Guerre en Ukraine: la Belgique débloque une aide militaire de 92 millions d'euros pour Kiev

Le gouvernement a donné vendredi son aval à la fourniture d''aide militaire supplémentaire à l'Ukraine pour un montant de 92 millions d'euros, a annoncé le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) à l'issue du Conseil des ministres hebdomadaire à Bruxelles, au onzième mois de l'invasion de ce pays par la Russie.

Belga

C'est "le plus important paquet" de soutien militaire décidé par la Belgique jusqu'à présent, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Il a souligné que l'aide fournie à Kiev par la Belgique était plus vaste, avec un volet civil et humanitaire dont le montant total s'élève à 86 millions d'euros, a précisé M. De Croo.

La nouvelle aide militaire "substantielle" - elle doublera celle apportée jusqu'ici par la Défense aux forces armées ukrainiennes - comprendra notamment des missiles anti-aériens et anti-chars, de mitrailleuses, des grenades et des munitions et de nombreux autres équipements militaires, a pour sa part précisé la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS).

La Défense a pour sa part cité un montant de 93,8 millions d'euros, comprenant également des camions et des véhicules blindés. Il s'agira à terme de LMV ("Light Multirole Vehicles") Lynx à roues, qui seront bientôt remplacés par de nouveaux véhicules de commandement et de liaison (des "Command and Liaison Vehicles", CLV).

Elle a rappelé que la livraison de chars d'assaut - l'armée belge a retiré des derniers Leopard 1 du service en 2014 et les demandes ukrainiennes portent sur des blindés plus modernes, comme des Leopard 2 - n'était dans la pratique pas possible."Nous n'avons trouvé aucune manière de répondre à cette question", a dit Mme Dedonder, en rappelant que la Défense n'avait plus de chars en stock et que "nous n'en avons trouvé aucun opérationnel dans le commerce".

Cette nouvelle tranche d'aide militaire porte l'effort total de la Défense à 186 millions d'euros, ainsi que 44,1 millions pour 38.000 tonnes de carburant, principalement du diesel depuis le début de la guerre, en février 2022, a ajouté Mme Dedonder.

guillement

Une partie de ces armes et munitions proviennent des stocks disponibles de la Défense, une autre partie est achetée auprès de l'industrie belge de l'armement pour être transférée à l'Ukraine

La ministre s'est refusée à donner davantage de détails pour des raisons de "sécurité opérationnelle", contrairement à ce que font d'autres pays.

De multiples sources ont toutefois fait état de la livraison de modernes missiles air-air AIM-120B AMRAAM ("Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles"), qui arment les chasseurs-bombardiers F-16 de la composante AIr.

Une fois livrés à l'Ukraine, ils seront intégrés sur des systèmes antiaériens terrestres Nasams ("National Advanced Surface-to-Air Missile System") de conception américano-norvégienne et achetés par quinze pays. Certains en ont fait don à l'Ukraine ou ont fourni des missiles.

La Belgique en fin de peloton des soutiens de l'Ukraine? "Ce n'est pas une compétition"

Le nombre de missiles que prévoit de fournir la Belgique n'a pas été révélé, mais le stock d'AMRAAM est limité. "La pression (pour en donner à l'Ukraine) était trop forte", a confié un responsable militaire à l'agence Belga.

Selon certaines comparaisons internationales, la Belgique se place en fin de classement des pays soutenant l'Ukraine. Une analyse balayée vendredi tant par le Premier ministre que par la ministre de la Défense. "Ce n'est pas une compétition. Et dans nos interactions avec les Ukrainiens, ceux-ci savent ce que nous avons et sont très précis dans leurs besoins", a souligné M. De Croo qui place le royaume au même niveau que la France, l'Espagne et l'Italie.

"La Belgique a été un des premiers pays à fournir un soutien militaire à l'Ukraine", a-t-il ajouté, en démentant le risque d'escalade que comporterait la nouvelle aide apportée par les pays occidentaux. "Naturellement, nous espérons que cette guerre pourra s'arrêter le plus tôt possible et que les soldats russes se retireront du territoire ukrainien. Mais, pour que cela se produise, il faut que l'Ukraine puisse se défendre. Au vu de la situation actuelle, ne pas donner du matériel militaire serait une faute et laisserait l'Ukraine seule face à un voisin plus grand qu'elle. S'il y a une escalade, ce serait à cause de la poursuite de l'agression russe".

Outre des engins blindés, l'Ukraine demande aussi aux Occidentaux de lui livrer des avions de combat. Même si les F-16 belges arrivent en fin de vie, la Belgique n'a pas l'intention pour le moment de céder ses chasseurs-bombardiers toujours utilisés, par exemple, pour des missions de police aérienne au-dessus des Etats baltes. Selon M. De Croo, l'Ukraine n'a d'ailleurs pas formulé une telle demande à la Belgique.

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