USA 2020, J-19 | Un Belge d’Alabama: «De plus en plus de voitures arborent le drapeau “Trump 2020”»
Au cœur du «Sud profond», l’Alabama est «acquis à Donald Trump», note Peter Engels. En partie en réaction contre Washington
Publié le 15-10-2020 à 07h00
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«Suivez la femme» sourit Peter Engels pour expliquer sa présence à Fort Payne, en Alabama. La ville compte quelque 15 000 habitants, et est située le long de l'Interstate 59, un des axes de communication routière de l'État. «J'y suis arrivé en janvier 2017» relate ce quinquagénaire originaire de la région de Gand, qui travaille pour l'instant sur un programme lié au Covid-19.
«Mon épouse avait entamé un doctorat en ligne à l'Utica College, dans l'État de New York, et elle souhaitait le terminer. Au même moment, on lui a proposé un emploi dans le secteur de la santé. Alors nous avons décidé de venir vivre aux États-Unis. Cela a été ma seule motivation pour m'y établir», précise-t-il.
«Comtés secs»
L'Alabama fait partie du «Sud profond», et «la plupart de ses comtés sont des "comtés secs", entendez que la vente d'alcool y est interdite le dimanche dans les supermarchés, et que les restaurants ne peuvent pas en proposer, sauf s'ils détiennent une licence accordée par le conseil municipal».
C'est un des États, note Peter Engels «où les statistiques en matière de santé publique, d'emploi et d'offres d'emplois, d'éducation, d'infrastructure, mais aussi de criminalité sont les plus basses».
Défaire
«Tous ces thèmes devraient donc être au centre de la campagne pour la présidentielle» analyse-t-il. Mais «malheureusement, la politique aux États-Unis est tellement polarisée que les élus ne semblent préoccupés que d'annuler les décisions prises par leurs prédécesseurs, s'ils ne sont pas du même parti ».
L'élection présidentielle est d'autant plus cruciale à ses yeux que «les États-Unis n'ont jamais été aussi divisés politiquement que cette année. Une série d'enjeux fondamentaux, qui demandent en principe une approche non partisane, sont sujets de polémique entre les deux partis. Que ce soit la pandémie de Covid-19, la santé publique, l'immigration, les traités de commerce internationaux, ou le réchauffement climatique, démocrates et républicains prétendent être seuls en mesure de les résoudre».
Et «pour les Américains préoccupés de démocratie, de liberté de la presse, qui veulent voir des changements réels en matière de discrimination raciale, de violence policière, d'égalité des chances et d'égalité des genres, cette élection est particulièrement importante».
Acquis à Donald Trump
Mais «le Sud profond est acquis à Donald Trump. On voit de plus en plus de voitures qui arborent le drapeau "Trump 2020"», observe Peter Engels.
Ce soutien «est justifié dans le Sud par la réflexion qu'" il faut un hommes d'affaires pour diriger le pays", ou que "ce n'est pas aux gens de Washington de nous dire ce que nous devons faire"».
«Les démocrates sont qualifiés de "gauche radicale"», poursuit-il. «Donald Trump est loué pour avoir envoyé la troupe en Ohio». Sa gestion du Covid-19 ne lui est pas préjudiciable «car certains pensent qu'il s'agit d'un canular, et d'autres disent, comme lui, que le virus a été exporté par la Chine».
Un passé toujours très présent
La dénomination de Fort Payne rappelle «le fort construit au XIXe siècle par le major Payne au lieu qui s'appelait alors Willstown, du nom d'un chef indien Cherokee».
Ce fort était destiné à l'internement d'Indiens, déportés vers l'Oklahoma, «après la loi sur leur relocalisation, signée en 1830 par le président Jackson, qui autorisait les colons américains à revendiquer leurs terrains».
La relocalisation forcée des Indiens «est toujours connue sous le nom de "marche des larmes", car ils ont été des milliers à y laisser la vie, en raison de la faim et de la maladie».
L'anecdote montre combien le passé reste présent en Alabama, «et particulièrement la guerre de Sécession ou la lutte pour les droits civils».

SituationEntouré par le Mississippi, le Tennessee, la Géorgie et la Floride, l'Alabama, emblématique du Sud, est surnommé «cœur de Dixie». Sa capitale est Montgomery.
PopulationL'Alabama compte 4,8 millions d'habitants dont 27% d'Afro-américains. Il rapporte 9 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
PolitiqueKay Ivey est la gouverneure républicaine de l'Alabama depuis le 10 avril 2017. L'état envoie 2 sénateurs (1 républicain et 2 démocrate) et 7 députés (6 républicains et 1 démocrate) à Washington
Résultat 2016Donald Trump 63% – Hillary Clinton 35%