"On ne sait pas à quoi s'attendre" : l'anxiété des Occidentaux vivant en Russie
Des témoignages illustrent la difficulté de s'informer sur le conflit en cours en Russie. Les craintes économiques sont de rigueur.
- Publié le 08-03-2022 à 15h16
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4THYQMWW4RGX3JGMJI2PSV6KRE.jpg)
Invités par leurs ambassades à quitter le pays, les ressortissants occidentaux se trouvant (encore) en Russie, Américains comme Européens, scrutent d'un œil anxieux l'évolution de la guerre en Ukraine. Et cela ne passe pas par les médias traditionnels russes, nous fait comprendre ce ressortissant sous couvert d'anonymat, mais plutôt via "d'autres canaux, notamment la messagerie instantanée Telegram", qui ironie du sort, est une société russe. Ce dernier assure par ailleurs que jusqu'ici, "il n'y a pas de problème de sécurité, en tout cas pour l'instant, pour nous à Moscou."
Pour les journalistes sur place, russes comme occidentaux, l’affaire n’est pas aussi simple : si un article sur la guerre en Ukraine déplaît aux autorités, la sentence peut s’élever à 15 ans de prison, en vertu d’une loi adoptée en fin de semaine dernière...
Comment partir ?
Sur différents groupes Facebook de francophones résidants (encore) en Russie, les questions ont commencé à affluer dès le début de l’invasion, et dans les jours suivants, alors que l’UE coupait les liaisons aérienne directes avec la Russie : comment quitter le pays? Sur ces groupes, on se réconforte, on se rassure, mais surtout, on s’informe sur les liaisons aérienne indirectes (via le Turquie, la Serbie) où les voies terrestres (trains, bus) à emprunter.
Le pays n'est toutefois pas coupé du reste du monde : "Cela a été pire en plein covid", nous dit cet autre ressortissant, qui travaille toujours en Russie qui se tient très au fait de la situation économique du pays. Cette guerre, comme nombre de ses collègues, il ne l'a pas vue venir : "Tout le monde a été extrêmement surpris. Personne ne s'attendait à ce que la Russie envahisse l'Ukraine. On voyait bien qu'il y avait une crise, on avait tous des scénarios, notamment une présence russe militaire dans les républiques séparatistes du Donbass. Mais personne n'imaginait un tel scénario d'invasion."
Personnel essentiel et non-essentiel
Les entreprises occidentales ont vite pris leurs dispositions, et ouvert la porte à un départ rapide de leur personnel "non-essentiel", sans toujours préciser ce qui relève de l'essentiel et du non-essentiel (un terme qui s'est tristement répandu dans la société à l'aune de la pandémie). "Les grandes entreprises ont plutôt fait partir les familles. Ainsi que les gens qu'ils jugeaient non essentiels. Les CEO sont plutôt restés, à part dans l'aéronautique, où le business est mort. Les entreprises laissent à l'appréciation de chacun en général. Si on se sent complètement stressé par la situation, autant partir…."
Le futur, pour celles et ceux qui restent, demeure plus que jamais teinté d'incertitudes : "Il s'agit d'étudier les sanctions européennes et américaines pour voir comment on peut ou non continuer à opérer ici. On attend les contre-sanctions russes. On s'attend encore à d'autres choses mais on ne sait pas à quoi."