellement occupées dont elle a revendiqué l'annexion et où se concentrent les combats, notamment autour de la ville-forteresse de Bakhmout, qui tient bon malgré des avancées russes récentes.
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé vendredi que ses troupes avaient pris la localité ukrainienne de Berkhivka, juste au nord de Bakhmout,
Les Occidentaux ont depuis un an adopté une pluie de sanctions contre Moscou, visant ses revenus gaziers et pétroliers, son secteur bancaire, aérien et l'industrie de la Défense. Et ils ont offert plus de 128 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine, selon le Kiel Institute for the World economy.
Jeudi, Washington a annoncé une nouvelle aide militaire de deux milliards de dollars à l'Ukraine, sans donner de détails.
Et d'autres sanctions sont en préparation, car jusqu'ici l'économie russe a su s'adapter.
La Russie remportera "la victoire", prête à aller jusqu'aux "frontières de la Pologne"
L'ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a juré vendredi la "victoire" de la Russie face à l'Ukraine. Il a assuré, pour le premier anniversaire de l'offensive en Ukraine, que son pays était prêt à aller jusqu'aux frontières de la Pologne.
"Nous atteindrons la victoire. Nous voulons tous que cela se produise le plus vite possible. Et ce jour viendra", a-t-il dit dans un message publié sur Telegram.
Il faut "repousser les frontières des menaces contre notre pays le plus loin possible, même s'il s'agit des frontières de la Pologne" voisine de l'Ukraine, a ajouté Dmitri Medvedev.
Cela suppose que la Russie s'empare de l'intégralité du territoire ukrainien, ce qui semblait être l'objectif initial de son offensive. Mais après avoir échoué aux portes de Kiev et avoir essuyé revers sur revers, l'armée russe se concentre désormais sur l'est et le sud de l'Ukraine.
Dmitri Medvedev, qui était autrefois une figure plutôt libérale au sein du régime russe, est devenu l'un des partisans les plus acharnés de l'offensive contre l'Ukraine, multipliant les déclarations au vitriol contre Kiev et ses alliés occidentaux.
Dans son message vendredi, il a de nouveau qualifié le gouvernement ukrainien de "néonazi" qui commet un "génocide" contre les russophones d'Ukraine, l'une des multiples accusations infondées ayant servi de prétexte au Kremlin pour attaquer son voisin.
Dmitri Medvedev a aussi évoqué vendredi les "négociations" qui se tiendront selon lui après la "victoire" russe. Celles-ci seront "difficiles et tendues" et les décisions côté ukrainien seront "prises par-delà les océans, par ceux qui livrent des armes à Kiev et lui envoient de l'argent pour maintenir à flot l'économie ukrainienne, ou ce qu'il en reste", a-t-il affirmé.
Vladimir Poutine n'a pas prévu de faire d'adresse à la nation vendredi pour marquer le premier anniversaire de son offensive en Ukraine, a déclaré aux agences russes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
L'Otan réaffirme son soutien à l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra"
L'Otan s'est déclarée vendredi "résolue à aider l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra" pour qu'elle l'emporte face à la Russie, qui "n'est pas parvenue à briser la détermination du peuple ukrainien" en un an de guerre.
La Russie doit mettre fin "immédiatement" à sa "guerre illégale" qui a un impact sur les approvisionnements alimentaire et énergétique mondiaux, ont affirmé les trente pays alliés et les deux "invités (Finlande et Suède) dans une déclaration du Conseil de l'Atlantique nord (CAN, la plus haute instance de l'Otan) au premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par son voisin.
"Alors que l'Ukraine se défend face à l'invasion russe, nous intensifions encore le soutien politique et pratique que nous lui apportons, et nous continuerons de la soutenir aussi longtemps qu'il le faudra pour qu'elle l'emporte. À cette fin, l'Otan continuera de travailler en concertation étroite avec les parties concernées, notamment les organisations internationales, en particulier l'Union européenne, et les pays partageant nos valeurs", ajoute le texte.
"Nous demeurons résolus à aider l'Ukraine dans les efforts de longue haleine qu'elle déploie pour garder sa liberté et préserver sa démocratie. Nous réaffirmons notre attachement indéfectible à l'indépendance de l'Ukraine, à sa souveraineté et à son intégrité territoriale à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Nous soutenons pleinement l'Ukraine dans le droit naturel qui est le sien de se défendre et de choisir elle-même ses arrangements de sécurité", ajoutent les alliés.
Ils exigent également que la Russie réponde de ses "crimes de guerre" et "autres atrocités", qui "ne sauraient rester impunis".
"Tous les auteurs d'exactions ou d'atteintes aux droits de la personne et au droit international humanitaire, en particulier contre la population civile ukrainienne, notamment ceux qui se livrent à la déportation d'enfants ou à des violences sexuelles liées au conflit, devront répondre de leurs actes", affirme la déclaration.