USA 2020, J-4 | Un Belge d’Alaska: «Quatre ans de plus avec cet abominable président, ça fait peur»
Installé en Alaska, Guy Tytgat vote Biden par défaut mais veut éviter 4 ans de plus avec Trump.
Publié le 30-10-2020 à 07h00
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C’est un coup de foudre qui a conduit Guy Tytgat en Alaska. Un coup de foudre pour les grands espaces et la nature préservée de cet État le plus au nord des États-Unis. Le natif d’Ohain, en Brabant wallon, l’a découvert grâce à son père, pilote à la Sabena et qui faisait régulièrement la liaison Bruxelles-Tokyo via Anchorage, la capitale de l’État. Un jour, il y emmèna son fils qui, son diplôme de secondaire en poche, y retourne en décembre 1979 pour étudier la géologie et la sismologie à l’Université de Fairbanks.
Sauf lors de voyages professionnels à travers le monde pour gérer des stations sismiques pour le compte de l’Université de Fairbanks, il ne quittera plus ce bout du monde glacé où la température est déjà descendue à -25 degrés cette semaine.
L’élection présidentielle, elle par contre, elle risque d’être chaude.
Si l'Alaska est un État assez conservateur et n'a jamais voté pour un président démocrate, c'est surtout dû au système électoral qui ne donne qu'une seule voit à l'État. Mais le vote populaire est plus divisé, note Guy Tytgat. «Les villes sont plus libérales que les campagnes», dit-il.
Dans cette partie des States, à la fois encore très sauvage et riche en ressources (pétrole, gaz, or, uranium, cuivre,…). Une partie du débat se cristallise sur l'environnement. «Cette semaine, Trump vient de retirer son statut de protection à une forêt primaire dans le sud-est pour autoriser son exploitation.» Une décision qui divise les citoyens entre ceux qui y voient une attaque «abominable» contre un espace sauvage encore vierge de la présence humaine et ceux qui estiment que l'Alaska doit être «le grenier des États-Unis qui doit être exploité au maximum».
Une division qui reflète bien les raisons pour lesquelles les Américains viennent s'installer en Alaska en réalité: «Il y a ceux qui sont attirés par ses ressources naturelles et ceux qui y viennent pour profiter d'un environnement encore préservé. »
Joe Biden, par défaut
Dans ce contexte, et bien qu’il ait déjà rentré son bulletin de vote en faveur de Joe Biden, Guy Tytgat ne se risquera pas à parier sur une défaite de Trump. D’autant que ses collègues de l’Université avec qui il discute politique ne sont guère enthousiaste concernant le candidat démocrate.
«Beaucoup d'entre eux, surtout les jeunes, sont déçus qu'il ait emporté la primaire au détriment de Bernie Sanders et ne veulent pas aller voter à cause de ça. Je leur explique que cela revient à voter pour Trump, mais ils ne comprennent pas. C'est vrai que moi aussi j'ai un peu voté Biden par défaut, mais c'est quand même 1000 fois mieux que Trump…»
Les trumpistes ne portent pas de masque

L'Alaska a été épargné par la première vague de Coronavirus. «Il n'y a pratiquement pas eu de cas, sans doute grâce à la densité de population qui est 1 000 fois moindre qu'en Belgique », dit Guy Tytgat. L'État a aussi recommandé le télétravail, fermé ses frontières et interdit la circulation entre les grandes villes et les villages. Des mesures fortes liées à un passé douloureux: dans les années 30, des villages ont été décimés par une épidémie de grippe.
«Mais cet automne, je ne sais pas pourquoi, les chiffres augmentent très rapidement, on est à plus de 1000 cas.»
De là à ce que cette situation pénalise Trump qui a minimisé cette pandémie, c’est tout sauf certain.
Car là aussi la population est divisée. «C'est un peu triste à dire et je sais que c'est un stéréotype, mais les fans de Trump ont les reconnaît tout de suite quand on va dans les magasins par exemple. Ces gens-là refusent de mettre un masque et ce sont en général les mêmes qui portent une arme à feu à la ceinture parce que ça fait "caïd". La semaine dernière quand j'ai fait mes courses, à peine 20% des gens portaient un masque. C'est à ça que l'on voit que Trump a une terrible influence, ces gens le suivent aveuglément. C'est un peu démentiel en fait…»

Situation État le plus au nord du pays, l’Alaska est aussi le plus étendu avec 1 717 854 km2. Particularité, il est géographiquement séparé des États-Unis par le Canada dont il est contigu.
Population L'Alaska compte un peu plus de 730 000 habitants. Lors de l'élection, il ne rapporte qu'un grand électeur.
Politique Mike J. Dunleavy est le gouverneur républicain de l'état depuis le 3 décembre 2018. L'État envoie deux sénateurs et un seul député, tous républicains, à Washington.
Résultat 2016 Donal Trump 52,9% – Hillary Clinton 37,7%