Séisme de magnitude 7,8 en Turquie et Syrie: plus de 2.300 morts
Un séisme de magnitude 7,8 a frappé lundi le sud de la Turquie et la Syrie voisine, tuant plus de 2.300 personnes dans les deux pays et provoquant de très importants dégâts, les secousses ayant été ressenties jusqu’en Égypte et en Irak.
Publié le 06-02-2023 à 06h41 - Mis à jour le 06-02-2023 à 16h56
Près de 1.500 morts en Turquie
Selon l'AFAD, organisme public turc de gestion des catastrophes, les séismes ont fait 1.498 morts et au moins 8.533 blessés.
2.834 immeubles se sont effondrés, ce qui laisse redouter des bilans encore plus lourds qui s'ajoutent aux centaines de morts en Syrie voisine.
”Ma sœur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris”, a raconté à l’AFP Muhittin Orakci qui attendait les opérations de secours devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.
”Sa sœur est toujours sous les débris”, a indiqué une femme en montrant une autre victime qui pleure à Diyarbakir.
Le bilan risque d’évoluer rapidement compte tenu du nombre d’immeubles effondrés dans les villes touchées, comme à Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment.
Un séisme d’une profondeur de 18 kilomètres
À Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu en pleine nuit à 4H17 locales (1H17 GMT), selon l’institut sismologique américain USGS, à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres.
L’épicentre se situe dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.
50 répliques ont été enregistrées en Turquie, selon l’Afad.
Les intempéries bloquent tout
Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.
”Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres”, a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV.
Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.
Plus au sud, toujours selon NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au 6e siècle, s’est partiellement effondrée.
En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont ruant dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles, ainsi qu’au Liban voisin où les secousses ont été fortement ressenties.
Aide internationale
Le président turc, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l’élection du 14 mai qui s’annonce très serrée, a appelé à l’union nationale.
”Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible”, a-t-il tweeté.
L’Union européenne, dont de nombreux États membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours.
”Nous suivons, bouleversés, les nouvelles du séisme dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie. Le nombre de morts ne cesse d’augmenter. Nous pleurons avec les familles et tremblons pour les personnes ensevelies”, a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les États-Unis, la Russie, Israël et l’Ukraine ont également offert leur aide.
L’Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, selon l’agence officielle turque Anadolu.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé lundi avoir "approuvé" l'envoi d'aide à la Syrie, frappée par un séisme meurtrier, après une demande de Damas reçue via des canaux "diplomatiques", une information rapidement démentie par le régime syrien.
Israël "a reçu une requête provenant d'une source diplomatique pour de l'aide humanitaire en Syrie et je l'ai approuvée", a déclaré M. Netanyahu devant les députés de son parti, le Likoud.
L'aide sera envoyée sous peu, a-t-il précisé. Son bureau a refusé de donner plus de détails concernant la "source diplomatique".
Peu après l'annonce de M. Netanyahu, une source officielle syrienne a "nié et fait fi des allégations des responsables israéliens", concernant une demande d'aide.
"Comment la Syrie pourrait-elle demander l'aide d'une entité qui a tué et participé au meurtre de Syriens au cours des décennies et années passées ?", a ajouté la source.
La Syrie ne reconnaît pas l'existence d'Israël, et les deux pays sont toujours en état de guerre.
810 morts et 2.315 blessés en Syrie
Le bilan provisoire des victimes du séisme lundi en Syrie, dont l'épicentre se situe en Turquie voisine, continuait de monter dans la journée, s'élevant désormais à 810 morts selon de nouveaux chiffres du ministère syrien de la Santé et de secouristes en zones rebelles.
Selon un bilan provisoire du ministère de la Santé, cité par l'agence officielle Sana, 430 personnes ont été tuées et 1.315 autres blessées dans les provinces d'Alep, Lattaquié, Hama et Tartous, sous contrôle du régime.
Un précédent bilan du ministère avait fait état de 371 morts et 1.089 blessés.
L'agence Sana a diffusé des images montrant d'importantes destructions dans plusieurs villes, dont Lattaquié sur la côte méditerranéenne, où des bâtiments entiers se sont effondrés.
À Alep (nord), deuxième ville de Syrie et qui a subi de lourdes destructions au cours d'une décennie de guerre, au moins 46 bâtiments se sont effondrés, faisant 156 morts, selon les autorités locales citées par Sana.
À Hama (centre), un immeuble de huit étages où se trouvaient environ 125 résidents s'est effondré, a déclaré à l'AFP une source du Croissant-Rouge syrien. Les secours s'affairaient à sortir victimes et blessés des décombres.
Le ministère syrien de l'Education a annoncé de son côté la fermeture des écoles dans toutes les régions contrôlées par le pouvoir jusqu'à la fin de la semaine.
La raffinerie de Banyas est hors service, a annoncé le ministère syrien des Transports.
Dans les zones rebelles, les secouristes des Casques Blancs ont fait état de 380 morts et plus d'un millier de blessés, ajoutant que ce bilan risquait d'augmenter, "des centaines de familles étant sous les décombres".
