USA 2020, J-26 | Une Belge du Missouri: «S’ils pensent à leur job et à leur argent, Trump est favori»

Anne-Cécile Paulis, originaire de Ferrières, vit aux États-Unis, à St. Charles, dans l’état du Missouri, à la suite d’une histoire d’amour plutôt classique. En 1989, diplômée de l’École d’interprètes de Mons, elle s’envole pour la Californie afin d’y consolider sa formation de traductrice. À la sortie de son cursus d’étudiante étrangère, son profil séduit une entreprise locale spécialisée dans la traduction de logiciels (Intergraph). Cette fervente catholique, qui ne rate jamais la messe du dimanche, rencontrera Mark chez des amis communs, en Alabama. Elle l’épouse et lui donnera 3 enfants. Son mariage la sacre citoyenne américaine. Le couple est établi dans le Missouri depuis 2007.

À 53 ans, Anne-Cécile Paulis dirige le département de traduction d'une multinationale active dans la vente de solutions informatiques à une diversité de «boîtes». La famille mixte, qui se définit comme étant de la middle class, n'est toujours pas revenue du niveau catastrophique du premier duel télévisé entre les 2 candidats. Les bras leur en sont tombés. Au terme de cet affrontement manquant d'autant de classe, ils en sont sortis honteux et plus indécis que jamais.

Anne-Cécile et Mark, républicains par conviction dans un état majoritairement attaché au grand Old Party, ont voté pour Donald Trump en 2016. Ils n'étaient pas convaincus par les valeurs morales du candidat Trump, mais l'ambitieuse Hillary Clinton ne leur plaisait pas. Depuis, le comportement outrancier de cet hyper-président, «twitteur» fou, les fait douter sur leur envie de reprendre pour quatre ans de plus du «Make America great again». Ce couple catholique se sent piégé, car il n'est guère plus séduit par Joe Biden, vieux, peu charismatique, capable aussi de coups tordus. «Comme en 2016, si je vote Biden, ce ne sera pas avec enthousiasme, mais pour barrer la route à Trump», le suprémaciste et le climatosceptique, déclare cette maman de trois jeunes adultes. Donald Trump, concède-t-elle, paraît en meilleure forme, même après une infection au coronavirus, il a plus d'énergie, plus de punch. «Tout dépend à quoi penseront les électeurs devant leur bulletin de vote. Si l'avenir de leur job ou de leur argent prime sur le réchauffement climatique et le racisme, je pense qu'ils voteront pour Trump. C'est un homme d'affaires, ils estimeront qu'il est le mieux placé pour relancer l'économie après la crise. C'est à lui aussi que je ferais le plus confiance», ajoute cette indécise.

Pour l'heure, la campagne, très tendue, les pétrifie. Le sujet est devenu tabou. «C'est comme si la tolérance avait disparu. Il n'y a plus de respect pour ceux qui vivent différemment. C'est du jamais vu.»

Le débat s'est polarisé à l'extrême. Ou tu es avec moi, ou tu es contre moi. «Tu n'es pas de mon avis, et bien tu as tort.»

En attendant, entre autres maux, l'Amérique de Trump souffre de violences policières, du trafic d'êtres humains, de la dépendance aux opioïdes. Pire, le groupe néo-fasciste ouvertement pro-Trump, The Proud Boys (Les fiers garçons), se sent pousser des ailes et ne se cache plus pour vociférer. Où va l'Amérique? Pour ce couple, il manque de l'élégance et de l'équilibre à l'un, de la poigne à l'autre. Quoiqu'il advienne, c'est mal barré.

Pour les catholiques pro-life, seul Trump a été clair

Les catholiques dits «pro-life», qui s'opposent catégoriquement à l'avortement, sont confrontés à un cas de conscience aigu. Faut-il voter cette fois ci voter «démocrate», pour sauver la nation du déshonneur, du tweet et du show manipulateur. «Moralement, nous ne pourrions pas voter pour Biden. On lui a donné l'occasion de clarifier sa position sur cette question, et il n'a pas été clair», explique Anne-Cécile Paulis.

Mais autant la réponse de Trump a été claire, autant il est le plus pro-life déclaré que les États-Unis aient jamais eu, autant ses penchants racistes et suprémacistes rebutent les chrétiens attachés à ces autres valeurs que sont la tolérance, la solidarité et le respect des minorités. Un vrai casse-tête politique autour de ce président hyper-clivant. Que feront ces catholiques farouchement anti-avortement et soucieux des autres, des immigrés, des noirs? Le suspense est entier.

La superficie du Missouri est 5 fois et demie plus grande que celle de la Belgique, pour une population de 6 millions d’habitants Le chômage est 7% moins élevé que le taux de chômage national. Les saisons y sont très marquées.

Deux fleuves majestueux traversent ce petit état: le Missouri et le Mississippi. Des inondations dévastatrices ont marqué l'année 1993.

Le Missouri a sa Belgique, un endroit du nom d'une petite ville fondée par des immigrants catholiques flamands, et détruite par les inondations.

Enfant, Walt Disney a habité dans la petite ville de Marceline, dont est inspirée la main street de Disneyland.

Résultats de 201657% pour Trump – 38% pour Clinton