Espace Schengen: l’Europe doit mettre de l’ordre dans sa législation
La Cour des comptes européenne pointe les carences affichées par la Commission durant la pandémie de Covid en matière de supervision des principes de libre circulation : telle est la conclusion principale qui ressort d’un audit publié ce lundi 13 juin 2022.
Publié le 13-06-2022 à 17h05 - Mis à jour le 13-06-2022 à 17h48
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La libre circulation des personnes dans l’espace européen " fait partie des quatre libertés fondamentales de l’UE " et " elle se trouve au cœur du projet européen depuis sa création ", rappelle Baudilio Tomé Muguruza, membre de la Cour des comptes européenne.
Or, depuis 2015, plusieurs crises successives sont venues mettre à mal ce principe: d’abord celle sécuritaire avec la question du terrorisme , ensuite celle migratoire avec ses flux massifs d’êtres humains , enfin celle sanitaire avec la pandémie de coronavirus ; de quoi encourager récemment la présidence française de l’Union européenne à renforcer et réformer l’espace Schengen .
Législation
Ainsi, depuis 2020, les États membres ont mis en place " des contrôles aux frontières intérieures principalement pour faire respecter les restrictions à la libre circulation imposées en raison de la pandémie de Covid-19 ", constate la Cour des comptes européenne.
Dans un rapport publié ce lundi , elle précise que " le règlement Schengen dispose que les contrôles aux frontières intérieures doivent être proportionnés et constituer une mesure de dernier recours. En l’occurrence, il incombe à la Commission de veiller au respect de la législation de l’UE ". Mais, estime la Cour, " les limites du cadre juridique ont rendu son rôle de supervision plus difficile ".
Carences
Lorsqu’ils réinstaurent des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen, les États membres sont en effet tenus de prévenir la Commission, laquelle évalue alors si les restrictions proposées sont conformes à la réglementation de l’UE et ne portent pas atteinte au droit de circuler librement.
Or, pointe encore la Cour, la Commission " n’a pas procédé à des vérifications en bonne et due forme ", constatant notamment que " les notifications de contrôles aux frontières intérieures envoyées par les États membres n’étaient pas accompagnées d’éléments probants suffisants attestant que les contrôles constituaient une mesure de dernier recours et qu’ils étaient proportionnés et limités dans le temps ", tel que pourtant régi par la législation.
Réexamen
En d’autres termes, chacun a fait un peu ce qui lui plaisait. Et en l’absence d’une réelle concertation menée entre États ou d’une véritable analyse des décisions prises individuellement, c’est la légitimité même de l’espace Schengen qui est remise en question.
" On ne peut pas pour autant en conclure que l’espace Schengen est fini ", tempère Baudilio Tomé Muguruza. Mais " nous espérons que les conclusions de notre audit éclaireront le débat en cours sur le réexamen du système Schengen ".