Le début de la fin pour Éric Zemmour?
Après une ascension fulgurante, la potentielle candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle française s’essouffle. Simple trou d’air dans la campagne du polémiste?
Publié le 29-11-2021 à 17h15
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Alors que l’annonce de sa candidature à la présidentielle semble imminente, le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour essuie actuellement de sérieux revers. Outre sa visite très chahutée à Marseille - qui s’est terminée par un doigt d’honneur adressé à une passante - ces derniers jours ont également été marqués par plusieurs défections. Le potentiel candidat a ainsi perdu le soutien du financier Charles Gave, de même que celui de son ami Philippe de Villiers, qui ne sera finalement pas présent au Zénith à Paris ce 5 décembre pour son premier meeting de campagne.
Le polémiste serait-il en train de s’essouffler, à l’heure où il devrait bientôt officialiser sa candidature? Les enquêtes d’opinion, qui lui étaient initialement favorables, le placent en tout cas à nouveau derrière sa rivale, Marine Le Pen, pressentie au second tour face à Emmanuel Macron.
"Jusqu'à présent, Éric Zemmour est resté dans sa zone de confort au niveau des thématiques abordées. Il n'a évoqué que des thèmes sur lesquels il est tout à fait à l'aise, comme l'identité française, l'immigration, la sécurité. Mais à un moment donné, il faut aussi pouvoir parler d'autre chose", estime Vincent Laborderie, politologue à l'UCLouvain. Or, les problématiques liées à la pandémie, à la vaccination ou au pouvoir d'achat sont revenues à l'avant-plan. "Cela intéresse clairement moins les gens d'entendre parler d'immigration pour l'instant. Et concrètement, sur la flambée des prix ou la situation sanitaire, Zemmour n'a pas grand-chose à dire, contrairement à Marine Le Pen qui, à l'extrême droite, tient un discours sur ces sujets. "
Selon Pascal Delwit, politologue à l'ULB, il y a effectivement un "trou d'air" dans la campagne de Zemmour. "En même temps, il était tellement au sommet de l'attention médiatique qu'il ne pouvait que retomber." Aujourd'hui, les préoccupations de la population ne jouent pas en sa faveur. "La pandémie, l'hypothèse des fêtes de fin d'année perturbées: ces thématiques éloignent une partie des Français de la présidentielle de manière générale et a fortiori de Zemmour, qui porte essentiellement un agenda " nationaliste réactionnaire "centré sur le rejet de l'autre, des immigrés, sur la référence à Pétain." L'urgence du moment serait plutôt profitable à Macron, qui est précisément dans la gestion de la pandémie.
L'une de ses faiblesses serait aussi d'entrer dans l'arène politique assez tardivement. "Pour l'instant, il ne faisant qu'une tournée de dédicaces de son livre. Il présentait ses idées tranquillement, sans aucune contradiction, avance Vincent Laborderie. On peut donc s'interroger sur sa capacité à tenir la distance à moyen et long termes."
La menace de la droite
Face à ces épisodes compliqués, le potentiel candidat peut-il encore rebondir? "Il traverse une phase difficile, comme beaucoup de candidats dans ce genre d'élection, estime Pascal Delwit. La qualité de l'équipe qui l'entoure sera déterminante."
Il sera également intéressant d'observer sa capacité à composer avec l'agenda de ses concurrents. La droite (Les Républicains) ouvre en effet le congrès chargé de désigner son candidat à la présentielle ce mercredi. "On l'oublie souvent, mais Les Républicains, c'est le premier parti de France en termes d'élus locaux et d'adhérents", souligne Vincent Laborderie.
Or, quand la droite aura désigné son candidat, celui-ci occupera l'espace médiatique. " Et le parti tient aussi un discours, certes plus modéré, sur l'immigration. Une fois le candidat de droite désigné, Zemmour pourrait être considéré comme peu sérieux, les Français pourraient se dire que de toute façon, il ne sera pas élu. La vraie alternative à Macron serait alors le candidat de droite. Ce scénario mettrait clairement Zemmour en difficulté."