Ce qu’il faut savoir du variant britannique
Angleterre et Écosse se reconfinent. Le variant britannique est pointé du doigt. Comment détecter sa présence en Belgique? Les personnes qui ont été infectées et celles qui ont reçu le vaccin sont-elles protégées? On fait le point avec Sophie Lucas, immunologue et présidente de l’Institut de Duve de l’UCLouvain.
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- Publié le 06-01-2021 à 07h00
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En quelques jours, les Britanniques sont devenus des pestiférés à cause d’un nouveau variant du virus SARS-CoV-2. Identifié mi-décembre sous le nom de B.1.1.7. puis rebaptisé VUI-202012/01, celui-ci a rapidement pris le dessus sur la souche jusque-là active.
«Ce variant n'est pas plus dangereux mais il se propage un peu plus rapidement, cela peut contribuer à augmenter le risque de saturation des hôpitaux », relativise Sophie Lucas, professeure et présidente de l'Institut de Duve de l'UCLouvain. En Belgique, à ce jour, quatre personnes ont été contaminées par la variante britannique du coronavirus.
1. Un variant, c’est quoi?
C'est un ensemble de changements dans le génome du virus. Le variant britannique comporte un peu plus de vingt mutations qui le distinguent des autres variants en circulation. «Ces mutations n'ont rien d'exceptionnel, on en a détecté des dizaines de milliers depuis que l'on a séquencé le virus, précise Sophie Lucas. Elles surviennent par hasard et régulièrement comme une espèce d'horloge automatique parce que les enzymes qui permettent de répliquer le génome de ce virus font des erreurs de façon répétée permettant d'accumuler les mutations. Certaines souches avec certaines mutations deviennent prédominantes soit par chance soit parce qu'elles sont plus contagieuses mais rarement, très rarement, parce qu'elles sont plus dangereuses. »
2. Qui est protégé?
Théoriquement, sur base de ce que l’on sait des mutations, les personnes qui ont été infectées par les variants précédents ainsi que celles qui sont vaccinées, sont protégées de ce nouveau variant, avance l’immunologue.
«Dans les deux cas, on produit une grande variété d'anticorps différents. On parle de réponse polyclonale. Tous ces anticorps sont capables de se lier à différentes parties de la protéine Spike qui permet au virus d'entrer dans les cellules. Les mutations que l'on trouve dans ces nouveaux variants n'affectent que l'une ou l'autre des briques de cette protéine qui en comporte plus d'un millier. Avec des réponses polyclonales, on pense que l'on sera protégé contre ce nouveau variant car le nombre de mutations qui touchent la protéine Spike est très faible. Mais cela doit être confirmé par des tests qui sont en cours ».
3. Comment le repérer?
Pour distinguer le nouveau variant britannique de la souche active en Belgique depuis plusieurs mois, il faut avoir recours au séquençage. «Cela peut être réalisé au départ d'un échantillon comme celui qui sert au test PCR. C'est un test plus long, plus difficile et plus coûteux. Cela ne se fait pas sous forme d'un dépistage mais sous forme de surveillance: régulièrement, on prélève un ensemble d'échantillons et on les séquence pour voir quels variants sont présents et comment ils circulent.»
4. Quid des vaccins?
Les vaccins actuellement sur le marché (Pfizer, Moderna, AstraZeneca) sont en principe efficaces contre ce nouveau variant. L'Angleterre accélère d'ailleurs sa campagne de vaccination depuis l'arrivée du B.1.1.7. «Les vaccins ARN messager ont un grand avantage: ils sont facilement adaptables, détaille Sophie Lucas. Réalisés à base d'ARN synthétisé artificiellement, on peut déterminer la séquence un peu comme on veut.Pfizer a récemment communiqué qu'il pouvait mettre au point un nouveau vaccin en six semaines. Ce sera plus compliqué pour d'autres types de vaccin dont ceux à base de protéine recombinante par exemple.»
5. Variant africain
Un autre variant du SARS-CoV-2, appelé 501.V2, s'est répandu rapidement en Afrique du Sud. «Il présente une séquence différente du variant britannique mais tous deux partagent certaines mutations qui pourraient peut-être contribuer à rendre le virus plus contagieux», précise la présidente de l'Institut de Duve.»