USA 2020, J-34 | Ces cousins-là ne voteront plus pour le «rwè fou»
En 2016, Trump avait séduit pas mal des «cousins» du Wisconsin. Mais aujourd’hui, les temps ont «candji».
Publié le 30-09-2020 à 07h55
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«On a eu le choix entre on rwè fou et one demi-sotte». Voilà comment Myra, vaillante «cousine» du Wisconsin, avait résumé les enjeux de l’élection présidentielle de 2016, au lendemain de la victoire de Trump sur Hillary Clinton. Une version wallonne de «la peste ou le choléra».
Myra parle toujours la langue de ses grands-parents. Elle est une descendante de ces pionniers, ces petits fermiers partis de Grand-Leez, Glimes, Saint-Germain ou Beauvechain dans les années 1870 pour tenter leur chance dans les grandes plaines du Midwest américain.
«Traditionnellement, la région de Green Bay et Sturgeon Bay (là où se concentrent les «Wallons» des States) vote pour les démocrates», rappelle Linda Jadin, la sœur cadette de Myra. «Mais en 2016, beaucoup ont pensé que Trump, avec son image d'habile homme d'affaires, pourrait faire quelque chose de bien avec l'économie de ce pays. Mais malheureusement, nos espoirs se sont rapidement envolés. Il a dit pas mal de bêtises et ça nous met même mal à l'aise de l'avoir comme président.»
Dans la pointe nord du Wisconsin, au bord du lac Michigan, les petits «cinsîs» wallons sont devenus de gros entrepreneurs agricoles. Les granges et étables, couleur sang de bœuf, forment quelques rares points de repères au milieu d’un océan de cultures de céréales.
«Avec son image d’habile homme d’affaires, on pensait qu’il ferait du bien à l’économie.»
On y bosse dur mais c’est aussi une terre de bons vivants, entre l’apéro «vî tchinisse» qui mélange bourbon et… chou de Bruxelles, et les kilomètres de «Belgian Tripe», ces saucisses dont on se refile la recette de père en fils. Et le dimanche, pour beaucoup, c’est le jour de la messe. Souvent suivie par un tournoi de couyon, le jeu de cartes des aïeux du vieux pays.
Bref, voilà un terreau plutôt favorable à un électorat conservateur qui fut donc séduit, il y a quatre ans par le discours de Trump. «Mais cela a bien changé. Je le considère comme un raciste et quelqu'un qui ne respecte pas les femmes», ajoute Linda. «Ici, on prend ces élections très au sérieux et on espère que cela va permettre de mettre en place à la Maison-Blanche quelqu'un dont on pourra vraiment être fier et qui amènera du changement», continue la dynamique sexagénaire.
Sans trop de surprise, Linda et ses proches citent parmi les enjeux du moment la gestion de la crise du coronavirus, les injustices raciales mais aussi le système de sécurité sociale.
«Mais je pointerai encore plus l'organisation de nos soins de santé», ajoute cette habitante de Luxemburg, cette petite bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Namur, Brussels ou Rosière. Le vote de tous ces «cousins» pourrait bien peser lourd.
«S’il gagne, faites de la place, j’arrive»

Financier de haut vol, Brian Rubens a vécu à Tokyo, Londres ou New York mais le quinquagénaire est toujours resté fidèle à son Wisconsin natal. Mais aussi à sa «Belgique ancestrale».
Ses aïeux ont quitté Piétrebais (Brabant wallon) il y a 170 ans pour fonder avec d'autres migrants hesbignons ce village nommé Rosière. «Il y a quelques années, j'ai racheté le dance-hall du patelin. C'est là qu'a eu lieu la première kermesse belge, en 1858. Je voudrais en faire un bistrot où on boirait ma bière. J'ai visité beaucoup de brasseries comme Purnode, Caracole pour apprendre le métier», signale ce fan absolu des Green Bay Packers, club mythique de foot américain fondé il y a un siècle par un autre «cousin» du Wisconsin.
Après quelques échanges, on comprend qu’aujourd’hui, Brian «a mal à son Amérique».
«C'est devenu difficile de parler politique avec des amis qui ont subi un vrai lavage de cerveau durant ces quatre années Trump», regrette-t-il. «Ici, parmi les fermiers, beaucoup vont encore voter républicain. Avec eux, il y a moins de régulations, plus de recettes garanties… Mais si on doit se reprendre Trump pour quatre ans, je dirai simplement à la Belgique: faites-moi de la place, j'arrive. Mais j'attendrai quand même encore un peu. Même si je ne peux les suivre qu'à la télé, alors que je suis abonné, les Packers m'ont l'air particulièrement en forme cette année…»

Situation État du nord des États-Unis, le Wisconsin est riverain des lacs Supérieur et Michigan. Il est entouré du Michigan, de l'Illinois, de l'Iowa. Sa capitale est Madison
Population Le Wisconsin compte 5,68 millions d'habitants. Ils lui rapportent 10 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 238
Politique Le 6 novembre 2018, Tony Evers, le gouverneur démocrate, l'a emporté d'un point face au gouverneur républicain sortant, Scott Walker.
L’État envoie un sénateur républicain et une sénatrice démocrate, et 8 députés (6 républicains et 2 démocrates), à Washington.
Résultat 2016 Donald Trump 48% – Hillary Clinton 47%