USA: émeute au cœur de la démocratie
Scène invraisemblable au Capitole, qui devait valider l’élection de Joe Biden: des trublions mobilisés par Donald Trump y ont surgi.
Publié le 06-01-2021 à 23h13
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Situation invraisemblable, ce mercredi, à Washington: des manifestants ont fait irruption sur les marches du Capitole, où l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis devait être validée par le Congrès. Les forces de l’ordre y semblaient bizarrement absentes ou passives. Des intrus en ont profité pour faire irruption dans le bâtiment, d’où des élus, dont le vice-président Pence, ont été extraits, pour garantir leur sécurité. À raison: peu après, une femme blessée par balles devait être évacuée!
«Pire que dans le tiers-monde»
Donald Trump porte une énorme responsabilité dans cette dérive. C’est lui qui avait invité ses partisans à manifester, avant que députés et sénateurs se réunissent pour valider le scrutin.
Dans un discours décousu, il avait répété, sans en apporter la preuve, que l’élection du 3 novembre a été frauduleuse.
Il avait à nouveau incriminé les «médias semeurs de fausses nouvelles». Expliqué que «les élections dans le tiers-monde sont plus honnêtes que chez nous». Et exhorté le vice-président, Mike Pence, à s'opposer à la ratification du résultat.
Mike Pence a répliqué qu’il n’entendait pas sortir de son rôle constitutionnel, qui est de prendre acte des votes enregistrés dans les cinquante États américains.
Cela lui a attiré l'hostilité de Donald Trump qui, rentré à la Maison-Blanche, a stigmatisé son «manque de courage» dans un tweet.
Entre-temps, dès la vérification des votes de l’Alabama, une douzaine de sénateurs avaient, comme ils l’avaient annoncé, mis en cause, par la voix de Tommy Tuberville, la validité du processus.
Députés et sénateurs siégeaient alors séparément, pour la forme: pour invalider l’élection, les deux Chambres auraient dû en décider. Or, les démocrates avaient déjà le contrôle de la Chambre.
«Dommage mortel»
Tous les républicains n’étaient pas par ailleurs prêts à suivre Donald Trump dans ses accusations fantaisistes.
«Il n'y a pas eu de fraude massive: les électeurs, les États et les tribunaux se sont exprimés. Si nous rejetons l'élection, nous causerons à notre démocratie un dommage mortel», a plaidé le leader républicain au Sénat, Mitch Mc Connell.
«C’est une insurrection»
Les débats ont ensuite été suspendus, et le vice-président, Mike Pence, a lancé en vain des appels au calme.
En fin d’après-midi, des militaires de la Garde nationale de Virginie et de Washington ont été dépêchés sur place, et ont commencé à évacuer les manifestants tandis que la mairie décrétait un couvre-feu pour 18 heures.
«Ce chaos ne représente pas la démocratie américaine», est intervenu le président élu, Joe Biden, en invitant Donald Trump «à aller à la télévision, défendre la Constitution, car ce n'est pas une protestation, c'est une insurrection».
En réponse, le président sortant a diffusé une courte déclaration, enregistrée dans les jardins de la Maison-Blanche, pour inciter ses partisans à «rentrer, parce qu'il nous faut la paix». Et pour répéter que «l'élection a été frauduleuse. Et qu'il ne faut pas jouer le jeu de "ces gens"». Manière de remettre de l'huile sur le feu…
Entre-temps, élus démocrates et républicains réunis affirmaient qu’ils entendaient mener leur tâche à bien…