Qui sont ces "alliés" de la Russie?
La résolution de l’ONU qui condamne la guerre en Ukraine a bénéficié d’un soutien massif des États. Qui sont les cinq réfractaires?
Publié le 03-03-2022 à 18h26
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Ce mercredi, l'Assemblée générale de l'ONU adoptait, à une très large majorité, une résolution réclamant à Moscou de retirer "immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" d'Ukraine. Le texte condamne également "la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires". Pas moins de 141 pays ont approuvé ce texte, 35 se sont abstenus et cinq États s'y sont opposés. Ces cinq pays sont la Russie, le Bélarus, la Corée du Nord, l'Érythrée et la Syrie.
Outre la Russie, pour quels raisons ces États se sont-ils opposés à cette résolution? Et quelles sont leurs motivations? L’opposition de la Biélorussie est assez simple à concevoir. En réalité, Alexandre Loukachenko, le président bélarusse, et Vladimir Poutine sont côte à côte dans ce conflit.
Rappelons que le 24 février, les forces de Moscou sont entrées en Ukraine depuis leur propre territoire, depuis la Crimée annexée, mais aussi depuis le Bélarus où des militaires russes étaient déployés depuis plusieurs semaines. En outre, Loukachenko est très proche et dépendant du Kremlin depuis sa réélection contestée en 2020. Visée par des sanctions occidentales, Minsk s'est naturellement tournée vers Vladimir Poutine. Ce vote à l'ONU reflète donc cette alliance. La résolution de l'ONU déplore d'ailleurs explicitement "l'implication du Bélarus" dans l'invasion de l'Ukraine.
Un vote étonnant
La décision de la Syrie de Bachar al-Assad est également aisément compréhensible, au vu de l'implication militaire de la Russie lors de la guerre en Syrie, pour aider le régime de Damas. "La politique de la Russie à l'égard de la Syrie a toujours été la même. Du côté russe, l'idée était de se dire que Bachar al-Assad n'était pas un dictateur extraordinaire, mais qu'il fallait tout de même le soutenir. Sinon, le djihadisme allait s'installer partout en Syrie ", relève Tanguy de Wilde, professeur de sciences politiques et de relations internationales à l'UCLouvain.
La Corée du Nord a, en ce qui la concerne, une place particulière sur l'échiquier mondial, et fait figure de paria en raison de sa volonté d'affirmer sa puissance nucléaire. "La Corée du Nord est plutôt soutenue par la Chine. Cela dit, ça ne leur coûte rien d'essayer de se mettre dans les bonnes grâces de la Russie, puisque tous les autres États ont mis la Corée du Nord au banc des nations."
Le cas de l'Érythrée est sans doute plus étonnant. "Cela s'explique peut-être en raison de vieilles alliances soviétiques. Il est possible que l'Érythrée ressente, dans son opposition à l'Éthiopie, un soutien russe plus important. Mais cela reste intrigant, observe Tanguy de Wilde. Car avec ce vote, l'Érythrée pourrait se priver du soutien d'autres États qui seraient réticents à lui venir en aide par la suite."
Les abstentionnistes comptent principalement des États d'Asie et d'Afrique comme l'Algérie "qui a toujours été proche de l'Union soviétique puis de la Russie" ou l'Inde qui "dans sa confrontation avec le Pakistan, avait pu compter sur l'Union soviétique".
Pas de contrainte
Mercredi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qualifiait le résultat du vote d'"historique". Mais pour quels effets concrets? "L'Assemblée générale de l'ONU est dans une fonction de palabres, tribunitienne, d'exposition des points de vue." Les résolutions n'ont, en réalité, aucun caractère contraignant. "Par contre, cela permet aux États de se compter… Il y a avait un vrai suspense: on se demandait qui allait voter en faveur de la résolution, et qui allait s'y opposer. L'effet reste déclaratoire, mais c'est intéressant. Cela montre qu'une large majorité d'États sont contre cette guerre."