Guerre en Ukraine: Poutine suspend un traité nucléaire et s'emporte contre l'Occident
Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, aggravant la rupture avec l'Occident qu'il accuse d'avoir provoqué une escalade du conflit en Ukraine.
Publié le 21-02-2023 à 16h55 - Mis à jour le 21-02-2023 à 17h15
:focal(379x261:389x251)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IKMI3WG46NGARH2YPNELGVCLO4.jpg)
Dans un discours d'une heure et quarante-cinq minutes rappelant l'époque de la Guerre froide par sa virulente rhétorique anti-occidentale, M. Poutine a aussi juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine.
Duel à distance ? Le président américain Joe Biden devait lui aussi faire une allocution très attendue, à Varsovie, où il se trouve après une visite surprise à Kiev lundi à l'occasion de laquelle il a encore promis des armes aux Ukrainiens.
Au cours d'une rencontre avec des responsables polonais mardi, M. Biden a assuré qu'un an après le début de l'offensive russe en Ukraine, l'Otan était "plus forte que jamais" et s'est réjoui de son soutien "inébranlable" à Kiev.
Le même jour, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé que les pays membres de l'UE allaient puiser dans leurs stocks pour accélérer les fournitures d'armes et de munitions à l'Ukraine.
"Irresponsable", dit Washington
Mais en attendant le discours de M. Biden prévu pour vers 16H30 GMT, c'est bien M. Poutine qui a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires.
"Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start", a déclaré le président russe.
Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires.
M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir "prêtes à réaliser des essais d'armes nucléaires", au cas où les Etats-Unis en feraient en premier.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a qualifié la décision de la Russie sur New Start de "très décevante et irresponsable", tout en assurant que les Etats-Unis "restent prêts à discuter sur les armes stratégiques" avec Moscou.
Une mesure russe que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a pour sa part dit "regretter".
"Sans pitié"
M. Poutine a aussi juré de remplir "pas à pas, soigneusement et méthodiquement" les objectifs de son offensive en Ukraine qui a été marquée ces derniers mois par une série de revers militaires humiliants pour Moscou mais aussi, plus récemment, par de petites avancées dans l'est.
Les Occidentaux veulent "en finir avec nous une bonne fois pour toutes", a tonné M. Poutine, accusant Washington et ses alliés européens de porter "la responsabilité de l'attisement du conflit ukrainien et de ses victimes".
"Mais ils ne sont pas sans savoir qu'il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille", a ajouté le maître du Kremlin.
Pendant le discours, les forces russes ont bombardé des immeubles à Kherson (sud de l'Ukraine), tuant au moins cinq civils, selon les autorités ukrainiennes.
La Russie "tue sans pitié la population civile", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les images diffusées après cette frappe montrent des corps, l'un recouvert par une bâche pour le cacher, gisant au sol à proximité d'un arrêt de bus et un supermarché détruit.
Evoquant les sanctions qui frappent la Russie, M. Poutine a estimé mardi que les Occidentaux n'étaient "arrivés à rien" et n'arriveraient à rien, l'économie russe ayant résisté mieux que prévu.
Signe que la répression interne accompagnant l'offensive militaire risque de s'aggraver, le chef de l'Etat russe a aussi averti que "ceux qui ont choisi de trahir la Russie" devaient "être tenus pour responsables devant la loi".
Soutien militaire chinois ?
Dans la lignée de ses litanies présentant l'Amérique et l'Europe comme "décadentes", Vladimir Poutine a également accusé les Occidentaux d'avoir érigé "la perversion et la maltraitance des enfants, jusqu'à la pédophilie (...) en norme".
Sans même attendre la fin de son discours, la Maison Blanche a dénoncé l'"absurdité" de la rhétorique anti-occidentale du président russe.
"Personne n'attaque la Russie. Il y a une sorte d'absurdité dans l'idée selon laquelle la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l'Ukraine ou de qui que ce soit d'autre", a dit aux journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Les Occidentaux ont par ailleurs exprimé cette semaine leurs inquiétudes - réitérées mardi par Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg - face à la possibilité que la Chine, alliée à la Russie, lui livre des armes, une éventualité balayée par Pékin.
Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi est quant à lui arrivé à Moscou et devait s'entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov mercredi.
Mardi, la Chine a appelé à "promouvoir le dialogue" en Ukraine, se disant "très inquiète" du conflit qui "s'intensifie et devient même hors de contrôle".