L'organisation, qui opère dans des zones contrôlées par des factions jihadistes et rebelles, a averti que ses équipes étaient confrontées à de "grandes difficultés", réclamant du "matériel lourd de secours".
Les Casques Blancs ont évoqué l'effondrement total de plus de 133 bâtiments et 272 autres de manière partielle, auxquels s'ajoutent des milliers de bâtiments fissurés dans le nord-ouest de la Syrie.
D'importants dégâts ont également été constatés dans les zones les plus proches de la frontière avec la Turquie, comme Azaz et Jarablous (au nord d'Alep) et Sarmada (au nord d'Idleb).
Minute de silence de l'Assemblée générale de l'ONU
L'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU) a observé lundi une minute de silence en hommage aux victimes du séisme qui a fait plus de 2.300 morts en Syrie et en Turquie.
"Nous comptons sur la communauté internationale pour aider les milliers de familles frappées par cette catastrophe, beaucoup d'entre elles ayant déjà un besoin urgent d'aide humanitaire dans des zones difficiles d'accès", a déclaré de son côté dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Une des zones sismiques les plus actives du monde
La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.
Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.
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La Belgique fait offre d’aide à la Turquie
La Belgique est prête à offrir de l’aide à la Turquie, frappée cette nuit par un tremblement de terre dévastateur, a indiqué lundi la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, sans encore détailler la nature de l’assistance possible.
”La Belgique suit de près la situation. Nous sommes solidaires de la population en Turquie et sommes prêts à offrir notre aide”, a déclaré la cheffe de la diplomatie belge sur Twitter.
La ministre se dit “dévastée” par les pertes en vies humaines et présente ses condoléances aux familles endeuillées, tout en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés.
”Alors que le nombre de morts devrait s’alourdir, nos pensées vont également aux populations du nord de la Syrie et des autres régions touchées dans les États voisins, qui abritent de nombreux réfugiés et personnes déplacées”, ajoute-t-elle.
La Ville de Liège a aussi ouvert lundi un registre de condoléances en ligne à la suite du séisme, a indiqué le cabinet du bourgmestre. Un registre physique sera également accessible dès mardi à l'hôtel de Ville.
La Ville de Liège comptant sur son territoire de nombreux ressortissants turcs et syriens, le bourgmestre Willy Demeyer a présenté ses condoléances au nom des collège et conseil communaux et exprimé le soutien de la ville aux populations gravement touchées par la catastrophe.
Le registre de condoléances à la disposition du public à l'hôtel de Ville sera accessible de mardi à jeudi, entre 12h00 et 16h00.
"Un soutien aux mesures d'aide logistique est en cours de réflexion", ajoute-t-on à la Ville de Liège.
Par ailleurs, l’Union européenne, par la voix du Haut Représentant Josep Borrell, a également offert son aide.
Schaerbeek et Saint-Josse-ten-Noode rendent hommage aux victimes du tremblement de terre
À la suite du tremblement de terre mortel survenu dans la nuit de dimanche à lundi au sud de la Turquie et au nord de la Syrie, les communes bruxelloises de Schaerbeek et de Saint-Josse-ten-Noode ont décidé de mettre les drapeaux des deux pays en berne en marque de soutien aux victimes.
Dans la commune de Schaerbeek, l'idée d'un registre de condoléances à l'entrée de la maison communale sera en outre discutée mardi en préliminaire du conseil communal, a indiqué le cabinet de la bourgmestre faisant fonction, Cécile Jodogne (DéFi). Des messages de condoléances ont par ailleurs été envoyés au consulat et à l'ambassade de Turquie, a précisé le cabinet.
À Saint-Josse-ten-Noode, un registre de condoléances est accessible à la maison communale depuis ce lundi. "Dans ces moments tragiques, nous pensons aux victimes et à leurs proches. Je présente mes condoléances à la Turquie et à la Syrie", a déclaré le bourgmestre Emir Kir dans un communiqué. À l'instar de la commune voisine, les drapeaux turc et syrien ont été mis en berne à la maison communale.
Pas de victime recensée parmi les 200 Belges enregistrés dans les régions touchées
Quelque 200 Belges sont enregistrés auprès du SPF Affaires étrangères dans les régions qui ont été frappées lundi par un violent séisme survenu dans le sud de la Turquie et la Syrie voisine, tandis que huit personnes ont indiqué qu’elles étaient actuellement en voyage dans les zones sinistrées. Les Affaires étrangères ne disposent pas d’information à ce stade sur d’éventuelles victimes belges, ont-elles indiqué à l’agence Belga.
Les Affaires étrangères sont en contact permanent avec les autorités locales par l’intermédiaire de leurs représentants diplomatiques présents en Turquie et en Syrie. L’ambassade de Belgique à Ankara tentait lundi matin de contacter tous les ressortissants belges se trouvant dans les régions touchées.
Il est demandé à tous les Belges qui se trouvent dans les régions sinistrées et qui ne sont pas inscrits auprès des Affaires étrangères de le faire.