La Constitution ne suffit plus à Erdogan
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, veut réviser une nouvelle fois la Constitution. Pour prolonger sa présence au pouvoir?
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Publié le 03-02-2021 à 06h00
Moins de quatre ans après avoir obtenu, grâce aux voix des Turcs de la diaspora, une révision de la Constitution qui accroissait singulièrement ses pouvoirs et lui permettait de se maintenir jusqu’en 2028, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi sa soudaine volonté de réviser une nouvelle fois la loi fondamentale. Ce mardi, il a reçu l’appui du Parti d’action nationaliste (MHP), la formation d’extrême-droite alliée à son parti, l’AKP (parti de la Justice et du développement).
Panique
«C'est une réaction de panique: les derniers sondages montrent que l'AKP et le MHP n'atteindront pas les 51% requis lors de l'élection présidentielle de 2023. Ce qui pourrait les pousser à avancer ce scrutin», explique un de nos informateurs en Turquie.
C'est qu'au printemps 2019, l'AKP a perdu la mairie d'Istanbul, malgré l'annulation douteuse de la première élection, «et la plupart des grandes villes, comme Ankara, Izmir, Adana, ou Antalya» poursuit notre interlocuteur, au bénéfice du CHP (parti républicain du peuple), «principal parti d'opposition».
Contexte de crise
Et puis il y a un contexte de crise, «avec un chômage à la hausse; des prix des biens de consommation qui s'envolent; et une difficulté à faire face à une dette extérieure croissante».
La crise est aussi sociale, selon notre informateur, avec «des travailleurs, des étudiants, voire de simples villageois qui contestent des expropriations destinées à des projets miniers, de barrages hydroélectriques, ou d'initiatives énergétiques».
Courbe rentrante
Ces éléments expliquent la récente courbe rentrante de la Turquie à l’égard de l’Union européenne.
Finies les invectives de Recep Tayyip Erdogan à l'endroit du président français, Emmanuel Macron: «Ces dernières semaines, les ministres des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu; de la Défense, Hulusi Akar, et d'autres responsables ont affirmé la volonté de la Turquie de négocier à tous les niveaux.»
Une volonté d'autant plus forte, conclut notre interlocuteur qu'il «apparaît chaque jour plus difficile pour la Turquie de se sortir des bourbiers syrien et libyen, où elle maintient une forte présence militaire». Forte, et terriblement coûteuse.