USA 2020, J-5 | Une Belge du Delaware : «Ne pensez pas que tout le monde ici soutient Biden»
Monia Gammoudi s’est installée il y a un an à Dover, dans le Delaware. Elle découvre un monde éloigné des clichés qu’elle s’en faisait.
Publié le 29-10-2020 à 07h00
:focal(544.5x371:554.5x361)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PNIV67FDYJAHLFUVZ4XF5FTGWA.jpg)

«C'est vraiment un autre monde. Et même si cela a été difficile pour moi les trois premiers mois, en fait, je suis agréablement surprise», résume Monia Gammoudi.
Voilà un an qu'elle s'est installée à Dover, capitale du Delaware, avec son mari américain. «Avec l'épidémie de Covid-19, le timing n'était peut-être pas le meilleur», glisse-t-elle.
Née en Tunisie, elle a déménagé dès sa plus tendre enfance en Belgique et a grandi du côté de Renaix. Après un passage dans le Nord-Pas-de-Calais, c’est à Mons qu’elle s’est installée, avant de prendre son envol vers les États-Unis.
Monia Gammoudi a trouvé du travail en tant qu'aide-soignante, tout en suivant une formation d'infirmière. Malgré une maîtrise de l'anglais qu'elle qualifie elle-même d'approximative, «ici, on vous donne votre chance si vous voulez bien la saisir. Si vous voulez du travail, vous en trouverez», constate-t-elle.
Le fief de Biden
Le Delaware est un petit territoire situé sur la côte est, surnommé The First State (Le Premier État) pour avoir été le premier à ratifier la Constitution des États-Unis, le 7 décembre 1787. «On se trouve environ à 1 h 45 de Washington et 2 h 15 de New York», explique-t-elle. Le Delaware est également connu pour ses avantages fiscaux. Mais surtout, dans le contexte de l'élection, c'est l'État d'où provient le candidat démocrate Joe Biden, dont le fief est situé à Wilmington, la ville la plus peuplée. Sénateur du Delaware de 1973 à 2009, puis vice-président de Barack Obama, il apparaît a priori comme le favori sur ses terres.
Ce n'est pourtant pas ce que perçoit Monia Gammoudi au quotidien. «Moi, je vous parle de ce que je vois et de ce que j'entends. On voit des affiches des deux candidats. Et ne pensez pas que tout le monde soutient Biden. Les gens parlent, ils affichent leur préférence, et c'est plus souvent pour Trump que pour lui.»
La Montoise reconnaît que sa propre vision du président a évolué depuis son arrivée. Vu d'Europe, dépeint de façon négative par les médias, «j'avais l'impression que c'était un monstre, que j'allais débarquer dans un pays raciste. Je suis d'origine tunisienne, musulmane non-pratiquante, et je n'ai jamais été victime de racisme ici. Quand les gens me parlent de Trump, c'est beaucoup plus nuancé que ce que les journalistes en disent.»
Il a commis des erreurs dans la gestion de la crise sanitaire «et il communique mal, mais cela ne doit pas effacer la politique menée durant quatre ans. Il a fait beaucoup de choses, pour que les gens aient du travail par exemple. Il soutient ses troupes.» Quant à Joe Biden, s'il est victorieux, d'aucuns le soupçonnent de ne pas assumer son mandat jusqu'au bout, en passant le relais à Kamala Harris. «Lors du premier débat télévisé entre les candidats, Trump a dit à Biden qu'il n'avait rien accompli en 47 ans de vie politique. Ici, dans le Delaware, je pense que ça a fait tilt dans l'esprit de certaines personnes», ajoute Monia Gammoudi.
«Les gens ne sont pas très tactiles»
Californie, Michigan, Tennessee, Las Vegas ou encore New York: Monia Gammoudi a eu l'occasion de visiter de nombreux recoins des États-Unis. «Mais y être en vacances 15 jours ou vraiment y habiter, ce n'est pas la même chose», confesse-t-elle.
Dans le Delaware, elle se familiarise progressivement avec les spécificités locales. «Les

gens sont très polis, attentionnés, respectueux. Par contre, ils ne sont pas très tactiles, ils se tiennent à distance. Pour moi qui ai des origines méditerranéennes et qui viens de Belgique, ce n’est pas évident», sourit-elle.
Elle se dit agréablement surprise par le sens de l'accueil et l'acceptation de la diversité. «Je vois aussi un grand contraste, c'est frappant. Dans une rue, vous voyez de superbes villas, et dans celle d'à-côté, un tout autre décor…» Et Monia Gammoudi d'ajouter que «la seule chose à laquelle je ne peux vraiment pas m'habituer, c'est au port d'armes à feu.»
«Je meurs de faim en permanence, lâche-t-elle en rigolant. La nourriture n'est pas la même et, même si les taxes sont très basses, cela coûte cher de se faire à manger à la maison. Le sachet de gruyère que j'achetais 1,29€ en Belgique, il coûte 9$ ici…»
Quant à la ville de Dover, «elle est un peu morte, mais c'est vraiment magnifique, avec des bâtiments anciens, pleins de caractère. Il y a beaucoup d'espaces verts dans le Delaware. Depuis ma terrasse, je vois des biches, des écureuils, des oiseaux magnifiques. Et que dire de la plage? C'est magnifique, j'y ai déjà vu une baleine et quelques dauphins.»

SituationLe Delaware, deuxième plus petit État (après le Rhode Island) avec presque 6 500 km2, est entouré par le New Jersey, la Pennsylvanie, le Maryland et l'océan Atlantique. Sa capitale est Dover.
PopulationLe Delaware compte 974000 habitants et rapporte 3 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 (sur 538).
PolitiqueJohn C. Carney, démocrate, est devenu gouverneur en 2017, après avoir siégé à la Chambre des Représentants pendant 6 ans. L'État envoie 1 députée et 2 sénateurs, tous démocrates, à Washington.
Résultats 2016Hillary Clinton: 53% – Donald Trump: 42%